La Grand-Mère amoureuse

Auteurs : D'Orneval (Jacques-Philippe)
Fuzelier (Louis)
Parodie de : Atys de Quinault et Lully
Date: 10 février 1726
Représentation : 10 février 1726 Foire Saint-Germain - Marionnettes chez John Riner
Source : Le Sage, D'Orneval, Le Théâtre de la Foire ou l’Opéra-Comique, contenant les meilleures pièces qui ont été représentées aux Foires de Saint-Germain et de Saint-Laurent, t. VIII, Paris, Gandouin, 1731
Louis Fuzelier et Jacques-Philippe d’Orneval

La Grand-Mère amoureuse


Parodie d’Atys
Représentée à la Foire Saint-Germain
1726
Le Théâtre de la Foire de Le Sage et d’Orneval

Acteurs


Atys : Pierrot
Sangaride
Idas
Doris
Cybèle, en vieille : Arlequin
Phrygiens et Phrygiennes
Prêtres de Cybèle
Célénus
Mélisse
Le Fleuve Sangar, en porteur d’eau
Fleuves, Rivières et Ruisseaux, en lavandières et porteurs d’eau
Le Dieu du Sommeil
Morphée
Songes agréables, en porteuses d’argent
Songes funestes, en chaudronniers
Esculape, en robe de médecin
Deux Apothicaires
Coquetiers et Coquetières
La scène est en Phrygie.

La Grand-Mère amoureuse


Acte i

Le théâtre représente une montagne consacrée à Cybèle.

Scène i

atys seul

atys

Air : Allons gai

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Informations sur cet air

Ici l’on doit se rendre,
Amis, rassemblez-vous !
Cybèle va descendre ;
Tôt, tôt, accourez tous !
Allons gai,
D’un air gai ! etc.

Scène ii

atys, idas

ensemble, ensemble
Cybèle va descendre ;
Allons, accourez tous !
Allons gai ! etc.
idas

Air : J’offre ici mon savoir-faire

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Informations sur cet air

Trop souvent Atys réveille
Ses amis avant qu’il soit jour.
N’est-ce point ce fripon d’Amour
Qui lui met la puce à l’oreille ?
N’est-ce point, etc.
atys

Air : Ma pinte et ma mie, ô gué

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Informations sur cet air

Je vois que mon cher Idas
Ne me connaît guère.
Apprends que je n’aime pas
Le tendre mystère.
Je suis fort indifférent ;
Si mon plaisir n’est pas grand,
Ma peine est légère, ô gué !
Ma peine est légère.
idas

Air : Je passe la nuit et le jour

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Tôt ou tard l’amour est vainqueur,
En vain les plus fiers s’en défendent ;
On ne peut refuser son cœur
À de beaux yeux qui le demandent.
atys
Pour moi, je suis fort peu tenté
De leur faire la charité,
Fort peu tenté,
Fort peu tenté,
De leur faire la charité.
idas

Eh, morbleu, ne faites point tant le réservé ! Je sais de vos nouvelles.


Air : À la façon de Barbari

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Informations sur cet air

Un jour, vous vous croyiez seulet
Dans un bois solitaire ;
Vous parliez à votre bonnet
Du grand dieu de Cythère.
atys
Si je parle de Cupidon,
La faridondaine, la faridondon,
C’est pour traiter cet étourdi,
Biribi,
À la façon de Barbari,
Mon ami.
idas

Point de gasconnade, s’il vous plaît. J’entendis vos lamentations et, si vous en doutez, je vais vous les répéter.


Air : Paris est en grand deuil

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Écouter (midi) Voir la partition Informations sur cet air

Je sens mon cœur griller
Et je n’ose en parler
Qu’aux forêts et qu’aux bêtes ;
Amants qui vous plaignez,
Coiffés vous êtes nés,
Oui, nés coiffés vous êtes.
atys

Air : Sans dire mot

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Informations sur cet air

Puisque tu m’as pris sur le fait,
Du moins, cher Idas, sois discret ;
Et garde-moi bien le secret,
Sans dire mot,
Sans sonner mot ;
Car partout d’Atys on dirait :
Ha, qu’il est sot !
Dieux, qu’il est sot !

Scène iii

atys, idas, sangaride, doris

sangaride \emph et doris, ensemble

Air : Vous qui vous moquez par vos ris

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Informations sur cet air

Allons, allons, accourez tous !
Cybèle va descendre.
sangaride
Que dans nos concerts les plus doux
Son nom se fasse entendre.
tous quatre, ensemble
Allons, allons, accourez tous !
Cybèle va descendre.
sangaride

Air : Des fraises

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Informations sur cet air

Des rossignols d’alentour
La musique est nouvelle ;
On dirait, dans ce beau jour,
Qu’ils célèbrent tour à tour
Cybèle, Cybèle, Cybèle.
atys, à Sangaride

Air : Belle brune

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Informations sur cet air

Ma cousine, ma cousine,
Vous ne les entendez pas ;
Moi, j’ai l’oreille plus fine,
Ma cousine, ma cousine.
sangaride

Que disent-ils donc, mon cousin, ces petits oiseaux dont la langue vous est si familière ?


atys

Hé mais, si vous les écoutez bien, dame !


Air : Mirliton

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Informations sur cet air

Un grand roi de bonne mine
Va devenir votre époux ;
Ainsi (je me l’imagine)
Tout parle d’amour pour vous,
Et de rigaudons,
Cotillons,
Ma cousine,
Et de violons,
Dondons.
sangaride

Il est vrai, je triomphe : je vais être une grande dame. C’est l’Amour qui me vaut cela. Pour Atys,


Air : Vraiment, ma commère, voire !

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Informations sur cet air

D’Amour il est ennemi.
atys
Oui-da, ma cousine, oui.
sangaride
Il paraît qu’il en fait gloire.
atys
Vraiment, ma cousine, voire,
Vraiment, ma cousine, oui.
sangaride

Air : Le trot

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Informations sur cet air

Aux plus charmants appas
Peut-on être insensible ?
atys
Je m’en défends, hélas !
Autant qu’il m’est possible.
Cousine, un jour, si j’allais, comme un fou,
Si j’allais comme un fou,
Mettre à mon cœur la bride sur le cou,
Je le connais : il irait le trot,
Le trot, le trot, le trot, le trot, le trot,
L’entrepas, l’amble et même le galop.

Air : Amis, sans regretter Paris

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Informations sur cet air

Mais à quoi nous amusons-nous ?
L’heure peut nous surprendre.
atys \emph et idas s’en allant, ensemble
Allons, allons, accourez tous !
Cybèle va descendre.

Scène iv

sangaride, doris

sangaride

Air : Le beau berger Tircis

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Informations sur cet air

Atys est trop heureux !
doris
Lui portez-vous envie,
Vous qui, dans une heure ou deux,
Serez reine de Phrygie ?
Dites-moi, je vous prie,
Qui peut troubler vos vœux.
sangaride

Air : Ne m’entendez-vous pas

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Atys est trop heureux !
Il est tout neuf encore ;
Son cœur tranquille ignore
Les tourments amoureux ;
Atys est trop heureux !
doris

Parlez plus clairement. Vous ne faites que tourner autour du pot.


sangaride

Air : Aïe, aïe, aïe, Jeannette !

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Informations sur cet air

Je devrais aimer un roi
Qui m’apporte une couronne,
Mais c’est en vain, par ma foi,
Que le devoir me l’ordonne :
Aïe, aïe, aïe !
L’Amour me talonne !
Doris, aïe, aïe, aïe !
doris

Ouais !


Air : Non, rien n’est plus content

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Informations sur cet air

Auriez-vous le cœur pris
Pour ce benêt d’Atys ?
sangaride
Ma chère, je l’adore !
doris
Quoi ? ce pauvre garçon
Qui ne sait pas encore
S’il est chair ou poisson ?
sangaride

Air : J’étais perdue

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Informations sur cet air

Je sais que de toucher son cœur
Il m’est impossible ;
C’est même mon plus grand bonheur
Qu’il soit insensible.
Si mes appas quelque jour
Lui donnent dans la vue,
S’il me vient parler d’amour,
Je suis... je suis perdue !
doris

Oh ! ne craignez rien !


Air : Réveillez-vous, belle endormie

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Informations sur cet air

Atys (vous devez le connaître)
N’est pas homme à vous prévenir...
Mais je le vois encor paraître.
Il ne fait qu’aller et venir.

Scène v

sangaride, doris, atys

atys

Air : Quand le péril est agréable

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Informations sur cet air

On voit dans ces belles campagnes
Tous nos Phrygiens s’avancer.
doris, s’en allant
Je vais prendre soin de presser
Les nymphes, nos compagnes.

Scène vi

sangaride, atys

atys

Air : Talalerire

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Informations sur cet air

Or, nous voici donc tête-à-tête.
Ce jour est un grand jour pour vous.
sangaride
Nous ordonnons tous deux la fête ;
L’honneur est égal entre nous.
atys, se grattant l’oreille
Ce n’est pas ce que je veux dire :
Talaleri, talaleri, talalerire.
sangaride

Eh, que voulez-vous donc dire ?


atys

Air : Quand on a prononcé ce malheureux oui

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Informations sur cet air

Je ne vous vis jamais si contente et si belle ;
Vous brillez en bijoux, en pompons, en dentelle ;
Ce jour même un grand roi doit être votre époux.
sangaride
Atys le mal-ému n’en sera point jaloux.
atys

Air : Je ne suis né ni roi, ni prince

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Informations sur cet air

Faites tous les deux bon ménage.
J’ai pressé votre mariage,
J’ai servi vos amours. Hélas,
Pour moi quel funeste négoce !
Achevez, mais n’espérez pas
Que je sois garçon de la noce.
sangaride

Même air


Quoi ? vous, cousin, qui dès l’enfance
Venez chez nous sans conséquence ;
Le jour qu’on me donne un époux,
Vous nous fuiriez ! Quelles manières !
Je comptais pourtant bien sur vous
Pour me voler mes jarretières.
atys

Il ne s’agit pas de badiner ici. L’affaire est très sérieuse.


Air : Ho, ho ! ha, ha

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Informations sur cet air

Ce beau jour, qui sera
Pour vous le plus charmant,
Ce beau jour me verra
Descendre au monument.
sangaride
Ho, ho ! ha, ha !
Eh ! pourquoi donc ? Comment cela ?
atys

Air : Pierre Bagnolet

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Informations sur cet air

Vous me condamnerez vous-même
Et vous me laisserez crever.
Vous me causez un mal extrême,
Je ne saurais en relever,
En relever,
En relever.
sangaride
Quoi ! vous m’aimez !
atys
Oui, je vous aime
Et vous me laisserez crever.

Air : Voyelles anciennes

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Informations sur cet air

Allons, prononcez mon arrêt ;
Parlez, parlez, sans vous contraindre...
Mais vous pleurez !... Oh, s’il vous plaît,
Dites-moi ce qui vous fait geindre !
sangaride
Si vous saviez tous vos malheurs,
Atys, que vous seriez à plain... dre.
atys
Si je vous perds et si je meurs,
Que diable aurais-je encore à crain... dre ?
sangaride
Dondaine, dondaine Je l’aime, je l’aime
Je vais bien t’étonner, ma foi ; bis
Cousin, voici le pis pour toi :
Je t’aime ! Je t’aime !
atys
Cousine, attrapez-moi
Toujours de même.
sangaride

Oui, voilà de la besogne bien faite.


Air : L’autre nuit j’aperçus en songe

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Informations sur cet air

Eh, quoi donc ? de mon mariage
Tu guettais le malheureux jour
Pour me découvrir ton amour,
Quand tant de fois le cousinage
T’offrait un chemin fort aisé !...
atys, l’interrompant
Tenez, je n’ai jamais osé.
sangaride

Air : Dupont mon ami

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Informations sur cet air

Atys, mon ami,
Qui t’a fait si sage ?...
atys

La faute est faite, n’en parlons plus.


ensemble, ensemble

Air : Monsieur La Palisse est mort

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Informations sur cet air

Faut-il qu’un devoir jaloux
Sépare mon cœur du vôtre !
Comme la graisse et les choux,
Ils étaient faits l’un pour l’autre
Comme la, etc.
sangaride, bas

On vient. Craignez d’être écouté.


atys, bas

Ils seront bien attrapés ! Je vais reprendre mon style ordinaire.


Air : On ne peut, quoi que l’on fasse

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Informations sur cet air

Non, non, rien n’est plus aimable
Que d’être libre nuit et jour ;
Je donne les Iris au diable
Et je me, toure, loure, loure,
Loure, loure, loure, loure,
Et je me moque de l’amour.

Scène vii

atys, sangaride, doris, célénus, idas, Troupe de Phrygiens et de Phrygiennes

L’orchestre joue en ritournelle l’air suivant pour la descente de Cybèle.
atys, les bras et les yeux en l’air

Air : Ramonez ci, ramonez là

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Informations sur cet air

Quittez la cour immortelle,
Venez, Madame Cybèle !
Hâtez-vous, ne tardez pas !
Descendez ci, descendez là,
La la la,
Descendez là du haut en bas.
chœur
Descendez ci, descendez là,
La la la,
Descendez là du haut en bas.
On descend la déesse dans un char comique.

Scène viii

les acteurs \emph de la scène précédente, cybèle en vieille, mélisse

cybèle, d’un ton de vieille

Ho çà, mes enfants ! Il ne faut point tant de beurre pour faire un quarteron ; il n’y a point de plus beau deuil que sur la fosse, et il est inutile de vous envoyer dans mon temple pour vous dire ce que je puis vous dire ici. Voici de quoi il est question.


Air : Ô reguingué, ô lon lan la

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Informations sur cet air

Or écoutez, grands et petits !bis
Par moi soyez bien avertis
Que du jeune et gentil Atys
Je fais aujourd’hui mon grand-prêtre.
Pour tel venez le reconnaître.
chœur, sur le ton du dernier vers
Pour tel allons le reconnaître.
cybèle, regardant Célénus

Air : Ton himeur est, Cathereine

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Informations sur cet air

Célénus me fait paraître
Qu’on a trompé son espoir.
Il aurait voulu peut-être
L’emploi qu’Atys vient d’avoir.
célénus
Non, en vérité, Madame ;
Il lui convient mieux qu’à moi.
Puisque je prends une femme,
Je n’aurai que trop d’emploi.
cybèle

Allons, Messieurs les Phrygiens. Complimentez au plus vite mon grand sacrificateur et décampez tous. J’ai deux mots à dire à ma confidente.


un phrygien, à Atys

Air : Si la jeune Annette

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Informations sur cet air

L’on vous félicite,
Grand-Prêtre, d’avoir
Un fort grand mérite,
Avec un fort grand,
Taleri leri tatou,
Talera lire,
Avec un grand pouvoir.
chœur
Un fort grand mérite,
Avec, etc.
Ils se retirent tous, Atys à leur tête.

Scène ix

cybèle, mélisse

cybèle

Air : Dedans nos bois il y a un ermite

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Informations sur cet air

Tu me parais à bon droit ébaubie,
Et mon choix te surprend.
mélisse
Le jeune Atys, grand-prêtre de Phrygie !
Que son bonheur est grand !
cybèle
Pour lui je fais encor bien davantage :
Je l’aime à la rage, moi,
Je l’aime à la rage.
mélisse

Il n’est pas possible !


cybèle

Cela est comme je te le dis.


Air : Ce fut un dimanche après vêpres

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Informations sur cet air

Ce fut à ma dernière fête
Que mon cœur devint sa conquête.
Je quittai la terre à regret,
Et, et, et, et, et, et, et, et, et.
Ha ! que le ciel me parut laid,
Aid, aid, aid, aid, aid, aid !
mélisse

Et c’est pour le voir tout à votre aise que vous le logez dans votre temple.


cybèle

Tout juste.


mélisse

Air : Comme un coucou que l’amour presse

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Informations sur cet air

Un jour une antique comtesse
S’amouracha d’un vert galant ;
Pour mieux vaquer à sa tendresse
Elle le fit son intendant.
cybèle

Brisons là. Va-t’en me chercher le Sommeil.


mélisse

Qu’en voulez-vous faire ?


cybèle

C’est que je ne me sens pas la force de déclarer ma passion à une jeune barbe comme Atys.


mélisse

Air : Amis, sans regretter Paris

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Informations sur cet air

La pauvre enfant !
cybèle
Mélisse, tien,
C’est que je suis honteuse.
mélisse
Une telle pudeur sied bien
À grand-mère amoureuse.
cybèle

Ho, ho ! Quoique grand-mère de plus de cent dieux, je suis encore de bon usé. Mais revenons à nos moutons. Je veux charger les Songes de ma déclaration.


mélisse

Air : Tu croyais, en aimant Colette

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Informations sur cet air

Pour mettre à fin vos aventures,
Certes, le projet est fort beau :
Faire les Songes vos Mercures !
cybèle
Dame ! le moyen est nouveau.
mélisse

J’aperçois Atys.


cybèle

Allons ensemble ranger mes petites affaires.


Scène x

atys seul, en habit de sacrificateur

atys
Si le Roi me voulait donner J’aime mieux ma mie, ô gué !
Ah, je perds l’unique bien
De ma pauvre vie !
Tout le reste ne m’est rien ;
Fortune ennemie !
Eh, que servent tes faveurs,
Et tes chiennes de grandeurs ?
J’aime mieux ma mie, ô gué,
J’aime mieux ma mie.

Scène xi

atys, idas, doris

idas, étouffé

Ah ! Seigneur Atys, Sangaride...


atys

Hé bien, Sangaride ?


doris

Air : Quand ma mère était jeunette

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Informations sur cet air

Elle va vers la déesse !
Et c’est pour lui dire :
Atys m’aime avec tendresse ;
Pour lui je soupire.
Si l’on n’me donn’ce garçon-là,
On verra tout ce qu’on verra...
atys, l’interrompant

Air : Que Dieu bénisse la besogne

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Informations sur cet air

Quoi ? tout de bon, elle fera
Pour moi cette démarche-là ?
doris
Cette démarche, telle quelle,
Vous convenait mieux qu’à la belle.
atys

Ma foi, puisqu’elle veut bien s’en charger, je la laisserai faire.


Air : Est-ce ainsi qu’on prend les belles ?

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Informations sur cet air

Mais mon cœur, perfide et traître,
Si lâchement trompera
Mon bienfacteur et mon maître !
doris
S’il faut croire l’Opéra,
C’est ainsi qu’on prend les belles,
Lonlanla,
Ô gué lonla !

Air : Je ne suis né ni roi, ni prince

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Informations sur cet air

Oui, l’Opéra, qui si bien pense,
D’être généreux vous dispense.
Ce pédagogue doucereux
Vous dit qu’on peut en conscience,
Quand on veut devenir heureux,
Faire faux bond à l’innocence.
atys

Air : Vous avez raison, La Plante

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Informations sur cet air

Puisque l’Opéra décide
Si justement ce cas-là,
Larira,
Allez dire à Sangaride
Qu’à ses vœux je me rendrai,
Lariré.
Gué, gué, gué,
Larirette !
Gué, gué, gué,
Lariré !
tous trois, ensemble
Gué, gué, gué,
Larirette !
Gué, gué, gué,
Lariré !
Doris et Idas se retirent.

Scène xii

atys seul

atys

Air : Comment faire

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Informations sur cet air

Comptons sur l’espoir le plus doux ;
Cybèle et l’Amour sont pour nous...
Mais le devoir ne peut se taire :
Il gronde l’Amour... Ah ! tout beau !
L’un tire à dia, l’autre à \emph hurhau :
Comment faire ?

Allons faire un petit somme.


Il va se coucher sur un lit de gazon. Aussitôt, l’orchestre joue l’air \emph Do, do, l’enfant dort

pour l’entrée du dieu du sommeil et de sa suite.


Scène xiii

atys dormant, le dieu du Sommeil amené dans un berceau, morphée berçant le dieu, songes agréables représentés par quatre porteuses d’argent, songes funestes représentés par quatre chaudronniers

lesommeil
Il se met à son séant et chante l’air suivant en faisant aller sa tête de çà et de là, comme une personne qui dort.

Air : Do, do, l’enfant dort

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Informations sur cet air

Do, do, dormons tous ;
Ah ! que le repos est doux !
chœur
Do, do, dormons tous ;
Ah ! que le repos est doux !
morphée
Il a mille biens pour nous,
Il nous rafraîchit la poitrine ;
De plus, il flatte nos goûts :
Ne dit-on pas que qui dort dîne ?
Il est favorable aux amants
Quand il assoupit les mamans.
lesommeil
Do, do, dormons tous ;
Ah ! que le repos est doux !
chœur
Do, do, dormons tous :
Ah ! que le repos est doux !
morphée, aux Songes agréables

Allons, Songes agréables, qui vous êtes transformés en porteuses d’argent, faites votre devoir.


Les Songes agréables forment des danses gracieuses.
un songe agréable, à Atys

Air : Boire à son tirelire lire

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Informations sur cet air

Voici tout le quibus
De Cybèle qui t’aime.
Si tu veux ses écus,
Atys, il faut de même
Que nuit et jour
Ton cœur d’amour
Brûle à son tirelire lir,
Brûle à son toureloure lour,
Brûle à son tour.
definitacteur, chœur de songes agréables chœursonges
chœursonges
Brûle à son tirelire lir,
Brûle à son toureloure lour,
Brûle à son tour.
morphée, aux Songes funestes

Vous, Songes funestes, qui, pour vous conformer à la mythologie, avez pris la forme de chaudronniers, exécutez vos ordres.


Les Songes funestes forment des danses burlesques.
un songe funeste, à Atys

Air : Y avance, y avance

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Informations sur cet air

Nous tenons nos couteaux tout prêts
Si pour Cybèle et ses attraits
Tu n’échauffes ton indolence.
Y avance, y avance, y avance !
Ou nous servirons sa vengeance.
definitacteur, chœur de songes funestes chœursongesfunestes
chœursongesfunestes
Y avance, y avance, y avance !
Ou nous servirons sa vengeance.
chœursonges, aux Songes funestes

Air : Turlututu rengaine

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Informations sur cet air

Turlututu, rengaine,
Rengaine, rengaine ;
Turlututu, rengaine,
Rengaine ton couteau.
un songe funeste

Air : Y avance, y avance

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Informations sur cet air

Ah ! garde-toi, petit badin,
De rester en si beau chemin !
Cybèle aime la diligence ;
Y avance, y avance, y avance !
Ou nous servirons sa vengeance !
chœursongesfunestes
Y avance, etc.
chœursonges
Turlututu, etc.
Le Sommeil, Morphée, et les Songes disparaissent. Atys se réveille épouvanté, et se sauve en criant :
atys

Au feu ! Au feu ! Au guet !


finacte

Acte ii

Le théâtre représente les jardins du temple de Cybèle.

Scène i

atys seul

atys

Air : Les Feuillantines

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Informations sur cet air

J’ai fait un songe maudit !
Mon esprit
En est encor interdit.
J’ai rêvé que la déesse
Me prenait \ibis pour l’objet de sa tendresse.

Scène ii

atys, cybèle

cybèle

Air : Petit boudrillon

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Informations sur cet air

Avez-vous la migraine ?
Qui vous rend, mon mignon,
Boudrillon ?
atys
Un songe fait ma peine.
cybèle
Expliquez-le-moi donc,
Boudrillon.
Petit boudrillon,
Boudrillon, dondaine,
Petit boudrillon,
Boudrillon, dondon.
atys

Air : Ne croyez pas que je demeure

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Informations sur cet air

Non, non, ce songe n’est qu’un leurre,
Qu’un fantôme qui me bernait.
cybèle
Du berger il vous sonnait l’heure,
Et par mon ordre il la sonnait.
Du berger, etc.
atys

Diantre !


cybèle

Air : Et zon, zon, zon

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Informations sur cet air

Je vous demande un cœur
Qui dépend de lui-même.
atys
Pour moi c’est trop d’honneur.
cybèle
Peste du Nicodème !
Et zon, zon, zon,
Votre respect extrême,
Et zon, zon, zon,
N’est guère de saison.
atys

Oh ! je sais trop ce que je dois à la vénérable grand-mère des dieux, pour...


Scène iii

cybèle, atys, sangaride

sangaride, se jetant aux pieds de la déesse

Air : Tu croyais en aimant Colette

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Informations sur cet air

Protégez-moi, grande déesse !
Je vous en prie à deux genoux.
L’intérêt d’Atys vous en presse.
Tous deux...
atys, à Sangaride, l’interrompant
Je parlerai pour vous.
sangaride, reprenant son discours

Air : Voulez-vous savoir qui des deux

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Informations sur cet air

Tous deux unis des plus beaux nœuds...
atys, à Cybèle, interrompant encore Sangaride
Oui, nous sommes cousins tous deux.
Sauvez cette pauvre dolente
D’un mariage rigoureux,
Et faites-en votre suivante.
cybèle
Oui-da, mon petit amoureux.
atys

Ah ! Déesse, c’en est trop !


cybèle

Je t’enjôle, va.


Air : Le fameux Diogène

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Informations sur cet air

Je ne prétends point faire
Ici de vain mystère,
Prendre un air précieux ;
Je veux, libre déesse,
Te marquer ma tendresse
À la barbe des dieux. bis
À Sangaride.

Quant à vous, la belle,


Air : Lon lan la deriri

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Informations sur cet air

Vos vœux seront bientôt remplis, bis
Je vais endoctriner Atys,
Lon lan la derirette ;
Il finira votre souci,
Lon lan la deriri.
Elle emmène Atys.

Scène iv

sangaride, idas, doris

sangaride, pleurant

Ah ! ah ! ah !


doris

Air : Dupont, mon ami

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Informations sur cet air

D’où naissent vos cris,
Belle Sangaride ?
sangaride
Hélas ! dans Atys
J’adore un perfide !
doris \emph et idas, ensemble
Ah ! gardez-vous, gardez-vous
De croire un transport jaloux !
sangaride

Air : Ma mère, mariez-moi

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Informations sur cet air

La déesse, sans façon,
Le déclare son mignon.
Il en paraît fort content.
Faut-il l’aimer tant ! Faut-il l’aimer tant !
Ah ! puisqu’il est inconstant,
J’en saurai bien faire autant.
doris \emph et idas sur le ton des deux derniers vers, ensemble
Ah ! gardez-vous, gardez-vous
De croire un transport jaloux !
sangaride

Le traître m’interrompait toutes les fois que je voulais parler.


Air : Perrette, venez tôt

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Informations sur cet air

Revenez, Raison ! Étouffez de mon âme
La flamme,
La flamme.
Raison, revenez tôt
Me procurer la paix qu’il me faut !
doris \emph et idas, ensemble

Air : Que Dieu bénisse la besogne

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Informations sur cet air

Quand, pour punir la trahison,
Vous appelez votre Raison ;
C’est le chien de Jean de Nivelle
Qui fuit toujours quand on l’appelle.
Doris et Idas se retirent.

Scène v

sangaride, célénus

célénus

Air : Ma raison s’en va bon train

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Informations sur cet air

Je vais être votre époux :
Mais aussi m’aimerez-vous ?
sangaride
On vous flattera
Et caressera
Pour contenter mon père.
célénus
Sans l’ordre de votre papa,
N’oseriez-vous le faire, lon la ?
N’oseriez-vous le faire ?
sangaride, apercevant Atys

Hélas !


célénus

Air : Je ferai mon devoir

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Informations sur cet air

Ah, vous condamnez mes désirs !
Et j’en crois vos soupirs. bis
sangaride
Expliquez en votre faveur
Le trouble de mon cœur. bis

Scène vi

sangaride, célénus, atys

célénus, à Atys

Air : Robin turelure lure

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Ami, que je suis heureux !
L’objet qui m’a fait blessure
Enfin répond à mes vœux.
atys, à part
Turelure !
célénus
Dépêchons-nous de conclure.
atys, à part
Robin turelure lure !
célénus

Mais, charmante Sangaride, vos parents ne viennent pas. Je vais un peu les hâter d’aller.


Il s’en va.
atys, chante

Air : Va-t’en voir

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Va-t’en voir s’ils viennent, Jean,
Va-t’en voir s’ils viennent.

Scène vii

sangaride, atys

atys

Air : Quand le péril est agréable

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Ah, que je plains le pauvre diable !
Et que de son compte il est loin !
sangaride
Monsieur, épargnez-vous le soin
D’être si pitoyable.
atys

Ho, ho ! quelle mouche vous pique ?


sangaride
À Paris, ces filles Non, non, je n’aimerai plus
Prends-tu Sangaride
Pour une stupide ?
En vain tu prétends
M’abuser plus longtemps
Par tes feux inconstants ;
Non, je n’aimerai plus
Un cœur volage et perfide ;
Non, non, je n’aimerai plus
Que le grand roi Célénus.
atys

Air : Quand la Mer Rouge apparut

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Informations sur cet air

D’où vient ce transport jaloux ?
sangaride
Tu trahis qui t’aime.
atys
Non, ce n’est pas moi.
sangaride
C’est vous.
atys
Pardi ! c’est vous-même.
sangaride
Oh, c’est vous, c’est vous, c’est vous,
Qui rompez des nœuds si doux !
Petit in, tin, tin,
Petit fi, fi, fi,
Petit in, petit fi,
Petit infidèle ;
Vous aimez Cybèle.
ensemble, ensemble
Oh, c’est vous, c’est vous, c’est vous,
Qui rompez des nœuds si doux !
deuxcol, \sangaride
Petit in, tin, tin,
Petit fi, fi, fi,
Petit in, petit fi,
Petit infidèle ;
Vous aimez Cybèle !

atys


Petite in, tin, tin,
Petite in, tin, tin,
Petite in, petite in,
Petite infidèle ;
Vous trichez, la belle !
atys

Voilà bien du carillon pour rien !


sangaride

Pour rien !


atys

Oui, pour rien. C’est Cybèle qui m’aime ; pour moi, je ne l’aime point.


sangaride

Vous m’en donnez à garder.


atys

Air : Tique, tique, taque et lon lan la

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Informations sur cet air

Vous ne me croyez donc pas ? bis
Hé bien, je vais de ce pas
Tout conter à la Déesse ;
Tique, tique, taque et lon lan la,
Dieu sait comme la diablesse
Tous deux nous régalera !
sangaride

Venez çà, venez çà. Raccommodons-nous.


Air : Carillon de Maître Gervais


Or, finissons ce carillon.
De toi je n’ai plus de soupçon,
Frappe dans ma main sans façon !
atys
Bon, bon, bon, bon, bon, bon, bon, bon !
sangaride
Petit benêt,
Petit benêt,
Faisons la paix.
Ensemble, ensemble
Faisons la paix.
deuxcol, \sangaride
Je te promets
De ne carillonner jamais,

atys


Je vous promets
De ne changer jamais, jamais,
Jamais, jamais, jamais, jamais,
Jamais, jamais, jamais, jamais, jamais, jamais.
atys

Mais voici le fleuve Sangar, votre père, avec toute votre parenté aquatique.


Scène viii

sangaride, atys, célénus, le fleuve sangar en porteur d’eau, troupe de fleuves et de ruisseaux aussi en porteurs d’eau, troupe de rivières et de fontaines en lavandières

le fleuve sangar

Air : Tout le long de la rivière

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Informations sur cet air

Dieux de ma famille,
Fleuves, mes parents,
Je donne à ma fille
Mari des plus grands.
Tout le long de ma rivière,
Laire,
Lon lan la,
Tout le long de ma rivière,
Que l’on dansera !
chœur
Tout le long de sa rivière,
Laire,
Lon lan la,
Tout le long de sa rivière,
Que l’on dansera !
On danse.
un ruisseau

Air : Joconde retourné

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Informations sur cet air

Chers amis, les petits ruisseaux
Font les grandes rivières,
On sait cela dans les bureaux
Et chez tous les notaires :
Les procureurs et les bedeaux,
Tailleurs et couturières,
Chantent que les petits ruisseaux
Font les grandes rivières.
On reprend la danse, après quoi on chante le vaudeville suivant.
vaudeville

Air : Qu’il passera d’eau sous les ponts !

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Informations sur cet air

1
Jadis, à la cour de Cythère,
On trouvait plus d’un cœur sincère ;
Il y pleuvait des Céladons.
Avant que la mode en revienne,
Diguedin, diguedin, diguedindaine,
Qu’il passera d’eau sous les ponts !
2
Jadis, à vingt ans, une fille
Croyait Boulogne et la Courtille
Plus loin que les treize Cantons :
Avant que telle Agnès revienne,
Diguedin, diguedin, diguedindaine,
Qu’il passera d’eau sous les ponts !
3
Jadis, l’époux, dans son ménage,
Après le jour du mariage,
En comptait dix mille aussi bons :
Avant que ce temps-là revienne,
Diguedin, diguedin, diguedindaine,
Qu’il passera d’eau sous les ponts !
4
Jadis, l’amour touchait les belles ;
Un traitant trouvait des cruelles
Même en semant ses patagons ;
Avant que ce temps-là revienne,
Diguedin, diguedin, diguedindaine,
Qu’il passera d’eau sous les ponts !
5
Au mérite on rendait justice
Et jusques dans une coulisse
Il intéressait les tendrons ;
Avant que ce temps-là revienne,
Diguedin, diguedin, diguedindaine,
Qu’il passera d’eau sous les ponts !
6
Au public.
Vous demandez, dans une pièce,
Que le brillant et la justesse
Y donnent toutes les façons ;
Messieurs, avant qu’il vous en vienne,
Diguedin, diguedin, diguedindaine,
Qu’il passera d’eau sous les ponts !


sangar, à Atys

Air : Pour faire honneur à la noce

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Informations sur cet air

Grand-Prêtre de la déesse,
Venez former des nœuds charmants ;
Venez unir ces deux amants ;
Par ma voix chacun vous en presse.
Le Fleuve Sangar \emph et Célénus, ensemble
Grand-Prêtre de la déesse,
Venez former des nœuds charmants.
atys, à Célénus

Air : C’n’est pas pour vous

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Informations sur cet air

C’n’est pas pour vous
Que le four chauffe,
C’n’est pas pour vous
Qu’on cuit chez nous.
célénus

Que voulez-vous dire, Atys ?


atys

Air : Pour passer doucement la vie

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Informations sur cet air

Cet hymen déplaît à Cybèle,
Elle défend de l’achever :
Sangaride est un bien pour elle,
Et je dois le lui réserver.
célénus, aux Fleuves

Air : Le seigneur turc a raison

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Informations sur cet air

Mes enfants, opposons-nous
À cette injustice.
atys, à Célénus
Mon cher ami, filez doux,
Et respectez le caprice
De la grand-maman des dieux.
À la cantonade.
Enlevez-nous de ces lieux,
Zéphyrs ! Qu’on m’obéisse !
Des Zéphyrs comiquement habillés enlèvent Atys et Sangaride.
atys, pendant qu’on l’enlève, chante
Hanneton, vole, vole, vole...
finacte

Acte iii

Le théâtre représente les dehors du temple de Cybèle.

Scène i

cybèle, célénus

célénus

Barbare déesse !


Air : Morguienne de vous

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Informations sur cet air

Que vous ai-je fait
Pour navrer mon âme
En m’ôtant l’objet
De ma tendre flamme ?
Morguienne de vous !
Quell’ femme, quell’ femme !
Morguienne de vous !
Quell’ femme êtes-vous !
cybèle

Ne me querellez point, Célénus. Si je vous ai causé du chagrin, j’en ai aussi ma bonne part.


Air : La vie est ennuyeuse

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Informations sur cet air

Atys est un perfide.
J’adorais le vaurien,
Le chien,
Atys est un perfide.
J’adorais le vaurien.
Il aime Sangaride :
Hélas ! je le sais bien,
Très bien !
Il aime Sangaride
Et pour moi ne sent rien.
célénus

Le scélérat !... Et serait-il aimé ?


cybèle

La belle demande ! Je viens d’être témoin de leurs tendres amours dans un coin de mon jardin où ils s’étaient cachés.


célénus

Contez-moi cela, je vous en prie.


cybèle

Air : Je ne suis né ni roi, ni prince

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Informations sur cet air

Après mille et mille tendresses,
Après nous avoir fait largesses
De noms que vous devinez bien,
Tous deux... (je frémis quand j’y pense...)
célénus
Que disaient-ils donc de plus ?
cybèle
Rien,
Les traîtres gardaient le silence.

Ho, ho ! je n’ai pas gardé le mien longtemps. J’ai éclaté et les ai rendus fort étonnés.


célénus

Les canailles ! Ne laissons pas cela impuni !


cybèle

Laissez-moi faire. Les voici qui viennent. Je vais les traiter en enfants de bonne maison.


Scène ii

cybèle, célénus, sangaride, atys

Cybèle \emph et Célénus, ensemble

Air : Les trembleurs

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Informations sur cet air

Venez chercher le supplice.
Atys \emph et Sangaride, ensemble
Ciel ! faut-il qu’on nous punisse !
Cybèle \emph et Célénus, ensemble
Songez à votre injustice.
Atys \emph et Sangaride, ensemble
Déesse, pardonnez-nous !
Cybèle \emph et Célénus, ensemble
Traîtres ! Perdez l’espérance !
Atys \emph et Sangaride, ensemble
L’amour seul a fait l’offense.
Cybèle \emph et Célénus, ensemble
Mon cœur demande vengeance.
Atys \emph et Sangaride, ensemble
Ah ! sauvez-la de vos coups !
Ah ! sauvez-le de vos coups !
cybèle

Point de miséricorde !


célénus

Il faut vous apprendre à vivre !


cybèle, faisant des gestes de cabaliste avec sa canne

Air : Aux armes, camarades

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Informations sur cet air

Sors des royaumes sombres,
Viens saisir ce fripon,
Cruelle Alecton !...

Mais non. La Furie pourrait manquer son coup.


Air : Qui veut se mettre en ménage

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Informations sur cet air

Viens plutôt, cher Esculape,
Dieu fatal des médecins !
Un cerveau que ta main frappe
Reçoit des coups plus certains.
Atys par trop baguenaude,
Son rôle agit froidement ;
Donne-lui la fièvre chaude
Pour le finir chaudement.

Scène iii

les acteurs \emph de la scène précédente, esculape en robe de médecin, arrivant dans une chaise roulante

esculape, à la cantonade

D’où vient que ma garde ne me suit pas ? Je ne devrais jamais marcher sans un détachement d’apothicaires.


Air : Bouchez, Naïades, vos fontaines

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Informations sur cet air

Comment, il ne paraît personne !
Lorsque la médecine ordonne,
La seringue devrait voler.
Quoi donc, l’apothicairerie
Veut-elle aussi se rebeller
À l’instar de la chirurgie ?
cybèle

Quoi ? vous n’amenez pas des chirurgiens ! Cependant, pour expédier la raison d’Atys et lui allumer davantage le sang, il faudrait le saigner jusqu’au tarissement des veines et des artères.


esculape

Le faire saigner ! Oh, la médecine est trop mécontente de la chirurgie !


Air : Réveillez-vous, belle endormie

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Informations sur cet air

Une vengeance raffinée
Change le tic des Galiens :
Nous n’ordonnons plus la saignée
Pour punir les chirurgiens.
cybèle

Qu’ont donc fait les chirurgiens pour s’attirer la colère des médecins ?


esculape

Air : Le gourdin

Voir la partition
Informations sur cet air

Comment ! ces messieurs les fraters
Veulent se donner des airs,
Et lorsqu’il s’agit d’une cure
Les faquins nous font l’injure
De guérir fièvre et blessure
Et maux de toute nature,
Lure, lure, lure, lure, lure,
Sans savoir ni grec, ni latin !
Gueredin, din,
Gueredin, din, din,
Gueredin, din, din, din, din !

Mais j’aperçois deux de mes fidèles carabiniers. Ils me suffiront pour l’expédition que vous souhaitez.


Scène iv

les acteurs \emph de la scène précédente, deux apothicaires la seringue à la main

esculape, aux apothicaires

Allons, marchez à moi ! Braquez vos canons ! Leur montrant Atys. Voilà le malade qu’il faut attaquer.


Air : Flon, flon

Voir la partition
Informations sur cet air

Amis apothicaires,
Arrosez-lui le corps
De ces eaux salutaires
Qui donnent des transports.
Hé, flon, flon,
Larira dondaine,
Flon, flon,
Larira dondon.
Les apothicaires poursuivent Atys, et l’arrosent avec leurs seringues d’une liqueur qui lui donne la frénésie. Ils se retirent aussitôt avec Esculape. Il arrive en même temps une troupe de Phrygiens et de prêtresses de Cybèle.

Scène v

cybèle, atys, sangaride, troupe de phrygiens, et de prêtresses de cybèle

cybèle

Que viennent faire ici mes prêtresses et les Phrygiens sans que je les y appelle ?


un phrygien

Nous venons chanter les chœurs.


atys, troublé

Air : Les trembleurs

Voir la partition
Informations sur cet air

Quelle vapeur m’environne !
Il change d’air.
On dit que vos parents Tarare ponpon
Tous mes sens sont troublés, je frémis, je frissonne...
Il change encore d’air et après s’être tâté le pouls, il dit :

Air : Je ferai mon devoir

Voir la partition
Informations sur cet air

Oui, sûrement, j’ai le frisson.
À moi, Monsieur Purgon ! bis
Il quitte encore cet air, pour prendre le suivant.

Air : Carillon

Voir la partition
Écouter (midi) Voir la partition Informations sur cet air

Ah ! que de fantômes divers
Sortent tout à coup des enfers !
Le ciel vient attaquer la terre !
Quel bruit ! Quel éclat de tonnerre !
Pon, pon, pon, pon, pon, pon, pon !
Ô l’effroyable carillon !
Il prend Cybèle pour Sangaride et la caresse.

Air : Lurelu, larela, lirette


Ma charmante brunette,
Sangaride, où vas-tu,
Lurelu ?
Cybèle nous maltraite ;
Fuis cette guenon-là,
Larela,
Lurelu, larela, lirette !
cybèle, riant
Oh ! quel drôle voilà !
sangaride, tirant Atys par la manche

Atys ! reconnaissez Sangaride !


atys, repoussant Sangaride qu’il prend pour un monstre

Air : Vaudeville

Voir la partition
Informations sur cet air

Quel monstre en veut à Sangaride ?
Qu’il est vilain ! Qu’il est félon !
Tontaine, tonton, ton, ton, ton, ton, ton, ton.
Il tire son couteau.
Je vais de mon bras intrépide
Percer le flanc de ce dragon,
Ton, ton, ton, ton, ton, ton, ton, ton, ton, ton, ton, ton, ton
Tontaine, tonton, ton, ton, ton.
Il poursuit Sangaride comme une bête furieuse. Elle fuit devant lui.
célénus, s’efforçant d’arrêter Atys

Air : Place au Régiment de la Calotte

Voir la partition
Informations sur cet air

Arrête, arrête, malheureux !
sangaride

Atys ! Mon cher Atys !


atys
Ô ciel ! quels hurlements affreux !
célénus
Fuyez ! Sauvez-vous de sa rage !
atys
Amour, seconde mon courage !
Il poursuit Sangaride jusques dans la coulisse, où il la frappe du couteau qu’il tient.
sangaride

Je meurs !


Célénus court au secours de Sangaride.

Scène vi

cybèle, atys, phrygiens et prêtresses

atys, revenant et achevant l’air commencé
Le monstre est sur terre gisant.
À Cybèle, qu’il prend toujours pour Sangaride.
Vous me revoyez triomphant.
Qu’on m’accole la botte !
Et plan, plan, plan !
Place au Régiment
De la Calotte !
Il essuie son couteau.
chœur

Air : Pèlerins de Saint-Jacques

Voir la partition
Informations sur cet air

Atys tout seul, Atys lui-même
Vient, dans ce lieu,
De faire périr ce qu’il aime ;
Hélas ! mon Dieu !
atys

Air : Allons gai

Voir la partition
Informations sur cet air

L’affaire est achevée
Avec bien de l’honneur ;
Sangaride est sauvée,
Et c’est par ma valeur.
Allons gai !
D’un air gai ! [etc.]
cybèle, à part

Mettons le comble à ma vengeance, rendons-lui le peu de raison qu’il avait.


Elle le frappe légèrement de sa canne.
atys
Il revient comme d’un profond sommeil et après avoir cherché des yeux Sangaride, il dit à Cybèle :

Air : Ah, mon beau laboureur

Voir la partition
Informations sur cet air

Ah ! n’avez-vous pas vu bis
Sangaride, ma mie,
Ô lire, ô lire !
Sangaride, ma mie,
Ô lire, ô la !
cybèle, la lui montrant morte dans la coulisse

Tu peux la voir. Tiens, regarde !


atys

Ah ! la voilà morte ! Qui est le pendard qui a fait ce coup-là ?


cybèle

Toi.


atys

Vous en avez menti.


cybèle, montrant les Phrygiens et les prêtresses

Voilà des témoins que je n’avais pas mandés ici. Écoute-les.


chœur

Air : Pèlerins de Saint-Jacques

Voir la partition
Informations sur cet air

Atys tout seul, Atys lui-même
Vient, dans ce lieu,
De faire périr ce qu’il aime ;
Hélas ! mon Dieu !
atys, regardant ses manches

Je crois qu’ils disent vrai.


Air : Adieu paniers, vendanges sont faites

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Informations sur cet air

Je vois du sang à mes manchettes.
Hé, quoi donc ? Atys est bourreau !
J’ai percé cet objet si beau !
Adieu paniers, vendanges sont faites.
À Cybèle. Ah ! maudite sempiternelle ! Vieille sorcière ! C’est toi qui m’as jeté un sort !... Mais que fais-je ?... Non, vous ne m’avez pas rendu la raison. Je m’amuse à vous chanter pouilles quand je devrais vous prier de redonner le jour à Sangaride. Vous le pouvez, vous êtes déesse.
Il se jette à ses genoux.

Air : Ah, maman, je meurs d’envie

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Informations sur cet air

Ah, maman, je meurs d’envie
De revoir l’objet de mes feux
Encore un mois ou deux !
Rendez-lui donc la vie !
cybèle, à part
Feignons de répondre à ses vœux.
Elle va frapper de sa canne le corps de Sangaride et la change en une poule qu’on voit sortir de la coulisse. Elle revient et dit à Atys en achevant l’air commencé :
Ton affaire est faite :
Revois ta poulette,
Puisque tu le veux.
atys

Mais je ne vois qu’une poule !


cybèle

C’est Sangaride elle-même, que j’ai métamorphosée en poule de Caux.


Et vous, Seigneur Atys, je vais vous changer...


atys, l’interrompant

En arbre, n’est-ce pas ?


cybèle

Non, ce n’est pas là mon compte.


atys

Eh ! faites mieux, ma mignonne ! Métamorphosez-moi en coq : cela viendra comme de cire.


cybèle

Air : De mon pot, je vous en réponds

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Informations sur cet air

Moi, vous transformer en coq !
Vous gagneriez au troc.
Je sais mieux choisir votre peine :
Vous irez habiter le Maine
En chapon,
Je vous en répond ;
Mais pour en coq, non, non !
chœur
En chapon,
Je vous en répond ;
Mais pour en coq, non, non !
Elle touche Atys de sa canne dans le moment qu’il s’enfuit vers la coulisse ; et il en sort un gros chapon qui, allant pour caresser sa poule, en est battu et poursuivi, ce qui fait pousser de grands éclats de rire à la maligne Cybèle.
cybèle

Ha, ha, ha, ha, ha !


On entend des sonnettes de coquetiers.

Mais j’entends des coquetiers.


Scène vii

cybèle, troupe de coquetiers et de coquetières à cheval

cybèle

Tenez, mes amis, voilà de la volaille dont je vous fais présent. Portez-moi ces deux animaux-là à la vallée.


un coquetier

Grand merci ! Allons, camarades, divertissons-nous. Qui chapon mange, chapon lui vient.


Ils se mettent à danser avec leurs chevaux d’osier et chantent après le vaudeville suivant.
vaudeville

Air : Coquerico

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Informations sur cet air

7
Lorsqu’une jeune poulette
Sort de l’œuf et voit le jour,
Tout aussitôt la follette
Vole au poulailler d’amour.
En ouvrant le bec, turlurette,
Elle sait chanter : Cocodette !
Un petit cochet en écho
Bientôt répond : Coquerico !
8
Lorsqu’un fin Gascon se coule
Dans un riche poulailler,
Il vous sait plumer la poule,
Et sans la faire crier.
Près d’un coffre-fort, turlurette,
Entend-il chanter : Cocodette ?
Notre Cadédis en écho
Répond d’abord : Coquerico.
9
La volaille est une emplette
Où le plus fin est tondu ;
On croit prendre une poulette
Qui n’a pas encor pondu ;
On la prend souvent, turlurette,
À son troisième œuf, Cocodette,
Lorsqu’elle a, dans plus d’un duo,
Accompagné Coquerico.
10
Près d’une jeune poulette
C’est en vain qu’un coq barbon
Va débiter la fleurette ;
Il ne prend pas bien le ton.
Ce n’est pas pour lui, turlurette,
Que l’on veut chanter : Cocodette.
Le vieux paillier, dans un duo,
Dirait trop bas : Coquerico !
11
Il est de fines poulettes
Qui devant bien des témoins
Chantent comme des fauvettes
Trois fois la semaine au moins.
Dans ce poulailler, turlurette,
On entend souvent : Cocodette !
Mais ce n’est pas pour un zéro
Qu’on répond à Coquerico.
12
Aux spectateurs.
Messieurs, si de nos poulettes
Vous êtes un peu contents,
Ne les laissez pas seulettes ;
Elles aiment les chalands.
Revenez souvent, turlurette ;
Que nous chanterons : Cocodette !
Si le public daigne en écho
Dire après nous : Coquerico !
Fin

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