Amadis le cadet

Authors: Fuzelier (Louis)
Parody of: Amadis de Grèce de La Motte et Destouches
Date: 1724 march 1st
Performance: 1724 march 1st Comédie-Italienne - Hôtel de Bourgogne
Source: Les Parodies du Nouveau Théâtre-Italien, t. II, Paris, Briasson, 1731
Fuzelier

Amadis le cadet


Parodie d’Amadis de Grèce
Représentée pour la première fois par les Comédiens Italiens ordinaires du Roi
24 mars 1724
Les Parodies du nouveau Théâtre-Italien, Briasson, 1738, t. II, p. 279–327

Acteurs


Amadis, d’abord en redingote, guêtres et chapeau de toile cirée, ensuite en chevalier errant : Arlequin
Le Prince de Thrace, d’abord en chemise, culotte et bonnet de nuit, et ensuite en chevalier errant : Trivelin
Niquette, en princesse
Mélisse, magicienne
Zirphée
Un géant, procureur
Un huissier
Garçons et filles du lendemain de Noces
Un vielleux, avec sa vielle
Premier garçon du lendemain
Un chevalier enchanté
Princes et princesses enchantés de différentes nations

Amadis le cadet


Scène i

Amadis le Cadet en guêtres et en redingote, le Prince de Thrace en culotte et chemise et bonnet de nuit

amadis

Air : Dupont mon ami

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Prince mon ami,
Le Prince bâille.
Qui régnez en Thrace,
Votre air endormi,
N’est pas fort en place ;
C’est trop ici s’arrêter
Allons-nous en sans compter.
Le Prince

Eh, qui diable, seigneur Amadis, vous met la puce à l’oreille dès une heure après minuit, et vous amène à tâtons dans ce jardin ? Y venez-vous chercher une fluxion de poitrine ?


amadis, riant

Non, parbleu.


Le Prince

Vous sortez furtivement d’un château où l’on vous traite à bouche que veux-tu sans vous demander un sou, comme un garçon sortirait d’une auberge après trois mois de crédit.


amadis

Oh mon ami, c’est que j’ai hâte, j’ai hâte ! Mon grand ami, j’ai grand hâte !


Le Prince

Aussi m’a-t’on fort pressé quand on m’a appelé de votre part. J’ai laissé mon justaucorps pour les gages dans la chambre d’une soubrette de Mélisse, avec qui je faisais la belle conversation ; à peine ai-je eu le temps de prendre ma culotte.


amadis

Allons, mon ami, décampons.


Le Prince

Où diable aller ? La nuit est si sombre que je ne vous aperçois pas vous-même.


amadis

Allons...


Le Prince

Oui, allons nous casser le nez contre quelque marronnier d’Inde... Songez qu’il n’est pas trop galant de quitter Mélisse sans du moins payer votre gîte d’un tendre compliment.


amadis

Je ne parle pas de l’amour de Mélisse... Hélas ! Quand j’ai passé par son maudit château, j’allais...


Le Prince

Eh bien oui ! Vous alliez tenter l’aventure de la gloire de Niquette, et peut-être vous rôtir à son perron enflammé. Mélisse vous a retenu dans un riche appartement où l’on vous a prodigué les chapons, Amadis fait le lazzi de se pâmer. les perdrix, les ortolans, les coqs d’Inde, et le fromage de Milan...


amadis

Tais-toi donc, mon ami ! Tu me fais avaler un doux poison ; vite à l’Orvietan, guérissons-nous en regardant le portrait de ma Niquette footnote, Dans l’opéra, Amadis montre le portrait de Niquette au Prince de Thrace pendant une nuit très obscure.


Le Prince

Ce n’est pas là tirer de sa poche le portrait de sa maîtresse à propos de rien.


amadis

Tiens, vois.


Air : Quand le péril est agréable

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Niquette n’a pas le teint jaune :
C’est un tendron frais et poli !
Connais-tu rien de plus joli ?
Le Prince, à part
Je sais ce qu’en vaut l’aune...
amadis

Air : Robin turelure

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Considère bien l’objet
De la peine que j’endure.
Le Prince
Eh ! Comment voir ce portrait,
Turelure,
Pendant cette nuit obscure ?
Robin turelure lure.
amadis

Il a ma foi raison, il me manque une lanterne. Mais partons, j’ai hâte...


Le Prince

Oh çà ! Puisque vous voulez absolument partir, je vais faire mon paquet ; au moins je ne vous quitte pas sans vous rendre raison de mon départOh çà ! Puisque vous voulez absolument partir, je vais faire mon paquet ; au moins je ne vous quitte pas sans vous rendre raison de mon départ\footnote Dans l’opéra, le Prince de Thrace s’en va à propos de rien.. \did Bas. Allons avertir l’amoureuse Mélisse de la banqueroute d’Amadis. Allons avertir l’amoureuse Mélisse de la banqueroute d’Amadis.


Scène ii

Amadis seul

amadis

Air : Dormez Roulette

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Soit noire comme un four,
Ô nuit, sois-moi propice...
Garde-toi bien, Amour,
De réveiller Mélisse...
Dormez Roulette,
Et prenez votre repos
Demain à la réveillette,
Vous aurez le cœur gros.
La nuit se dissipe, une clarté magique éclaire les jardins, et une troupe rustique envoyée par Mélisse vient s’opposer au départ d’Amadis.

Air : Je ne suis né ni roi, ni prince

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Quel spectacle ! Qui vous appelle ?
D’où vient qu’une clarté nouvelle
Éclate ici de toutes parts ?
Quel jour à la nuit fait la nique ?
Ce sont, je crois, les Savoyards,
Avec la lanterne magique...

Scène iii

Amadis, les garçons et les filles du lendemain de noces

Premier Garçon

Des Savoyards ! Pour qui nous prenez-vous là ? Apprenez que nous commençons la cérémonie d’un lendemain de noces, et que nous allons porter le brouet à la mariée.


amadis, à part

Le brouet ! j’y voudrais bien tâter...


Premier Garçon

Vous pouvez voir notre divertissement si vous n’avez rien qui vous presse, nous vous régalerons de la bonne vielle du pays


amadis

Tope.


À part.

Air : Sois complaisant, affable et débonnaire

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Je suis pressé d’aller voir ma Niquette,
J’ai pour cela délogé sans trompette,
Mais
Que je trouve une musette,
Je ne partirai jamais.

Scène iv

Amadis, Mélisse

Mélisse, [ arrive en déshabillé et dit aux acteurs du divertissement qui se disposent à chanter :

Retirez-vous vous autres, vous chanterez et vous danserez quand cela sera plus de saison.


Ils se retirent. À Amadis.

Je t’avais envoyé ces violons et ces vielles pour t’amuser pendant que je me coifferais, mais j’ai réfléchi que tu ne pourrais n’être pas assez enfantJe t’avais envoyé ces violons et ces vielles pour t’amuser pendant que je me coifferais, mais j’ai réfléchi que tu ne pourrais n’être pas assez enfant\footnote Amadis, dans l’opéra, après avoir témoigné un grand empressement pour sortir du Château de Mélisse, s’amuse à voir danser sans y être contraint par le pouvoir magique. pour baguenauder avec des paysans, lorsque tu t’échappes la nuit de chez moi, et je viens te chercher sans mon panier et mes pompons. pour baguenauder avec des paysans, lorsque tu t’échappes la nuit de chez moi, et je viens te chercher sans mon panier et mes pompons.


amadis, à part

C’est ma faute si j’essuie ses reproches, il ne tenait qu’à moi de m’en aller, et cela aurait épargné bien de l’ennui au public...


Mélisse

Air : Vraiment, ma commère, oui

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Ingrat ! tu pars donc ainsi ?
amadis
Vraiment, ma commère, oui.
Mais c’est pour suivre la gloire...
Mélisse, ironiquement
Vraiment, mon compère, voire,
Vraiment, mon compère, oui.
amadis

En bonne vérité, si la gloire ne me tiraillait pas,


Même air


Je m’hébergerais ici.
Mélisse
Vraiment, mon compère, oui.
Je sais ce que j’en dois croire,
Vraiment, mon compère, voire,
Vraiment, mon compère, oui.

Morbleu, je ne suis que trop instruite où le bât te blesse.


Air : Quand on a prononcé ce malheureux oui

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L’image de Niquette a porté dans ton âme
Le malheureux brasier d’une amoureuse flamme :
Son nom même, son nom, vient d’émouvoir ton cœur,
Et tu chantes tout bas en raillant mon ardeur :

Fin de l’air : Il n’est point de si joli nom

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Non, non, il n’est point de si joli nom
Que celui de ma Niquette !
Non, non, il n’est point de si joli nom !
amadis
Ma foi vous avez raison.

Air : Mon père je viens devant vous

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Pourquoi voulez-vous m’engager
Quand je suis sous les lois d’une autre ?
Un cœur capable de changer
Ne serait pas digne du vôtre.
Vous contenteriez-vous vraiment
D’avoir les restes d’un amant ?
Mélisse

Air : Je n’saurais

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En vain ma sorcellerie
Rassemblait ici les jeux,
Pour toi dans ma compagnie
Tout y devenait affreux.
amadis
Je n’saurais
Rester avec vous, ma mie,
J’en mourrais.
Mélisse

Air : Je reviendrai demain au soir

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Je ne te retiens plus, cours donc
Chercher ton Alisonbis
Mais, sur la route en vérité,
Tu seras bien frotté.bis
amadis

Oh ! je suis fait à la fatigue.


Mélisse

Air : Tarare pompon

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Va braver les périls que le sort te prépare.
Cours, vole à ta princesse, ou plutôt au bâton...
Tu peux partir, barbare !
Quoi ! Sans émotion
Tu me quittes ?...
amadis, héroïquement
Tarare
Pompon.
Mélisse

Même air


Suis donc, cruel, suis une gloire fatale\versfaux[Il manque deux syllabes.] \LC,
Va périr pour une autre, et je vivrai pour toi...
amadis, fait la révérence
\emph Ringrazio a vosignoria..
Mélisse

Air : À la façon de Barbari

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Que sur toi d’un monstre félon
La rage se signale !
Tombe rôti comme un chapon
Aux pieds de ma rivale.
amadis
Voilà ma chère, une oraison,
La faridondaine, la faridondon.
Qui part d’un cœur tout attendri,
Biribi,
À la façon de Barbari,
Mon ami.
Mélisse, très touchée

Air : Les filles de Nanterre

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Perfide que j’adore,
Dans ce château charmant
Daigne coucher encore
Une nuit seulement.
amadis, à part
Partons, m’y voilà résolu,
Sans que Mélisse m’embarrasse,
Ni même ce qu’est devenu
Le Prince de Thrace,
Le drôle me rattrapera
À la dînée... ou ne pourra...

Scène v

Mélisse seule

Mélisse

Air : Et lon lan la, la bouteille s’en va

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Informations sur cet air

Et lon lan la
Le cruel m’abandonne,
Et lon lan la
Le cruel s’en va !

Air : Ma raison s’en va bon train

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Informations sur cet air

Voilà le prix du destin
Que j’avais fait au coquin !
Pour cet aigrefin,
Toujours en festin,
Rien n’était indigeste...
Pour lui j’ai percé tout mon vin.
Je ne dis pas le reste,
Lon la,
Je ne dis pas le reste.

Mais il me le payera à beaux deniers comptants, et ses épaules pâtiront des sottises de son cœur.


\scene[Le théâtre change et représente le perron enflammé de la gloire de Niquette. Il est défendu par des huissiers, des archers et des procureurs.] Un nain, Scaramoucheen géant procureur
Géant

Air : Mais surtout prenez bien garde à votre cotillon

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Archers, sergents et procureurs,
Monstres choisis pour défenseurs
De Niquette et de sa prison,
Mes amis, prenez bien garde
À son beau cotillon.bis
definitacteur, Chœur des archers chœurdesarchers
chœurdesarchers, sur le ton des deux derniers vers
Mes amis, prenons bien garde
À son beau cotillon.bis
Géant

Il y a par le monde un certain quidam qui veut, dit-on, revendiquer la gentille Niquette et la retirer de notre greffe, où nous l’avons déposée avec une liasse de Princesses enchantées que nous avons paraphées Il y a par le monde un certain quidam qui veut, dit-on, revendiquer la gentille Niquette et la retirer de notre greffe, où nous l’avons déposée avec une liasse de Princesses enchantées que nous avons paraphées \emph ne varietur..


chœurdesarchers
Mes amis prenez bien garde
À son beau cotillon.bis

Scène vi

Les mêmes acteurs, un huissier

huissier, essouflé

Air : Aux armes, camarades

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Informations sur cet air

Aux armes, camarades,
Amadis n’est pas loin,
Tôt la plume en main :
Aux armes, camarades !
Ayons tous notre cornet plein.
Géant

C’est bien dit, monsieur l’huissier. Si Amadis nous bat, nous verbaliserons ; c’est la pratique et la coutume. Rangeons-nous en bon ordre près du perron et ne branlons pas que nous n’ayons reçu au moins chacun cent coups de canne ; il faut toujours mettre les gens dans leur tort.


Ils se rangent tous en haie devant le perron enflammé, et le géant se met hors de la ligne en tête.

Scène vii

Amadis, le Prince de Thrace armés en chevaliers errants

Le Prince, considérant le perron tandis qu’Amadis rêve

Quel spectacle ! Des archers, des sergents, des procureurs et un grand feu ! Apparemment, voilà les enfers !


amadis, se retournant

Quoi ! Je trouve encore un géant ! Ils ne finissent pas.


Le Prince

Oui, vous avez un procureur qui ne ferait qu’une bouchée du patrimoine de vingt familles.


amadis

Air : Je ne suis né ni roi, ni prince

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Informations sur cet air

N’importe, je vais le combattre ;
Je vais faire le diable à quatre.
Lorsque géants je mets à bas
Et lorsque cent monstres j’immole,
Mon ami, je ne prétends pas
En être cru sur ma parole.

Je vais mettre la main à la pâte. Au moins ne t’en mêle pas.


Le Prince, à part

Oh ! je n’ai garde.


Amadis combat le géant et sa suite et les met en fuite. Pendant ce temps-là, le Prince de Thrace a les bras croisés, et s’est assis à terre.
amadis, regardant le Prince à terre

Prenez garde de vous fatiguer.


Le Prince

Air : Que je chéris mon cher voisin

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Informations sur cet air

Nous ne serons pas accusés
De rogner votre gloire ;
J’ai toujours eu les bras croisés
Pendant votre victoire.
amadis

Vous êtes un rince bien obéissant. Mais achevons notre tâche.


Air : Je ne suis né ni roi, ni prince

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Informations sur cet air

Ces feux excitent mon courage,
C’est dans le projet qui m’engage
Le dernier péril à tenter.
Alors je verrai dans sa niche
La beauté qui m’a su dompter.
Apercevant l’inscription.
Mais lisons d’abord cette affiche.
Il lit.

Air : La bonne aventure, ô gué

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Informations sur cet air

Qui n’est pas bien amoureux
Craigne la brûlure ;
L’amant le plus généreux
Peut seul passer dans ces feux.
Sautant après avoir lu.
La bonne aventure, ô gué,
La bonne aventure !
Le Prince, à part
La chaude aventure,
Ô gué,
La chaude aventure !
amadis

Air : Tarare pompon

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Informations sur cet air

Cher Prince, sois heureux autant que je vais l’être.
Le Prince, à part

Il va être grillé.


amadis

Air : Ah ! Robin, tais-toi

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Informations sur cet air

Puisses-tu sans nul Bicêtre
Voir combler tous tes désirs !
Ce n’est plus que par tes plaisirs
Que les miens pourront s’accroître.
Mon cher Prince, vois...
Il veut passer le perron, et est arrêté par le Prince.
Le Prince

Tout beau.


Connais-moi,
Oui, connais un traître
Plus tendre que toi.
amadis

Hem ?


Le Prince

Air : Réveillez-vous, belle endormie

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Ce bras s’oppose à ton audace...
amadis
Que fou pommé ! Ciel ! J’en frémis...
Le Prince
Combats dans le Prince de Thrace
Ton rival et ton ennemi.
amadis

Même air


Conte-moi donc quelle furie
Peut contre moi te transporter ?
Le Prince
Lorsque je veux t’ôter la vie,
C’est bien le temps de jaboter !

Allons ! L’épée à la main, mon épée seule doit te dire ce que je pense.


amadis

Il me fait pitié ! Va, perfide...


Air : Que je chéris mon cher voisin

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Informations sur cet air

Je ne punirai ton amour,
Et ton dessein féroce,
Qu’en te forçant d’être en ce jour
Un garçon de ma noce.
Amadis passe à travers des feux du perron enflammé.
Le Prince, se présentant au perron après qu’Amadis est passé

Air : Tu croyais en aimant Colette

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Il m’échappe, il brave ma rage...
Allons à travers de ces feux...
Un lutin le repousse, et met le feu à sa perruque.
Mais qui m’en défend le passage ?
Foin ! l’on a grillé mes cheveux.

M’en voilà pour une perruque.


Même air


Je n’entreprends rien qui finisse...
Une seconde fois\footnote Le prince de Thrace dit toujours dans l’opéra qu’il va trouver Mélisse., allons
Rendre une visite à Mélisse,
Je suis toujours sur ses talons.

Scène viii

Niquette, Amadis

Le perron enflammé se brise au bruit du tonnerre. On voit Niquette dans sa gloire, elle descend de son trône tenant Amadis par la main au milieu des chevaliers, princes et princesses enchantées.
niquette

Air : Cent petits soins rendus

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Informations sur cet air

Mes sens sont interdits
Et je ne sais que croire.
Vois-je cet Amadis
Si chéri de la gloire ?

Air : Ah ! Voilà la vie

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Informations sur cet air

Oui, voilà le drôle, le drôle, le drôle !
Oui, voilà le drôle
Que nous demandions.
definitacteur, Chœur des Princesses chœurdesprincesses
chœurdesprincesses
Ah ! Voilà le drôle, le drôle, le drôle !
Ah ! Voilà le drôle
Que nous demandions.
amadis, à Niquette

Air : Talaleri, talaleri, talalerire

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Informations sur cet air

Que d’attraits ! Quelle gloire extrême !
Que mon cœur goûte un sort charmant !
Je demeure enchanté moi-même,
Quand je romps votre enchantement ;
Tout mon cœur n’y saurai suffire,
Talaleri, talaleri, talalerire.
niquette

Air : Zon, zon, zon

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Informations sur cet air

Montrons ma vive ardeur...
Mais quel souci me ronge ?...
Êtes-vous ce vainqueur ?
Et n’est-ce point un songe ?
amadis
Et non, non, non
Ce n’est pas un mensonge...
Et zon, zon, zon
Dissipez ce soupçon.

Examinez-moi bien, interrogez-moi sur faits et articles.


niquette

Air : De son lan la, landerirette

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Informations sur cet air

Oh ! Sans interrogatoire
Je vous tiens pour ce vainqueur,
Et tout m’engage à le croire,
Vos exploits, mes yeux, mon cœur...
amadis, la caressant
Et mon lan la
Landerirette,
Et mon lan la
Landerira.
niquette, après l’avoir caressé

Air : Ah ! c’est un certain je ne sais quoi

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Informations sur cet air

Mais où m’emporte, en bonne foi,
Un excès de tendresse !
Non, vous savez trop ma faiblesse !
amadis
Oh ! je ne suis pas faible moi.
À deux, ensemble
Je sens un certain je ne sait qu’est-ce,
Je sens un certain je ne sais quoi.
Le Chevalier, enchanté

Air : Lampons

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Informations sur cet air

Chantons tous ce beau tendron,
Qui nous tire de prison ;
Chantons aussi sa conquête,
Dans une galante fête.
Chantons, dansons,
Camarades, dansons.
chœur
Chantons, dansons,
Camarades, dansons.
niquette

Je crois que nous ferions plus sagement de déménager sans bruit, que de nous amuser à danser des sarabandes et chanter des brunettes dans un temps où la cruelle Mélisse peut nous surprendre.


amadis

Air : Quand le péril est agréable

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Informations sur cet air

Restons : je vous en fais excuse...
niquette
Risquerez-vous d’être arrêté
Pour quelque petit air flûté ?
amadis
Oh ! Dame un rien m’amuse\footnote Amadis dans l’opéra n’a pas toujours l’esprit présent pour saisir les occasions favorables à ses desseins....
Un nuage qui s’avance sur le théâtre s’ouvre et fait voir Mélisse sur un dragon.

Scène ix

Les enchantés, Amadis, Niquette

Le Chevalier

Air : Voici les dragons qui viennent

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Informations sur cet air

Voici les dragons qui viennent
Amis, sauvons-nous !
Cherchons vite une cachette...
Les enchantés rentrent tous dans la gloire de Niquette qui se renferme sur eux.
amadis
Ah ! que j’ai peur ma Niquette...
niquette
Et moi itou, et moi itou.
Mélisse, sur son dragon

Air : Les Trembleurs

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Informations sur cet air

Tremble, Amadis, tremble, tremble,
Crains tous les malheurs ensemble !
Le diable ici nous rassemble,
Rendez-vous pour toi fatal !
Tu vois bien ce qui m’amène,
Vous, démons, servez ma haine
Et transportez sa Climène
Où l’attend son beau rival.
Des démons enlèvent Niquette, et Amadis la suit en pleurant.

Fin de l’air : Les Trembleurs

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Informations sur cet air

Finissons par un tapage,
Renversons tout, faisons rage,
Mon rôle est un peu brutal\footnote Dans l’opéra, Mélisse est toujours furieuse, et ne dit que des injures..
Mélisse casse quelques meubles et s’en va.
\scene[Le théâtre représente une plaine coupée de quelques ruisseaux, et au milieu, la fontaine de la vérité d’Amour, ornée de colonnes et de statues.] Amadisseul
amadis

Air : Nicolas va voir Jeanne

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Informations sur cet air

Mes recherches sont vaines,
Je traverse au hasard
Les forêts et les plaines,
Je n’ai trouvé qu’un canard...
Vous perdez vos pas, Amadis,
Et gâtez vos beaux habits.

Mais que vois-je ? C’est la fontaine de la vérité d’Amour ! Ses eaux instruisent les amants de leur destin : voyons un peu ce qu’elles me diront au sujet de ma belle.


Il regarde dans la fontaine.

Air : Adieu panier, vendanges sont faites

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Informations sur cet air

Que vois-je ? On cajole Niquette...
C’est mon rival à ses genoux,
Tous deux semblent contents... Tout doux !
Se retirant de la fontaine avec transport.
Adieu panier, vendanges sont faites.
Il se jette sur un lit de gazon.

Scène x

Amadis pâmé, Mélisse

Mélisse

Air : Quand on a prononcé ce malheureux oui

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Informations sur cet air

Eh, bien ! es-tu contente, inhumaine Mélisse ?
Cruelle, assouvis-toi de son dernier supplice...
Ciel ! tout mourant qu’il est, qu’il m’inspire d’amour !
Ah ! s’il se portait bien, que ferais-je en ce jour ?

Amadis ! Amadis !... se peut-il qu’un héros tombe dans un pareil évanouissement ? Amadis ! Amadis !... Quand ce serait une femme... Amadis ! Amadis !


Air : Folies d’Espagne

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Informations sur cet air

Reconnaissez la voix qui vous appelle,
Vivez cher Prince...
amadis
Ah ! laissez-moi mourir.
Mélisse
Votre princesse est ingrate, infidèle,
Pour tel objet faut-il tant s’attendrir ?
Sur le chant du dernier vers.
Vivez, vivez.
amadis
Non, laisse-moi mourir.
Mélisse

Air : Réveillez-vous, belle endormie

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Informations sur cet air

Perdez cette cruelle envie,
Verrez-vous sans pitié mes pleurs ?
Voulez-vous m’arracher la vie ?
Hélas ! Si vous mourez, je meurs !
amadis, se lève sans penser à Mélisse

Malheureux, n’est-ce point quelque tour de sorcellerie ? Mes yeux ont-ils bien vu ? Jarnicoton ! Ils ne l’ont que trop vu... c’était ma perfide Niquette avec mon rival... Avec plus d’emportement.


Air : L’autre jour m’allant promener

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Informations sur cet air

Il chiffonnait son falbala...
Ah ! fripon, que faisiez-vous là ?
Mélisse

Je fais une jolie figure, moi, pendant ces doléances-là !


amadis

Et je vis pendant que j’ai à mon côté un sabre de Damas ! Allons, mourons, expédions cette petite affaire ! Il tire son épée pour s’en frapper, Mélisse s’en saisit.


Mélisse

Tout beau Amadis, tout beau.


amadis

Air : Tout cela m’est indifférent

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Informations sur cet air

Quoi ! Vous donnez dans le panneau ?
Si j’étais friand du tombeau\footnote Amadis dans l’opéra veut se tuer en présence de Mélisse.,
Vous m’aimez, vous êtes sorcière,
J’éviterais vos soins pressants.
Lorsque telle envie est sincère,
Par ma foi, l’on prend mieux son temps.
Mélisse

Même air


Consens à de nouveaux soupirs,
Mes soins préviendront tes désirs,
J’en ferai mon bonheur suprême,
Pourvu qu’à table auprès de toi,
Ingrat, tu me souffres moi-même,
Tu seras traité comme un roi.
amadis, chante ironiquement
J’endors le petit, mon fils,
J’endors le petit.
Mélisse

Quoi ! Toujours charmé d’une ingrate !


amadis

Air : Lon lan la derirette

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Informations sur cet air

Mais cette ingrate a des attraits.bis
Je l’aime autant que je vous hais.
Lon lan la derirette.
Mélisse
Bon Dieu ! Qu’Amadis est poli !
Lon lan la deriri
amadis

Air : J’ai fait à ma maîtresse

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Informations sur cet air

Mes maux sont votre ouvrage.
Je sens qu’à chaque instant
Je vous hais davantage...
Mélisse, à part
Que ce vers est galant !...
Tu contrains peu ta haine.
Après des mots si doux,
Par ma foi, notre scène
Doit finir par des coups.

Je n’appellerai pourtant pas encore les diables ; il faut les épargner ici, on les fatigue assez à l’Opéra. À part. Je ne m’amuserai pas à épouvanter ce petit impertinent par des apparitions de monstres : il lui faut montrer tout d’un coup ce que j’ai de plus noir dans mon magasin magique. \did Haut. Viens, Amadis, viens dans mon palais, tu y verras sérieusement ta Niquette entre les bras de ton rival.


Air : Petit Boudrillon

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Informations sur cet air

Son cœur sans nul obstacle,
Suis là sa passion, Boudrillon.
amadis, pleurant
Voyez le beau spectacle,
Que m’offre la guenon !
Mélisse, le poussant
Boudrillon.
Marchez Boudrillon,
Boudrillon don daine,
Marchez Boudrillon,
Boudrillon don don.
\scene[Le théâtre change et représente une belle campagne.] Le Prince de Thraceparaissant Amadis aux yeux seulement de Niquette
airopera
Je parais Amadis aux yeux de la Princesse ;
La pauvre enfant me jure une fidèle ardeur,
Mais c’est à mon rival que ce serment s’adresse,
Et je trompe ses yeux sans séduire son cœur :
C’est un tour de Mélisse et cette enchanteresse
Me procure un bonheur dont je suis peu charmé !
Ah ! plus Niquette me caresse,
Plus je connais qu’Amadis est aimé !

Elle vient, hélas ! Elle va encore me faire enrager en me disant des douceurs.


Scène xi

Le Prince de Thrace, Niquette

niquette

Eh ! À qui en avez-vous mon cher Amadis ? Tout nous favorise dans ce séjour charmant ; Mélisse est convertie, elle nous permet de nous marier, et qui plus est de nous aimer.


Air : Morguienne de vous

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Nos tendres désirs...
Mais non, je m’abuse...
Tout sert nos plaisirs,
Votre cœur s’y refuse !
Morguienne de vous,
Quel homme ! Quel homme !
Morguienne de vous,
Quel homme êtes-vous ?
Le Prince, paraissant Amadis
\emph Ohimè !
niquette

Air : Est-ce ainsi qu’on prend les belles

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Que je vous doit de reproches !
Le Prince met la main dans ses poches comme y fouillant d’un air embarrassé ; elle le caresse.
Pourquoi cet air interdit ?
Quoi ! vos mains dans vos poches !
Et rien ne vous dégourdit ?
Est-ce ainsi qu’on prend les belles ?
Lon lan la,
Ô gué lon la.
Le Prince, paraissant Amadis, embarrassé

Mais...


niquette

Air : Ne m’entendez-vous pas

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Nous sommes seuls, hélas !
Et vous faites la mine.
Qui diantre vous chagrine ?
Nous sommes seuls, hélas !
Ne m’entendez-vous pas ?
Le Prince, paraissant Amadis

Aouf !


niquette

Air : De quoi vous plaignez-vous

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De quoi vous plaignez-vous,
Amadis, quand on vous aime ?
De quoi vous plaignez-vous,
Quand on n’aime que vous ?
Le Prince, paraissant Amadis

Air : Ton relon ton ton

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La gloire seule avec moi vous entraîne,
Savourez bien cette distinction.
Vous rendez-vous à l’amour qui m’enchaîne ?
Non, d’Amadis vous cédez au grand nom.
niquette, haussant le épaules
Ton relon ton ton,
Tontaine, la tontaine,
Ton relon ton ton,
Tontaine la ton ton.
Le Prince, paraissant Amadis, à part

Elle a raison de hausser les épaules ; voilà toute la réponse que méritent mes puériles délicatesses. Il faut convenir que je suis un fort plat personnage avec mes scrupules !


Air : Flon, flon

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De l’erreur de ma belle,
Je n’ose profiter ;
Je suis seul avec elle,
Et je n’ose chanter,
Flon, flon
Larira dondaine,
Flon, flon
Larira dondon.
niquette

À quoi rêvez-vous, mon cher Amadis ? Je ne vous cause que des distractions : venez vous égayer.


Air : La serrure

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Mélisse qui sait son négoce
Fort près d’ici vient à propos
De préparer pour notre noce,
Une fête de matelots.
Le Prince, paraissant Amadis

Une fête de matelots pour une noce ! Il aurait été plus convenable de rassembler une troupe de traiteurs. À part. Allons voir cette judicieuse fête marine, j’y trouverai peut-être Amadis ; car il aime à baliverner ; si je le rencontre, il faudra lui demander fièrement un tête à tête... Mais ne ferai-je pas mieux de faire valoir celui que j’ai actuellement avec Niquette ?


Air : Ces filles sont sottes

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Elle me croit Amadis ;
Si j’en manque les profits,
Hélas ! c’est bien ma faute !
La princesse est en belle humeur...
Mais ma flamme est si sotte,
Lon la,
Mais ma flamme est si sotte.

Sortons sans dire adieu. Allons rougir quelque part de mon imbécilité.


Scène xii

Niquette seule

Air : On dit qu’Amour est si charmant

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Amadis est un vrai glaçon,
Son aspect donne le frisson !
Ah ! mon Dieu, le pauvre garçon,
Il est en léthargie !
Amadis est un vrai glaçon,
Faut-il que je l’en prie ?

Scène xiii

Niquette, Mélisse

Mélisse

Air : Quand on a prononcé ce malheureux oui

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Qu’ai-je vu ? Dieux cruels !
niquette
De quoi dois-je vous plaindre ?
Mélisse
Apprends tout mon micmac, je ne prétends plus feindre.
Hélas ! J’en espérais un succès moins fatal ;
Sous les traits d’Amadis je t’offrais son rival...
niquette

Que je viens de l’échapper belle !


Mélisse

Vous ne devez plus craindre de méprise sur cet article-là ; Amadis vient d’occire le Prince de Thrace.


Air : Monsieur La Palisse est mort

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J’ai vu terminer son sort
Par une Olinde choisie.
Hélas ! S’il n’était pas mort,
Il serait encore en vie.
niquette

Qu’est devenu Amadis ?


Mélisse

Vous l’allez voir enchaîné et avec les menottes.


niquette

Avec les menottes ? Un héros de cette importance avec les menottes ?


Mélisse

C’est pour rendre la scène plus touchante.


niquette

Ah ! Si ma tante Zirphée aimait un peu sa nièce, elle viendrait à notre secours !


Mélisse

Les chagrins d’une jeune nièce n’affligent guère une tante qui prétend à la beauté. Holà, diables, mes domestiques, amenez mon prisonnier.


Scène xiv

Niquette, Mélisse, Amadis enchaîné

niquette

Ah ! Mon cher Amadis, où vous amène-t-on ?


amadis, pleurant

Que sais-je ? Peut-être aux galères. Montrant ses chaînes. J’en ai déjà la petite oie.


niquette

Tâchons d’amadouer la fureur de Mélisse.


Niquette et Amadis ensemble, ensemble

Air : Belle brune

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Belle brune, belle brune,
Ne lancez que sur mon cœur
Les traits de votre rancune,
Belle brune, belle brune.
Mélisse, levant le bras et le poignard sur Amadis

Barbare ! C’est par toi que je veux commencer...


niquette, s’évanouit

Ah ! Ciel !


Mélisse

Bon, voilà mademoiselle Niquette qui s’évanouit à son tour.


Air : Ô reguingué

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Ma foi, sans les enchantements,
Sans les évanouissements,
Ô reguingué, ô lon lan la,
Notre roman n’eût duré guère,
Tous trois nous n’aurions su que faire.
amadis

Air : Le mirliton

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Est-ce à nous qu’il faut s’en prendre
Du nœud qui nous a serré ?
Quand l’amour lie un cœur tendre
Dispose-t-il à son gré
Fondant en larmes.
De... de... de... son...

Ah ! Je tombe à vos pieds !


Mélisse, le repoussant

Que le diable te ramasse.


amadis, se relevant et s’appuyant sur une décoration

À la fin, je mourrai sérieusement.


Mélisse évoque les mannes du Prince de Thrace. La symphonie joue l’air de Pierre Bagnolet pour ritournelle des paroles qui suivent sur le même air.
Mélisse

Air : Pierre Bagnolet

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Prince de Thrace, à ma prière,
Ressuscite et viens m’appuyer !
Quoique tu sois peu nécessaire
Pour assommer un prisonnier,
Je veux crier,
Je veux crier :
Prince de Thrace, à ma prière,
Ressuscite et viens m’appuyer !

Scène xv

Les acteurs précédents, l’ombre du Prince de Thrace

definitacteur, L’Ombre lombre
lombre

Air : Pierre Bagnolet

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En mauvais rôles tu m’épuises ;
Je viens, pour punir ton transport,
Des amants que tu tyrannises
T’annoncer enfin l’heureux sort.
Vivant et mort,
Vivant et mort,
Tu me fais faire des sottises
Dont tu souffres toujours le tort.
Il disparaît.

Scène xvi

Mélisse, Amadis enchaîné, Niquette

Mélisse

Va-t’en à tous les diables, maudit trépassé... Qu’ai-je affaire de toi pour me venger ? N’ai-je pas un poignard à la main, et cette main ne vaut-elle pas mieux que celle d’un défunt ?


niquette

Ah ! Ma chère tante Zirphée, où êtes-vous ? Vous avez bien la mine de nous apporter de la moutarde après dîner !


\melisse[ veut frapper Niquette, elle avance à chaque vers qu’elle chante, et recule avec surprise toutes les trois fois qu’elle dit Ho, ho, tourelouribo]

Air : Ho, ho, tourelouribo

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Allons tôt que ma rivale expire...
Oh, oh, tourelouribo !
Quoi contre moi tout conspire !...
Oh, oh, tourelouribo !
Quand j’avance on me retire...
Oh, oh, oh, tourelouribo !

Air : Quand on a prononcé ce malheureux oui

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C’en est fait, Amadis, ta flamme est triomphante.
Ton ennemie expire, ou plutôt ton amante.

Frappons... Elle veut se percer mais se retient. Mais non, gardons-nous bien de nous percer si légèrement.


Air : Mariez, mariez, mariez-moi

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La raison vient me saisir
Et guérit mon noir caprice,
Pour n’arracher qu’un soupir,
Faut-il que je périsse ?
Mariez, mariez, mariez-vous,
Ce sera votre supplice,
Mariez, mariez, mariez-vous,
Vous servirez mon courroux.
Mélisse répète les quatre derniers vers Mariez, etc., pendant qu’Amadis et Niquette chantent ensemble les suivants.
À trois, ensemble
Marions, marions, marions-nous
Oh, quel aimable supplice !
Marions, marions, marions-nous
Et bénissons son courroux.

Scène xvii

Amadis déchaîné par Mélisse, Niquette, Zirphée à pied

niquette

Que vois-je ? C’est enfin ma tante Zirphée ! On voit bien qu’elle est venue à pied à notre secours, car si elle avait été portée sur un nuage, elle aurait fait plus de diligence.


Air : Belle brune, belle brune

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Ah ! ma tante ! Ah ! ma tante !
Quand votre nièce pâtit,
Votre assistance est bien lente.
Amadis et Niquette, ensemble
Ah, ma tante ! Ah, ma tante !
Zirphée

Air : Zon, zon, zon

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Tous vos maux sont finis,
Cessez de vous en plaindre :
Épousez Amadis,
Il n’a plus rien à craindre.
Amadis et Niquette se caressant, ensemble
Et zon, zon, zon
Cessons de nous contraindre,
Et zon, zon, zon,
Supprimons la façon.
niquette

Air : Belle brune

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Car ma tante, car ma tante,
Comme tante d’Opéra
Est une tante obligeante,
amadis, se jetant au cou de Zirphée
Ah, ma tante ! Ah, ma tante !
Zirphée

Mais mon neveu vous m’étouffez !


niquette

Au moins, mon petit mari, je ne me suis pas émancipée avec votre rival pendant que Mélisse lui avait donné votre ressemblance.


amadis

Il faut bien vous en croire.


Mélisse, à Zirphée

Ma compagne Zirphée, soyez la bienvenue : je ne tracasserai plus votre nièce et son amant.


Zirphée

Vous ferez bien, car je saurais vous ranger à la raison.


Mélisse, à part

Perfectionnons ma vengeance et donnons à ces futurs une fête qui les dégoûte du mariage... Haut. Oh çà ! mes enfants, pour marque d’une parfaite réconciliation, je veux vous donner cette fête d’un lendemain de noces dont je prétendais tantôt régaler Amadis lorsqu’il est sorti de chez moi si malhonnêtement ; ce divertissement sera ici moins déplacé. Allons tôt, garçons et filles du lendemain de noces, paraissez.


Scène xviii

Niquette, Zirphée, Melisse, Amadis, Garçons et Filles du lendemain de noces

Une Fille
Dans le ménage
Que l’on se fait en peu de temps !
Le lendemain du mariage
Il semble que déjà l’on ait passé cent ans,
Dans le ménage.
Un Garçon

Air :


On sautille, on frétille ainsi qu’un carpillon
Le jour qu’on se marie.
Quelle légèreté ! Le menuet ennuie...
On veut la chasse, on veut le cotillon.
Ô métamorphose étonnante !
Ô pouvoir de l’hymen ! Souvent le lendemain
L’époux qui faisait le badin
Veut à peine danser une grave courante.
On danse.
vaudeville
1
Bien souvent l’hymen le plus doux
N’a de bon que le fruit précoce ;
Gardez-vous bien, novice époux,
D’en juger le jour de la noce ;
Attendez au lendemain.
Tre lin tin tin tin tin La partition nous apprend qu’il faut chanter \guill Attendez au lendemain / Lerelin tin tin tin tin tin tin / Attendez au lendemain. Nous avons laissé le refrain tel qu’il apparaît dans la source textuelle à partir de laquelle ce texte est édité. \LC.
2
Ne suivez pas l’illusion
Du fade roman qui lanterne ;
Profitez de l’occasion,
Un amant est sûr de la berne
S’il attend au lendemain.
Tre lin tin tin.
3
L’hymen surfait à nos désirs,
Il ne tient pas à ce qu’il avance ;
On s’attend à de grands plaisirs,
Il sont plus petits qu’on ne le pense.
Quel rabais le lendemain !
Tre lin tin tin.
4
Cabaret tu sais m’enchanter ;
Tu ferais mes seules retraites,
Si l’on pouvait sans rien compter
Chanter en sortant des guinguettes :
Attendez au lendemain.
Tre lin tin tin.
5
L’hymen a des fruits aigres doux
Qui viennent plus tôt qu’on ne le pense ;
Tel aujourd’hui se fait époux,
Qu’on fait contre son espérance
Père dès le lendemain.
Tre lin tin tin.
6
Au public
Messieurs gardez-nous le secret,
Si vous condamnez notre pièce :
Chut ! Que le public soit discret,
Et si quelque désir le presse,
Lazzi de siffler.
Qu’il attende au lendemain...
Tre lin tin tin.
Fin

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