Raton et Rosette ou la Vengeance inutile

Auteurs : Favart (Charles-Simon)
Parodie de : Titon et l'Aurore de La Marre/La Motte/Voisenon et Mondonville
Date: 24 mars 1753
Représentation : 24 mars 1753 Comédie-Italienne - Hôtel de Bourgogne
Source : Théâtre de M. Favart, Paris, Duchesne, 1763, t. II
Charles-Simon Favart

Raton et Rosette


La Vengeance Inutile
Parodie de Titon et l’Aurore
Représentée pour la première fois par les Comédiens Italiens Ordinaires du Roi
le 28 mars 1753
Théâtre de M. Favart, t.2, Paris, Duchesne, 1763

Acteurs


Rosette, jardinière : Madame Favart
Raton, garçon de ferme : Mademoiselle Astraudi
Perrette, fermière : Madame Déhesse
Gringole, meunier : Monsieur Chanville
Robin, berger, personnage muet
Jardiniers
Bouquetières
Meuniers
Paysans, paysannes

Raton et Rosette


Scène 1

Raton
raton

Air : Il n’est point encor l’Aurore


Que l’Aurore est loin encore !
J’attendrai longtemps le jour.
Déjà l’ennui me dévore ;
Mais rêvons à mon amour.
Que l’Aurore est loin encore !
J’attendrai longtemps le jour.

Air : Ah ! que je me lasse d’être


Valet chez une Fermière,
Moi, la fleur des beaux garçons,
J’ai longtemps gardé les moutons ;
Une riche jardinière
Enfin m’a donné son cœur,
Et c’est pour moi beaucoup d’honneur.
Hélas ! dès ce jour, peut-être,
L’Amour va me rendre maître
De son joli, joliet,
L’Amour me va rendre maître
De son joli jardinet.

Même air


Elle va bientôt paraître,
Pour embellir ce séjour ;
Elle se lève avant le jour.
C’est par ses soins qu’on voit naître
Le thym, le lys et l’œillet,
La violette et le muguet.
Chaque matin elle arrose,
Pour faire éclore la rose
Dans son joli, joliet,
Pour faire éclore la rose
Dans son joli jardinet.

Air : Toujours seule, disait Nina


Mais Rosette ne paraît pas,
Et cela m’inquiète :
À son âge, avec tant d’appas,
On peut être coquette.
Et tandis qu’ici je l’attends,
Un rival passe mieux son temps.
Mais quel éclat !
Le cœur me bat.
Ah ! la voilà, la voilà,
Ah !

Scène ii

Raton, Rosette

Une symphonie annonce le lever de l’Aurore. On entend ensuite le chant du coq, le ramage des oiseaux, les cris des différents animaux qui peuplent une basse-cour. Rosette paraît sur la montagne, descend dans son Jardin, et arrose ses fleurs au jour naissant.
rosette, arrosant ses fleurs

Air : Dans un bocage frais


Brillantes fleurs,
Vos vives couleurs
De nos plaisirs sont l’image.
Leur tendre éclat
Est si délicat,
Qu’un souffle, un rien l’endommage.
Il faut cueillir
Les roses sans les ternir ;
Et sans flétrir,
Sans affaiblir le désir,
Faisons chaque jour,
Renaître l’Amour,
Et conservons ses attraits
Frais.

Air : L’écho Italien


Quoi ! je suis ici seulette !
raton, caché derrière un arbre
Seulette !
rosette
Raton laisse ainsi Rosette !
raton
Rosette !
rosette
Oh ! oh ! c’est un écho, écho.
raton
Écho.
rosette
Dis-lui que je l’aime.
raton
Aime, aime.
rosette
Et ne répète nuit et jour
Qu’amour, amour, amour.
raton
Amour.
rosette
Amour.
raton
Amour.
rosette, apercevant Raton
Mais... mais... c’est Raton lui-même !
raton
Lui-même.
rosette
Ah ! ma joie en est extrême.
raton
Extrême !
rosette
Oui, viens, tu combles mes désirs.
raton
Vos désirs !
Mon ardeur vous touche !
rosette, lui présentant la main
Touche, touche ;
Et rends ta bouche
L’écho de mes soupirs, soupirs.
raton
Soupirs.
rosette
Soupirs.
raton
Soupirs.

Air : N’faut pas dir’ ça, sont des sottises


Pour rendre le calme à mon âme,
Vous êtes venue à propos.
rosette
Qui pouvait l’agiter ?
raton
Oh, dame !
Rosette, j’ai bien des rivaux.
Je dois craindre leurs entreprises.
Excusez mon soupçon jaloux.
Mais je croyais déjà que...
rosette
N’faut pas dir’ ça, taisez-vous.
N’faut pas dir’ ça, sont des sottises.
raton

Air : Que la mariée est trop belle


Votre cœur doit être flatté
De ce sentiment qui le blesse,
Il fait honneur à la beauté.
rosette
Mais, c’est offenser ma sagesse.
raton
Rosette, si j’en ai douté,
Ce n’est que par délicatesse.

Air : De tous les capucins du monde

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Informations sur cet air

C’est vous prouver que je vous aime.
rosette
Ce raffinement est extrême.
Au lieu de si bien raisonner,
Sans y chercher tant de finesse,
N’as-tu donc pas à me donner
D’autres preuves de ta tendresse ?
raton

Air : Musette

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Écouter (midi) Voir la partition Informations sur cet air

Jurez-moi,
Mais de bonne foi,
Puisque ma tendresse
Vous intéresse ;
Jurez-moi,
Mais de bonne foi,
De m’aimer sans cesse,
Et de n’aimer rien que moi.
rosette

Air : Votre cœur, aimable Aurore


De la flamme la plus pure
Je n’atteste point les Cieux ;
Si ma bouche t’en assure,
Mes regards l’expriment mieux ;
Leur tendresse te le jure,
Mes serments sont dans mes yeux.
raton

Même air


Sans le cœur de ce qu’on aime,
De quel bien peut-on jouir ?
Dans tes yeux l’Amour lui-même
Peint l’ivresse du plaisir.
Et tu fais mon bien suprême,
D’un regard et d’un soupir.

Air : Ah ! je ne m’en souci’ guère


Mais le meunier Gringole
Sans cesse vous cajole.
rosette
On sait que je le hais
Mais
De vous Perrette est folle.
raton
Je n’en fais aucun cas ;
Ah ! je ne m’en souci’ pas.

Air : Duo


rosette et raton, ensemble
Chassons, chassons les craintes, les soupçons ;
De nos jaloux augmentons le martyre.
Traitons leurs plaintes de chansons,
N’en faisons que rire.
rosette
Je t’aimerai tant ;
Je te le dirai tant,
Et si tendrement.
Ma main est le gage,
D’un amour constant.
Qu’un heureux mariage
Te rende content.
Je t’aimerai tant,
Je te le dirai tant, tant, tant, tant, tant, tant, tant,
Je t’aimerai tant,
Je te le dirai tant, tant, tant, tant, tant, tant, tant,
raton
Je t’aimerai tant,
Je te le dirai tant, tant, tant, tant, tant, tant,
Et si tendrement,
Reçois l’hommage
D’un amour constant.
Et qu’un doux mariage
Me rende content.
Je t’aimerai tant,
Je te le dirai tant, tant, tant, tant, tant, tant, tant
Je te le dirai tant,
ensemble, ensemble
Et si tendrement
Reçois le gage,
D’un amour constant.
Et qu’un doux mariage
Te rende content.
raton

Air : Prêt à danser


Qui vient nous interrompre ainsi ?
rosette
Les bouquetières de la ville
Viennent chercher des fleurs ici.
raton
Mais leur danse est fort inutile.
rosette
Pourquoi vous en embarrasser ?
Ici, sans se faire annoncer,
On vient danser,
Se trémousser,
On est toujours prêt à danser.
divertissement
Des bouquetière paraissent avec des corbeilles vides.
Des jardiniers viennent avec des fleurs, et remplissent les corbeilles.
vaudeville, des bouquetières
1
Prenez de nos bouquets,
Ils sont tout frais,
Prenez ma double violette.
Galants, voici pour vous
Des œillets doux ;
Venez en faire emplette.
À Raton.
Approchez, mon beau garçon,
De nous, achetez donc
Quelque fleurette :
La rose et l’bouton
D’amourette,
La rose et l’bouton.
2
Venez et m’écoutez,
Jeunes beautés,
Qui vous plaisez au jardinage.
Veillez avec grand soin,
Chassez au loin
Le papillon volage.
Profitez de ma leçon,
Et craignez le frelon,
Qui toujours guette
La rose et l’bouton
D’amourette,
La rose et l’bouton.
3
Fermez votre jardin.
L’Amour malin
Des roses ferait un pillage.
C’est un méchant enfant ;
Il est content
S’il cause du dommage.
Il enjôle la raison,
Et le fripon
Cueille en cachette
La rose et l’bouton
D’amourette,
La rose et l’bouton.
4
Richesses du printemps,
Pour les amants,
Naissez, empressez-vous d’éclore,
Brillez en ce séjour,
Que de l’Amour
La flamme vous colore :
Une fleur est un beau don ;
Dans la verte raison,
Chacun souhaite
La rose et l’bouton
D’amourette,
La rose et l’bouton.
5
rosette, à Raton
Je t’aime sans détours,
Et pour toujours ;
Mon amitié n’est point légère,
Elle a plus de fraîcheur
Que cette fleur,
Et n’est point passagère.
Cher amant, je t’en fais don.
En lui présentant un bouquet.
Reçois aussi, Raton,
De ta Rosette,
La rose et l’bouton
D’amourette,
La rose et l’bouton.
On danse.

Scène iii

Gringole, Raton, Rosette, jardiniers et bouquetières

gringole, à la fenêtre du moulin

Air : J’ai fait jouer un bal, mon cousin


Ho là, hé ! que de train,
Si matin !
Attendez-moi, mes drôles,
Garçons, éveillez-vous,
Venez tous ;
Armez vos bras de gaules ;
De ces chanteux,
Et de ces danseux,
Venez frotter les épaules.
Les jardiniers et les bouquetières se retirent.

Scène iv

Rosette, Raton

raton

Air : La Ménagère


Rosette, il ne fait pas bon pour nous,
Je tremble, je tremble.
rosette
Gringole est en courroux,
Sauvons-nous ensemble !bis
raton
Gringole est en courroux,
Sauvons-nous ensemble,
Je crains les coups.

Scène v

Gringole

gringole

Air : C’est la servante de chez nous

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Informations sur cet air

Ils se sont tous enfuis de peur,
En me voyant paraître ;
Ce qui redouble ma fureur,
J’ai vu par ma fenêtre,
J’ai vu Rosette avec Raton...
Oh ! oh ! oh ! oh ! oh ! j’en aurai raison :
Parsanguenne me prend-on
Pour un oison ?bis

Scène vi

Perrette, Gringole

perrette, sortant de la ferme, effrayée
suitairprec
Qu’avez-vous donc ?
gringole, continuant
Jarnicoton !
perrette
Qu’avez-vous donc ?
gringole
Jarnicoton !
perrette
Le feu prend-il à la maison ?
ensemble, ensemble
Oh ! oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah ! ah !
gringole
Commère, ça vous surprendra,
J’vas vous dire ça,
J’vas vous dire ça.

Air : Connaissez-vous Marotte

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Informations sur cet air

Vous connaissez Rosette,
Cette jeune blonde aux yeux doux.
Des traits de la follette
Chacun ressent les coups ;
Elle enchante tretous.

Air : Je suis, je suis malade d’amour


Je ne songeais qu’à voltiger,
Toujours d’humeur coquette ;
Mais qui peut voir sans s’engager
Fillette si joliette.
Pour ses appas,
Je meurs, hélas !

Air : Quand tous les gueux dansent


Ah ! qu’elle est lutine !
C’est un p’tit trésor, un p’tit bijou,
Qui me rend fou.
Fringante et badine.

Air : Mon cher Dorante


Mais quel martyre !
En prenant des airs pincés,
Quand j’l’approche a’n’fait que m’dire :
Ah ! Monsieur, vous me lassez,
C’est assez,
Je n’veux pas rire ;
Oh ! finissez,
Monsieur, finissez.

Air : La Pandoure


Cette jeune jardinière
Fait avec moi trop la fière.
Mais nous allons voir beau jeu,
Morbleu !
J’mets à part
Tout égard ;
Car
J’n’aimons pas qu’on nous méprise.
D’un rival elle est éprise.
perrette
De qui donc ?
gringole
De Raton.
perrette
Raton !
gringole
Mais si j’trouv’ ce galant,
Pan !
perrette

Air : Fille qui passez par ici


Tout doux, ne vous échauffez point,
Vous en aurez vengeance,
Vous ne savez pas à quel point
Je prends part à l’offense.
gringole

Air : Netto, netto


Comme une boule,
Qui roule,
Mes amours
Prenaient leurs cours ;
J’étais au but,
Raton parut,
Plut,
Et je fus par ce freluquet
Dégoté net, tout net, tout net.
perrette
En effet, c’est fort mal fait,
ensemble, ensemble
Fort mal fait.bis
gringole
Dégoté net, tout net, tout net.
perrette
En effet, c’est fort mal fait.
ensemble, ensemble
Fort mal fait.bis
gringole

Air : Contredanse


L’inhumaine !
Quand j’lui dis ma peine,
J’ai beau faire, hélas !
Al’ne me comprend pas.
Sans rien dire,
Mon rival soupire ;
On l’entend au mieux ;
On lit tout dans ses yeux.
Dès que je suis loin,
Il guette la belle.
Il babille avec elle,
Et sans fin
Leur petit caquet
De mon moulin
Imite le cliquet.
Tatita,
Tatitata,
Ah ! comme il va !
Quand je reviens,
Ils parlent bas,
En s’poussant le bras.
Tout à l’heure,
Si j’vous mens, que j’meure,
Il était avec Rosette bec à bec.
J’en frissonne ;
J’ai vu la friponne
Qui d’un air coquet
Lui donnait un bouquet.

Air : Ah ! ah ! venez-y toutes


D’un rival qui me fâche,
Terminons le destin,
Tiquetin.
Je veux que l’on l’attache
Aux ailes du moulin,
Tique, taque, tiquetin.
Ah ! ah ! ah !...
perrette
Laissez-moi faire,
Il est pour votre bien,
Compère,
Un plus sûr moyen.

Air : De mon pot, je vous en réponds

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Informations sur cet air

Si vous faites le brutal,
Vous agirez fort mal :
Enlevons Raton à Rosette,
Tenons-le dans quelque cachette,
Je saurai, je vous en réponds,
Le mettre à la raison.
gringole, à ses garçons

Air : Il était un moine blanc


Allez tous chercher Raton,
Enlevez-moi ce fripon :
Dans une chambre secrète,
Qu’on l’enferme chez Perrette.
Les garçons partent.

Air : Un peu de tricherie

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Informations sur cet air

Ah ! la bonne pâte de femme !
Quoi ! vous voulez servir ma flamme ?
perrette, à part
Eh ! bon ! bon ! bon !
Je t’en réponds.
gringole
J’approuve votre stratagème.
perrette
J’agirai comme pour moi-même.
ensemble, ensemble
Et zon, zon, zon.
Ah ! ah ! voyez donc !
Un peu de tricherie
Dans la vie
Est toujours de saison.
gringole

Air : Beau marinier, beau marinier


Je me fie à vous tout de bon ;
Vous paraissez en savoir long.
perrette, à part
Le courroux de Gringole agit,
Et je le tourne à mon profit.
gringole

Air : Branle de Metz

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Informations sur cet air

Allez, Commère Perrette,
Faire un tour à vot’maison.
perrette
Oui, votre conseil est bon.
Tâchez d’apaiser Rosette.
Prenez part à sa douleur,
C’est une bonne recette ;
Un ami consolateur
Est bientôt amant vainqueur.
Elle rentre chez elle.

Scène vii

Gringole

gringole

Air : La Fravoletta


Qu’elle est gentille
Ma jeune jardinière !
En elle brille
La beauté printanière.
Ah ! quelle grâce,
Rien ne l’efface :
Quand je l’aperçois,
Quand j’entends sa voix,
Je sens la flamme
Agiter mon cœur
Avec tant d’ardeur,
Que je me pâme,
Je me sens ravir
De plaisir.
Les fleurs de prairie
N’ont point sa fraîcheur,
L’épine fleurie
N’a point sa blancheur.
Tant que je vivrai,
J’aimerai,
Chérirai
Sa légèreté,
Sa beauté,
Sa gaité,
Elle babille,
Hem ! Elle sautille,
Ah ! Qu’elle a d’appas !
C’est sur ses pas
Qu’on voit éclore
Des fleurs tous les jours :
Mais moins encore
De fleurs que d’amours.
De sa rigueur
Si je suis vainqueur,
Dès le matin
Cultivant son Jardin,
Tout à loisir,
Je pourrai cueillir
Les roses, les lys,
Et cent baisers jolis.

Air : En riant, en badinant


J’allons voir en dandinant
Si j’varrons Rosette,
Et si j’pourrons en badinant
Lui parler d’amourette.
D’abord j’irons bonnement,
J’aurons la mine doucette
En renard qui finement
Cherche à croquer la poulette.
Agissons tout bellement,
J’aperçois Rosette :
J’vais guetter le bon moment
D’enjôler la fillette.
Il se retire dans le fond du théâtre pour observer Rosette.

Scène viii

Rosette, Gringole

rosette

Air : Si raviva


Hélas ! je perds
L’objet de ma flamme :
Ce triste revers
Perce mon âme.
Moments trop flatteurs !
J’allais être sa femme.
Coulez, coulez mes pleurs,
Ah ! je me meurs,
Ah ! ah ! ah !
Mon cœur s’en va.
J’allais jouir
D’un bien suprême.
On m’a su ravir
Tout ce que j’aime,
Tout ce que j’aime.
Quel retour
Pour le plus tendre amour !
Peut-on me jouer ce tour-là,
Ce tour-là,
Rosette en mourra.
Ah ! ah ! ah ! ah ! etc.
Rosette en mourra.
gringole, s’approchant de Rosette d’un air de compassion

Air : Pauv’ Petite


Belle Rosette,
Je plains votre tourment,
Et je regrette
De bon cœur votre amant ;
Il avait du mérite,
Et beaucoup d’amitié.
Ah ! pauv’ petite !
Vot’ malheur excite
Ma pitié.
rosette

Air : Devin de village


J’ai perdu tout mon bonheur,
On a pris mon serviteur.
Ô sort trop funeste !
Que l’on m’ôte tout mon bien,
Je ne regretterai rien,
Non rien, non rien,
Non rien.
Que l’on m’ôte tout mon bien,
Je ne regretterai rien,
Si Raton me reste.bis
J’ai perdu tout mon bonheur,
On a pris mon serviteur.
Ô sort trop funeste !
Ô sort trop funeste !
gringole

Air : Si des galants de la ville


Perdre un amoureux si tendre !
Ça cause bien d’la douleur ;
Mais morgué, j’pourrons vous rendre
Toute votre belle humeur.
rosette
Quelle flatteuse espérance
Faites-vous naître en mon cœur ?
Hélas ! loin de sa présence,
Je vais mourir en langueur.
gringole
Votre petit cœur murmure ;
Mais pour guérir son tourment,
La recette la plus sûre,
C’est de faire un autre Amant.

Air : Les Capucins de Meudon


Ma pouponne,
Donne-moi ton cœur :
Ta mine friponne
Dément ta rigueur.
Allons, donne,
Donne-moi ton cœur,
Laisse-moi mignonne,
Faire ton bonheur.
T’as biau dire,
T’aime à rire,
Je sais lire
Dans tes yeux.
Si t’es leste,
Malepeste,
Je suis preste,
Et toujours joyeux.
Ma pouponne
Donne-moi ton cœur ;
Ta mine friponne
Dément ta rigueur.
Que la gêne,
Que la peine,
Soient pour les amants transis ;
J’ons l’allure,
L’encolure
D’un gaillard qui n’a point de soucis.
Allons, donne,
Donne-moi ton cœur,
Laisse-moi, mignonne,
Faire ton bonheur.
rosette
ariette, notée n.5 Spera forsan ch’un di
Modérez ce transport.
gringole
Bon ! les absents ont tort.
rosette
On doit jusqu’à la mort
Être fidèle.
gringole
Oh ! oh ! quels amours constants
En est-ce encore le temps ?
rosette
Oui, j’aime pour jamais.
gringole
Que ces nœuds sont parfaits !
Mais
Il est doux d’en changer.
rosette
Mon cœur n’est point léger.
gringole
Bagatelle !
Ce n’est qu’un jargon !
rosette
Pour qui me prend-on ?
gringole
D’abord, on dit non,
Ensuite, on dit bon !
rosette
Non, non.
gringole
Bon ! bon !
rosette
Non, non.
gringole
Prr, direz-vous toujours non ?
rosette, à part
Ah ! qu’il excite ma haine !
À Gringole.
Vous redoublez ma peine.
gringole
L’amour l’a su causer,
L’amour va l’apaiser.
rosette
Rien ne pourra briser
Une si belle chaîne ;
Toujours, toujours,
On verra durer toujours mes amours.
gringole
Quoi ! toujours ?
rosette
Oui, toujours.
gringole
Vous serez donc dupe en amours
Toujours.
rosette
On les verra durer toujours.
gringole

Air : Quand on a bu, la tête tourne

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Informations sur cet air

Autour de vous, je tourne, tourne, tourne, tourne,
Depuis l’aurore jusqu’au soir :
Toute la nuit, je tourne, tourne, tourne,
Quel tourment de ne pas vous voir !
Pour vous, Rosette, la tête me tourne,
N’obtiendrai-je rien ?
Hélas ! sur moi, qu’un doux regard se tourne,
Et tout va tourner à bien.
rosette

Air : Filles de la tourelle


Votre amour me prépare
Mille tourments nouveaux ;
Ne croyez point, barbare,
Insulter à mes maux :
En vain on me sépare
De mon fidèle ami,
Un jour viendra...
gringole
Tarare !
Ma belle, il est parti,
Pour Mississipi.
rosette

Air : Baise-moi donc, me disait Blaise

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Informations sur cet air

Ô désespoir ! pauvre Rosette !
gringole
C’est un valet que Rosette regrette.
rosette
J’aime autant ce simple valet,
Que je te hais et te déteste.
Elle s’en va.
gringole
C’est parler net,
V’là mon paquet :
Je ne demande point mon reste.

Scène ix

Perrette, Gringole

perrette

Air : Vieillards de Thésée

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Informations sur cet air

Êtes-vous d’une humeur guillerette ?
Le cœur de Rosette
S’est-il rendu ?
gringole
Vraiment voire, Commère.
perrette
Qu’il est en colère !
gringole
C’est autant d’amour pardu.
Je devais attendre,
Pour la rendre tendre,
De plus doux instants.
Car je ne pouvais prendre
Plus mal mon temps.

Air : Mon père a fait bâtir maison


Mais j’allons faire ici du train ;
Garçons meuniers, sortez du moulin.
Un rival a su m’outrager,
Pour m’en venger,
Accourez tous ;
Qu’il expire sous vos coups.
Accourez tous,
Accourez tous !

Scène x

Gringole, Perrette, les garçons meuniers

gringole et deux meuniers chantent cet air en canon, ensemble

Air : J’aurai une robe


Secondez ma/Secondons sa rage
Ventrebleu,
Têtebleu,
Faites/Faisons ravage,
Dans le village.
Mettez/Mettons-y le feu.
gringole

Air : Un jour de dimanche, après vêpres


Qu’à ma fureur chacun réponde,
Je veux m’en prendre à tout le monde ;
Tout va trembler à nos éclats,
Ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! ah !
Gringole et les meuniers font plusieurs gestes ridicules.
Faisons tretous un grand fracas,
Ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! ah !
perrette

Air : Va, tu as raison, la Tulipe


Eh ! pourquoi donc tout ce tapage ?
Votre tendresse a du dessous ;
Mais devons-nous
En pâtir tous ?
Faut-il causer un grand ravage,
Pour perdre un valet importun ?
Cela n’a pas le sens commun.
gringole

Air : Vous avez raison, la Plante

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Informations sur cet air

Vous avez raison, Perrette ;
Raton seul en pâtira,
Périra :
Qu’en mes mains on le remette,
Et mon bras l’étrillera.
perrette
Larira,
Fiez-vous à Perrette ;
Renvoyez ces gens-là.
gringole, après avoir fait signe à ses gens de se retirer

Air : Je l’aime, je l’aime


Mais vous semblez le protéger.
perrette
Non, non, je veux vous obliger :
Mais laissez-moi le corriger :
Je l’aime, je l’aime.
Qui pourrait vous venger
Mieux que moi-même ?
gringole

Air : La dondon, dondaine


Tâchez donc de la gagner.
perrette
Ne vous mettez pas en peine,
Je ne vais rien épargner.
Par mon ordre on me l’amène.
gringole
Je vous laisse avec Raton,
Ne faites pas l’inhumaine,
Ma dondon, dondaine
Ma dondon, dondon.

Scène xi

Perrette, Raton conduit par Robin, et d’autres valets armés

perrette

Air : Il est certain petit moment

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Informations sur cet air

Viens ça, mon cher,
Prendre un peu l’air ;
Franchement
Ton tourment
Me chagrine.
raton
Pourquoi chez vous
M’enfermez-vous ?
perrette
Ton rival
Veut te faire du mal.
raton
Ah ! qu’elle est fine !
Je la devine.
perrette
Ton triste sort
Me touche fort ;
La pitié
Fait naître l’amitié.
raton, à part
Et zon, zon, zon !
Le prétexte est bon !
J’en crois mieux
Et ses feux
Et sa mine ;
Dans sa maison
Tenir en prison
Un garçon ?
perrette

Air : Il y a tant de gens de bien


Ah ! que tu devines bien !
Mais voilà ma fête
Prête ;
Pour animer l’entretien
C’est vraiment un bon moyen.
raton, sur le ton du dernier vers
Qui ne va mener à rien.
divertissement
Entrée de garçons et servantes de la fête.
perrette, à ses servantes et valets

Air : Tortillez les jambes


Ça, mes enfants, montrez-vous tous ingambes,
Tortillez les jambes.
Ma foi, rien n’est tel
Pour vaincre un cœur cruel.
Dansez,
Chantez,
Pour le rendre infidèle.
Montrant Raton.
S’il change de belle,
Sans doute à mon tour,
Il me fera la cour.
On danse.
Ronde, chantée par un paysan
coupletvaud 0
6
Courons d’la blonde à la breune ;
À changer tout nous instruit.
Le croissant d’viant pleine leune ;
Après l’biau temps, l’mauvais suit.
L’hirondelle,
Peu fidèle,
Change de lieu tous les ans.
L’papillon, volage à l’extrême,
Est errant dans nos champs.
D’ici au refrain à volonté
Si l’papillon,
L’hirondelle,
La leune,
La pluie et l’biau temps
Sont changeants,
Il faut changer de même.
7
À tous vents la girouette
Et les ailes du moulin,
Font toujours la pirouette,
En tournant, tournant sans fin.
Dans sa pente,
L’eau serpente,
Et fait cent tours différents.
On voit d’une inconstance extrême
Les Zéphyrs voltigeant ;
Si l’papillon,
L’hirondelle,
La leune,
La pluie et l’biau temps
Les ruisseaux,
Les oiseaux,
Les moulins,
La girouette,
Les vents
Sont changeants,
Il fait changer de même.
tous, ensemble
Il faut changer de même.
8
raton
Les rochers de ce rivage
N’ont jamais changé d’endroits,
Et les clochers du village
Restent toujours sur leurs toits ;
Ces montagnes,
Ces campagnes
Sont là depuis fort longtemps :
Cette source toujours la même,
Va remplir ces étangs.
Si les rochers,
Les clochers,
Les ruisseaux, les étangs
Sont constants,
Je suis constant de même.bis
9
Le soleil autour du monde
N’a jamais cessé son cours ;
Ainsi charmé de ma blonde,
Je veux la suivre toujours.
La fidèle
Tourterelle
Sert d’exemple aux vrais amants ;
Ce lierre à l’ormeau qu’il aime,
S’est uni dès longtemps.
Si le soleil,
Les ormeaux,
Les ruisseaux,
Les clochers,
Les rochers,
Les vallons,
Et les monts
Dans nos champs
Sont constants,
Je suis constant de même.bis
perrette, à Raton

Air : Mon p’tit cœur, vous n’m’aimez guère


Vous n’êtes donc point flatté
De cette fête légère ?
raton
Non, Madame, en vérité.
perrette
Vous paraissez en colère.
raton
De tout cela je suis las.
perrette
Mon p’tit cœur, vous n’m’aimez guère,
Mon ballet n’vous touche pas.
Hélas !
Vous n’m’aimez pas.
raton

Air : Il ne faut jurer de rien


Franchement, vous n’avez fait,
Dans cette inutile fête,
Qu’un éclat fort indiscret,
Qui plus est, fort malhonnête.
perrette
Il est vrai, conduisons-nous mieux ;
Essayons un tête à tête.
Elle renvoie ses gens.
Que mes gens sortent de ces lieux,
Les témoins sont ennuyeux.

Scène xii

Raton, Perrette

perrette

Air : Je n’irai plus seulette aux bois


Tu peux t’expliquer clairement ;
Je t’ai choisi pour mon amant ;
À mes vœux répond sans façon,
Mon p’tit Raton,
Mon p’tit mignon.
raton
Arrêtez-vous donc, finissez donc,
Laissez-moi là ;
En agit-on comme cela ?

Air : Si l’on m’donn’ce garçon-là


Songez à la bienséance.
perrette
Oh ! je m’en dispense.
Mais que vient-il nous conter là ?
En ai-je moins qu’à l’Opéra ?

Air : Je suis Madelon Friquet

Voir la partition
Informations sur cet air

Je suis Madelon Friquet,
Si l’on s’en choque,
Je m’en moque,
Je suis Madelon Friquet,
Et je me moque du caquet.
raton

Air : Que de bi, que de bariolet


Ô Dieu, qu’elle m’ennuie !
perrette
Ne songeons qu’à nous réjouir.
raton
Oh ! rendez-moi ma mie,
Ou laissez-moi mourir.

Air : Vivons pour ces fillettes

Voir la partition
Informations sur cet air

Rosette a fait un autre choix,
Et l’on te triche en tapinois.
raton

Air : Non, non, Colette n’est point trompeuse


Non, non, Rosette n’est point trompeuse.
Que votre esprit est rusé !
À part.
Bon, bon ! Perrette est une menteuse.
À Perrette.
Ce détour est trop usé.bis
Si Rosette était coquette,
Cela serait bien fâcheux,
Mais les amours de Perrette
N’en iraient pas beaucoup mieux.
Non, non, etc.
perrette

Air : Maître d’un joli jardinet


Eh, quoi ! ton cœur est sans pitié
Pour l’amitié
La plus forte ?
Tu sais que j’ai beaucoup de bien.
raton
Hé, bien ! hé bien !
Que m’importe ?
perrette
Allons au fait, dis-moi.
raton
Quoi ?
Dieux ! quel martyre !
perrette
Veux-tu de moi, Raton ?
raton
Non.
C’est tout vous dire.
perrette

Air : Tout roule aujourd’hui dans le monde


À part.
Que cette constance est parfaite !
À Raton.
Quoi ! j’en aurai le démenti !
Sois donc le mari de Rosette ;
J’y consens, je prends mon parti.
Va la chercher, et lui prodigue
Les soins, les transports les plus doux ;
Mais comme le chagrin fatigue,
Au berger Robin.
Robin, qu’il boive un coup chez nous.
Elle parle à l’oreille de Raton.

Scène xiii

Gringole, Perrette

gringole

Air : Tandis que nous sommes


Hé bien, ma commère,
Comment vous en va ?
perrette
C’est Rosette qu’il préfère.
gringole
Et vous souffrirez cela ?

Air : Modérez-vous, Cadet


Vengeons nos cœurs jaloux ;
Vengeons-nous, vengeons-nous.
perrette
Sans cesse il le répète ;
Allez, rassurez-vous,
Je veux, dans mon courroux,
Qu’il épouse Rosette.
gringole, sur le ton du dernier vers
Y pensez-vous Perrette ?
perrette

Air : Je voudrais bien me marier

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Informations sur cet air

Oui, par mon ordre, en ce moment,
On avertit la belle
Qu’on va lui rendre son amant.
gringole
Pardez-vous la çarvelle ?
perrette

Air : Il est mort ; non, c’est qu’il dort


J’ai prévenu votre vengeance,
L’ingrat méprise mes attraits.
Excuse-t-on pareille offense ?
De ma rage il sent les effets.
On apporte Raton endormi.
Regardez.
gringole
Il est mort !
perrette
Non, c’est qu’il dort.
Il dormira longtemps, je vous le jure
Dors, dors, dors, pour venger mon injure ;
Dors, pour venger mon injure.

Air : Pour voir un peu comment ça f’ra


Certain breuvage de pavot
Va pour toujours glacer son âme ;
Il dormira comme un sabot,
En dépit de sa chère femme.
gringole
Par la morguenne, il est bon là.
Voyons un peu comment ça f’ra.
ensemble, ensemble

Air : Trois petits couteaux


Qu’il est doux d’exercer sa haine !
Farlarira, larira, dondaine.
perrette
Rosette vient chercher Raton.
ensemble, ensemble
Farlarira, dondon, dondon, dondaine
Farlarira dondon.
gringole

Air : À sa voisine


On a cent fois plus de plaisir
À venger sa tendresse,
Qu’on n’en peut jamais ressentir
Dans l’amoureuse ivresse.
Ma commère, qu’en dites-vous ?
perrette
Différemment je pense :
Je trouve l’amour bien plus doux
Que la vengeance.

Scène xiv

Raton se réveillant

raton

Air : Trembleurs

Voir la partition
Informations sur cet air

Ciel ! où suis-je ? je frissonne...
Quel nuage m’environne !
Ah ! la force m’abandonne.
Quel cruel revers m’abat !
Serait-ce un tour de Perrette ?
Dieux ! quelle langueur secrète
Pourrais-je aux yeux de Rosette
M’offrir en ce triste état ?

Scène xv

Rosette, Raton

rosette
Ô doux espoir !
Je vais donc le revoir,
Ce cher amant
Qui causait mes alarmes !
Ô doux espoir !
Je vais donc le revoir,
Ce cher amant
Qui m’aime constamment.
Ah ! le voici ;
Mais quel souci
Lui fait encor verser des larmes ?
Oh ! qu’as-tu donc ?
Pauvre Raton,
Mon bel ami !
Il est endormi.

Air : Ah ! Thomas, réveille, réveille

Voir la partition
Informations sur cet air

Ah ! Raton, réveille, réveille,
Ah ! Raton, réveille-toi !
En ce jour tu vas être à moi.
Eh ! Raton, Raton,
Ah ! Raton, réveille, réveille,
Ah ! Raton, réveille-toi.

Air : Je sommeille


Il dort encor plus fort, je crois.
Hélas ! n’entends-tu pas ma voix ?
raton
Je sommeille.
rosette
Tu prends bien ton temps pour dormir !
Viens livrer ton âme au plaisir,
Qu’il te réveille.
raton

Air : Je crois, Lison


Ah ! quel chagrin !
Robin, ce berger malin,
En me versant du vin,
A fait un sortilège.
rosette
Que dis-tu donc ?
raton
J’aurai pris quelque poison.
Vous le dirai-je ?
Mon cœur est comme un glaçon.
Charmé de nos nœuds,
Mes feux
Faisaient mon bien suprême.
Mais à tant d’ardeur
Succède la froideur.
rosette
Reprends tes esprits,
Mon fils,
Tu sais combien je t’aime.
raton
C’est quelque jaloux
Qui jette un sort sur nous.
Je m’affaiblis,
Malgré moi je m’assoupis.
De mes sens dépéris
À peine ai-je l’usage.
rosette
Je vous plains fort...
En me parlant, il s’endort.
Ah ! quel dommage !
C’est un sort,
Il n’a pas tort.

Air : Dieu bénisse le Roi Jacques


Cette indolence est unique :
Quel rôle pour un amant !
Un sommeil si léthargique
Refroidit le dénouement.
Allons, allons gai, gai,
Allons, allons gaiment.

Air : Gentille pèlerine


Au mal qui te possède
N’est-il point de remède ?
Qu’Amour vienne à notre aide,
Ainsi qu’à l’Opéra.
raton
C’est vous que je réclame.
rosette
Va, je serai ta femme.
S’il suffit de ma flamme,
Regarde-moi.
raton
Oui-dà.
Je sens cela
Propre au mal qui me tient là.

Air : Quand on sait aimer et plaire


Mon ardeur naît de la tienne,
En dépit des envieux.
Est-il un charme qui tienne
Contre celui de tes yeux ?
Comme on voit la fleur renaître,
Après les cruels hivers,
Mon cœur prend un nouvel être,
Après mille maux soufferts.
Mon ardeur naît de la tienne,
En dépit des envieux.
Est-il un charme qui tienne
Contre celui de tes yeux ?
Ah ! Rosette fixe encore
Sur moi ce regard charmant.
Un plus beau jour semble éclore ;
L’Amour te rend ton amant.
ensemble, ensemble
L’amour me/te rend mon/ton amant.
C’est en vain que l’on s’oppose
Aux vœux d’un cœur bien épris ;
Des tourments que l’Amour cause,
L’Amour lui-même est le prix.
rosette

Air : Il n’est pire eau que l’eau qui dort


Ne craignons plus Perrette, ni Gringole.
À nos transports nous pouvons nous livrer.
Ils ont chacun fait un si mauvais rôle,
Qu’ils n’oseront plus se montrer.

Air : Ma maîtresse est une blonde


Çà, qu’une danse légère
Te réveille tout à fait ;
Du breuvage somnifère
Elle détruira l’effet :
Et ziste, zeste,
Leste, preste,
Il faut faire un saut.
La danse est tant à la mode\footnote Note de l’édition : La danse était alors une fureur à tous les théâtres, et l’on donnait des ballets aux Français après Atrée et Thyeste.
Que partout on s’en accommode.
C’est le remède qu’il te faut.

Air : Mon mignon, tout de bon


Ne songeons plus qu’à nous unir,
Des ménestriers vont venir ;
Car je les ai fait retenir :
Ils vont faire merveille.
ensemble, ensemble
Les voilà !
Ah ! déjà,
Ton/Mon cœur se réveille.
On danse.
divertissement
Ronde, chantée par Rosette
coupletvaud 0
10
Saison des plaisirs charmants,
Et des tendres fleurettes,
Tu rends joyeux les amants,
Les filles guillerettes :
Joli mois de mai,
Que tu nous rends le cœur gai !
11
C’est toi qui fait reverdir
L’herbette joliette,
Et qui fais épanouir
Le cœur d’une brunette :
Joli mois de mai,
Que tu nous rends le cœur gai !
12
C’est toi qui fait soupirer
L’innocente fillette :
C’est toi qui fait désirer
Le doux prix d’amourette.
Joli mois de mai
Que tu nous rends le cœur gai !
13
D’un hiver plein de rigueurs,
C’est toi qui fonds la glace.
Si l’Amour a des froideurs,
Que ton retour les chasse :
Joli moi de mai,
Rends-nous, rends-nous le cœur gai !
14
Tu ranimes les couleurs
De la brillante Aurore ;
Ranime aussi les ardeurs
De l’Amant que j’adore :
Joli mois de mai,
Rends-lui, rends-lui le cœur gai !
\provair de La Serva Padrona E mi par’ che già
Ah ! ton teint a repris
Son brillant coloris ;
J’y vois renaître enfin les ris.
Tu te sens mieux ?
raton
Oui.
rosette
Tu te sens mieux ?
raton
Oui.
rosette
Ah ! mon cœur en est réjoui.
Tu te sens mieux ?
raton
Oui.
rosette
Tu te sens mieux ?
raton
Oui.
rosette
Ah ! mon cœur en est réjoui.
On danse.
ariette, notée n.6 Cola sul praticello
rosette, à Raton
Vois sous cette verdure
Cette onde vive et pure
Qui coule, murmure
Sur ces cailloux ;
Les oiseaux jaloux
Imitent ses glouglous.
Ainsi nos beaux jours,
Au sein des amours
Vont couler ;
Rien ne les pourra troubler.
Ah ! quand j’y pense,
Je sens d’avance
Mon cœur qui pétille,
Mon cœur qui sautille,
Sautille, sautille, sautille,
Comme le ruisseau que voilà.
Raton, mets ta main là.
Titata, titata.
Sens-tu qu’il fait déjà
Tati tata, ta tita ta.
Dès qu’un hymen heureux
Aura ferré nos nœuds,
Les vallons et les montagnes,
Les forêts et les campagnes
Seront témoins des flammes
Qui brûlent dans nos âmes.
Plus de contrainte,
Nous pourrons sans crainte
Nous livrer sans cesse
À la tendresse ;
En tous lieux, les Zéphyrs
Porteront nos soupirs.
Quel plaisir, quel plaisir,
Lorsque l’on s’aime !
Nos deux cœurs vont jouir
D’un bien suprême.
Quel plaisir, quel plaisir,
Lorsque l’on s’aime !
Dans les airs, les Zéphyrs
Porteront nos soupirs.bis
À nos ardeurs fidèles,
Les tendres tourterelles
Applaudiront des ailes,
Et pour nous animer,
Pour mieux nous enflammer,
Dans des moments si doux,
Elles feront avec nous
Roucou
Rou, rou, rou, rou
Elles feront avec nous,
Roucou, roucou, roucou.
vaudeville
coupletvaud 0
15
raton
Nous n’avons plus rien à craindre,
Mes feux se sont ranimés ;
En cherchant à les éteindre,
Nos jaloux les ont rallumés.
Désormais, soyons tranquilles ;
Leurs fureurs sont inutiles :
Ils n’ont fait qu’un bruit éclatant ;
Autant en emporte le vent.
Autres couplets, chantés par différentes personnes.
16
Une mère avec prudence,
À sa fille nuit et jour
Ne prêche que l’innocence,
Et lui fait horreur de l’amour.
Mais dans l’âge où l’on soupire,
Les leçons n’ont plus d’empire.
Vous avez beau dire, Maman,
Autant en emporte le vent.
17
Ne faites point la conquête
D’un petit abbé coquet,
Qui semble porter sa tête
Toujours sur le haut d’un piquet.
De ce diseur de sornettes
N’écoutez point les fleurettes :
Il n’a que le ton suffisant
Autant en emporte le vent.
18
Le jeune officier sait plaire ;
Mais aussi vif qu’un éclair,
Sur lui quel fond peut-on faire ?
Ce n’est que du bruit et de l’air.
N’espérez pas qu’il s’engage :
Ce n’est qu’un ardent volage ;
Et l’on s’égare en le suivant.
Autant en emporte le vent.
19
Ne prenez pas, jeunes filles,
Le petit-maître manqué.
Il ne vit que de pastilles ;
Il est tout confit, tout musqué.
De ces amants à l’eau-rose
La tendresse est peu de chose :
On en est la dupe souvent ;
Autant en emporte le vent.
20
L’amant sincère est timide ;
Mais sa crainte en dit assez.
L’amant volage et perfide
Rend des soins bien plus empressés.
D’un amour tendre et fidèle,
D’une constance éternelle
Il fait vainement le serment ;
Autant en emporte le vent.
21
Critiquer un badinage,
C’est lui faire trop d’honneur :
Messieurs, notre faible ouvrage
N’est pas digne d’un censeur.
N’ayez que de l’indulgence ;
On en a sans conséquence
Pour l’amusement d’un instant :
Autant en emporte le vent.
Fin

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