Jean des Dardanelles

Author:
Parody of: Dardanus de La Bruère et Rameau
Date: 1st
Anonyme

Jean des Dardanelles


Parodie de l’opéra de Dardanus qui peut se chanter sur la même musique en cinq actes


BnF ms. fr. 25480, f. 401-424
definitacteur, l’amour lamour

Acteurs


Vénus
L’Amour
Les Plaisirs
La Jalousie
Les Soupçons
Une Bergère
prologue

Scène i

Vénus

vénus
Entrez, Plaisirs poupons, folâtrez dans ces lieux,
Caracolez, nichez dans ma volière.
Ma foi, l’amour est maupiteux
Si vous n’escortez ses jeux.
Trottez dedans ma gibecière,
N’allez point, à l’instar de ces esprits follets,
Déguerpir de vos cages.
Écoutez bien la voix de mes sifflets,
Je mourrai de dépit, si vous êtes volages.
Entrez, Plaisirs etc.

Scène ii

Vénus, L’Amour

lamour
Çà, qu’on crève de rire auprès de mes autels,
Corbleu, je suis roi des mortels !
Et vous, ragoûts d’amour, délogez sans trompette.
Soupçons, Troubles cruels, Dépit, Maris jaloux,
Quoi donc, ventre de boue, vous osez faire tête ?
Je vous... Mais il vaut mieux enchaîner mon courroux.
l’amour et vénus, ensemble
Ajustez à chacun leur paire de manchettes,
Plaisirs, et que tous ces cagots
Apprennent qu’aujourd’hui la reine des toilettes
N’a point affaire à des peuples manchots.

Scène iii

Vénus

vénus
Quel calme ! Je frémis, je meurs, je suis perdue,
Ici tout est à l’abandon.
Pleurez, pleurez mes yeux, ma cour est confondue,
J’entends l’Amour ronfler en faux bourdon.
Parbleu, mon fils, et vous, sa confrérie,
Vous avez tous l’air bien nigaud.
Voulez-vous bien, Messieurs, sortir de cette rêverie,
Ou, pour vous éveiller, je vous fais faire un saut !
Des noirs soupçons j’appelle les brigades,
Venez, faites des barricades.
J’abandonne ces lieux à vos noires fureurs.
Je sais que vos ébats ne valent pas le diable,
Mais j’aime mieux votre train détestable,
Que du sommeil essuyer les langueurs.

Scène iv

La Jalousie et sa suite

Sans nous, l’Amour serait [un] chétif Scaramouche.
C’est bien nous qui peuplons son université.
Et, soit dit entre nous, si nous prenons la mouche,
L’on verra l’Amour éclopé,
Les Plaisirs froids et Vénus louche.

Scène v

[Vénus, L’Amour, le Chœur]

vénus
C’en est trop, taisez vous, et votre air fanfaron
Devrait plutôt ici se mettre à la raison.
C’est des Plaisirs qu’Amour tient et la vie et l’être,
Votre chef n’est ici qu’un bien petit garçon.
Gardez-vous donc bien de prendre en ma maison
Ces airs de petit-maître.
Troubles cruels, Soupçons injurieux,
Vous, dont l’orgueil est la mère nourrice,
Qui versez sur l’amour un vernis odieux,
Ne sucez plus le fiel du bizarre caprice.
Mettez dans l’alambic les cœurs brûlés de feux,
Soyez de nos amours et le poivre et l’épice.
Logez dans les cœurs amoureux,
Mais gardez-vous, cruels, de faire leur supplice.
Quand Aquilon fougueux peut faire une incartade
C’est lors un vrai lutin qui brise tout vaisseau.
Mais quand Éolarduor pour le mettre au niveau,
De son trident affreux lui lance une bourrade,
Mon gars, pour s’adoucir, n’a besoin de pommade,
Il devient un agneau.
lamour
Ne perdez pas un mot de ce capitulaire,
Et tous les jours, mortels, lisez mon bréviaire.
chœur
Soyons chanoines de Cythère,
Chantons tous le tendre amour.
Les Plaisirs sont les seuls prébendiers de sa cour.

Scène vi

[Une Bergère, L’Amour]

une bergère
À quoi sert des mortels de se voir adorer,
Si d’une once d’amour le cœur n’est saupoudré ?
La houlette est un sceptre aux mains d’une bergère,
Quand son cœur de Vénus a pu goûter la loi,
Ou quand de son berger elle sait le mystère.
L’amant seul est un vrai roi.
lamour
Faisons bien tous notre devoir.
À chanter, à sauter mettons notre savoir.
Du Nestor des amours, récitons les chroniques.
Jean, vous le connaissez, c’est l’Hector de ma cour.
C’est un brave à trois poils qui sut bien mes rubriques.
Enfant gâté de Mars, enfant gâté d’Amour,
Sa légende est ici gravée en nos portiques.
C’est le César de ce séjour.
finprologue

Acteurs


Pernelle, fille de Canut, amante de Jean
Vénus
Une Poissarde
Autre Poissarde
Trois Songes
Jean des Dardanelle, amant de Pernelle
Barberousse, rival de Jean
Canut, roi de Troie, père de Pernelle
Machiavel, magicien
La scène est dans le palais de Momus.

Jean des Dardanelles


Acte i


Scène i

Pernelle

pernelle
Apaise la fureur de tes griffes cruelles,
Tes coups fatals, Amour, m’ont mis en beaux draps blancs.
Les soins font palpiter mes flancs.
Quoi, mon cœur, se livrer à Jean des Dardanelles !
Pernelle, as-tu perdu le sens ?
Vous donc, à qui son bras a coupé la parole,
Guillaume et Pierre mes aïeux,
Mon bon sens disloqué fait une cabriole,
D’aimer votre ennemi ne suis-je pas bien folle ?
Sortez, paraissez, demi-dieux,
Venez, Jean est déjà le maître de la place,
Si je puis résister à l’éclat de ses yeux,
Je veux mourir sur cette place.

Scène ii

Canut, Pernelle

canut
Riez, chantez, dansez, l’affaire est en bon train,
Barberousse est encor armé pour ma défense.
Ma foi, messire Jean, je t’attends, à demain !
Et ce cafard verra que, non sans doléance,
Un mortel de Canut irrite la clémence.
Mais ce héros veut votre main.
pernelle
Je frémis.
canut
Voilà qu’il s’avance.

Scène iii

Canut, Pernelle, Barberousse

barberousse
Pernelle, avec l’ardeur qui loge là-dedans,
Pour assurer vos jours, oui, oui, j’irais me pendre,
Ou s’il fallait, mon courage irait prendre
La lune avec les dents.
pernelle
D’un héros tel que vous, nous devons tout attendre.
Mais Monsieur, Jean est fils de monseigneur Jupin,
Ce roi du Tonitrus pour son fils s’intéresse.
barberousse
Si Jupiter est son parrain,
Tudieu, vous êtes ma maîtresse.
canut
Laissez-là les compliments.
Afin de rendre ici notre union plus forte,
Garrottons-la des plus sacrés serments.
Laissons-les sur ces monuments,
Afin que rien ne les emporte,
Sur l’aile du diable ou des vents.
canut, barberousse, ensemble
Oui, oui, que la peste me crève.
Si ce bras aujourd’hui n’écorche Jean tout vif,
Nous consentons tous deux d’être roués en Grève.
Si nous ne le pendons sur les branches d’un if,
Que l’on m’accroche au bout de la fourche du diable.
Si je trahis mes serments,
Que Belzébuth se loge sur mes dents,
Que deux corbeaux empoisonnent ma table,
Ce sont là mes sentiments.
Après cet alphabet des bateliers de Loire,
Quel Dieu pourrait briser ces nœuds ?
Peuples, chantons le jour heureux,
Qui ressuscite notre gloire.
barberousse
Mars et Bellone eussent-ils peur,
Je serais, moi, plein de valeur.
chœur
Mars etc.
barberousse
Puissant Dieu de la ferraille,
La victoire toujours seconde vos projets,
Et, pour vous obéir, est toujours aux aguets.
Venez, frappons et d’estoc et de taille.
Je puis faire avec vous pleurer cette canaille,
Mais quand même vous auriez peur,
Je serais, moi, plein de valeur.
une poissarde
De Renaud le boucher vous tenez cette lame,
Elle est bonne, ma foi, suffit je vous le dis.
Allez, battez-vous bien, je promets à votre âme
Quatorze bons de profundis.
barberousse
Pour tout soldat défunt, chantez le libera.
Mais, goujats, si quelqu’un doutait de la victoire,
Qu’il fasse auparavant un bon mea culpa,
Qu’il chante un oremus, pour moi, je m’en vais boire.

Scène iv

Pernelle

pernelle
Je ne serai donc pas la maîtresse chez moi ?
L’amour à la raison veut-il faire la loi ?
Consultons Machiavel, s’il peut rompre ce piège.
On dit que ce grand homme a d’assez bons onguents,
Qu’il devine aussi bien que l’almanach de Liège,
Et qu’il est, dans ces lieux, médecin du bon sens.

Acte ii


Scène i

Machiavel

machiavel
J’entends d’ici qu’on rit dans Ispaham.
Et sans le secours des lunettes,
Je vois ce que l’on fait au sein de Rotterdam.
Mon seul regard suspend la course des planètes.
J’ai la science d’Abraham,
J’ai vu notre père Adam.
Nul papelard ne sait tant de sornettes.
Mais qui va là ? c’est Jean.

Scène ii

Machiavel, Jean des Dardanelles

machiavel
Ah, vous n’y pensez pas,
Que diable venez-vous faire en cette galère ?
La raison vers ces lieux n’a point guidé vos pas,
Vous savez que Canut est un méchant compère.
jean
Trêve de tout conseil.
Mon bonheur est chez vous, voilà ce qui m’altère.
Je cours après les yeux d’un visage vermeil.
machiavel
Vous connaissez mon petit savoir faire,
L’honneur sera mon unique salaire.
Parlez, faut-il aller à Monomotapa ?
Regardez-[moi] comme votre confrère,
Je suis ami de votre cher papa.
Voulez-vous voir tout l’ordre diabolique ?
Voulez-vous voir Gripet ranger ses escadrons ?
Je poste pour cela ma lanterne magique.
À moi, cher Agrippa, viens donc, nous t’attendons.
jean
J’éprouve en ce moment une guerre cruelle,
Je meurs si je ne fais un baiser à Pernelle.
machiavel
Tudieu ! Vous nous portez un cœur bien égrillard.
jean
Jadis, la clef des champs fut donnée à ses charmes.
Malgré mon amour babillard,
Ce lutin pérora, plaida, versa des larmes,
Mais moi, je méprisai son caquet nasillard.
Au fond devais-je alors dans un dépit extrême
Insulter en tyran ses attraits enchaînés ?
Cela convient à des Turcs forcenés.
Ah, je veux que si l’on m’aime
Ce soit pour mon beau nez.
machiavel
En fait, d’amour j’approuve assez votre système.
jean
Pernelle doit venir, souffrez qu’en la voyant
Je puisse contenter mon appétit gourmand.
Je verrai face à face
Ses yeux brillants comme l’éclair,
Dieu m’en fasse bientôt la grâce.
machiavel
Vous vous trompez, soit dit sans vous fâchez,
Votre esprit, monsieur Jean, va trop vite en besogne.
Vous connaissez Canut et sa quinteuse trogne,
Vous savez qu’il n’est point aisé de l’accrocher.
jean
Si Pernelle avec Jean voulait couche commune,
Je trouverais moyen d’être alors son mari,
Je dirais, serviteur, à madame Fortune.
Si Canut, dans ce cas, me refusait sa brune,
Il s’en mordrait les doigts, j’en fais bien le pari.
machiavel
Ouf, je suis étouffé de joie
En regardant ce que je vois.
Je suis, moi, seul devin, seul oracle de Troie,
Gens de Piémont et de Savoie,
Chats-huants, noirs hiboux, rangez-vous près de moi.

Scène iii

Machiavel, Jean, Sorciers

machiavel
Hâtez-vous, allumez ma lanterne magique.
Crions tous comme des perdus.
De ce sabbat vous savez les rubriques,
Il faut partout être entendus.
chœur
Hâtons-nous etc.
machiavel
Soleil, montre-nous ton derrière,
Cache-nous au plus tôt ton visage gaillard !
Et que tout l’univers joue à colin-maillard,
La nuit éclaire assez notre bande sorcière.
chœur
Hâtons-nous etc.
machiavel
Je suis content de vous, car au sombre séjour,
Diablesses et démons vous ont entendu braire.
Je le vois, mes enfants, vous cherchez à me plaire,
Vous avez étonné le barbare Cerbère,
Et ce chien caresse l’amour.
Ma foi, tous mes projets trottent le mieux du monde.
Machiavel donne à Jean la baguette de magicien.
Empoignez bien ce gros bâton,
Et pour bien réussir retenez ma leçon.
Vous prendrez lors ma face rubiconde ;
Mais ne le lâchez pas, parce que sans cela,
J’en jure par les dents de mère Cunégonde,
Vous serez bientôt à quia.
chœur
Croyez-en à ce vieux barbon,
Gardez votre baguette.
S’il craint pour vous, n’a-t-il pas bien raison ?
Ne perdez jamais la tête,
Et pour de vains plaisirs n’allez pas, bonne bête,
Dans le puits faire le plongeon.
machiavel
Monsieur Jean, je vous laisse en bonne compagnie,
Mais souvenez-vous bien de la cérémonie.

Scène iv

Barberousse, Jean sous les traits de Machiavel

barberousse
Taisez-vous, mon honneur, je n’en veux pas rougir...
Je viens vers vous, Monsieur, conter une nouvelle.
Je voudrais m’en passer, mais je n’en puis guérir.
Je vous le dis tout franc, je brûle pour Pernelle,
Et Canut veut nous unir.
jean
Vous unir ! vous, Monsieur.
À part.
Ah, tigresse ! Ah, cruelle !
barberousse
Pour obtenir du roi sa fille et ses joyaux,
J’ai juré devant lui d’embrocher son corsaire.
Il me semble déjà voir, par sa jugulaire,
Sortir son âme et ses boyaux.
jean, à part
Mais songe-t-il qu’il parle à Jean des Dardanelles ?
À Barberousse.
Je prédis que vos vœux fidèles...
barberousse
Ah, puisse ce secret pourrir dans votre sein.
Ma curiosité veut bien être trompée,
Toute ma fortune est au bout de mon épée,
C’est là mon sort, c’est mon destin.
Je voudrais seulement savoir si le maroufle
A de dame Pernelle embéguiné l’esprit,
Si, contre mon espoir, pour lui le bon vent souffle.
Parlez, consolez-moi, je suis tout interdit.
jean
Quel faquin oserait, malgré votre moustache,
Vous couper l’herbe sous les pieds ?
barberousse
Monsieur, personne que je sache,
Mais pour me rassurer consultez vos trépieds.
jean
Mes sens et mes esprits vont à la découverte,
Et croyez qu’aujourd’hui, pour un doigt de ma main,
Je voudrais pour mon bien connaître ce faquin.
Ah, pour le deviner nous serons bien alerte !
barberousse
Pernelle vient, je fuis. Bonsoir, Monsieur, bonsoir,
Ne me retenez pas, adieu jusqu’au revoir.

Scène v

Pernelle, Jean sous les traits de Machiavel

jean
Je la vois. Çà, mon cœur, faisons bien toutes choses,
Et vous, gardez-vous bien de vous émanciper,
Mes yeux, et n’allez pas, du moins avant souper,
Lui découvrir le pot aux roses.
À Pernelle.
Salut, cent fois salut, Pernelle, mon bijou.
pernelle
Hélas !
jean
Vous soupirez !
pernelle
Ah, je n’ose le dire.
Mon cœur, Monsieur, est un grand fol,
Il s’est coiffé d’un vrai filou.
Ah, vous en crèverez de rire.
jean
Non, non, ne craignez pas, mais je veux tout savoir.
pernelle
L’on m’a volé mon cœur, pourriez-vous le ravoir ?
J’en mourrais, Monsieur. Pour deux mailles,
Vous commandez, dit-on, aux diables, aux lutins,
Lisez à votre gré le livre des destins.
Hélas, mon bon monsieur, je suis dans les broussailles.
Pourriez-vous pas tirer ce feu de mes entrailles ?
De ce bourreau d’Amour mon cœur est le martyr.
Pourriez-vous...
jean
Vous aimez ? Ah, que je viens d’ouïr ?
pernelle
Mais, avant d’achever, prenons un peu d’haleine.
Et votre cœur ne peut qu’évanouir,
Quand il saura de qui le mien a pris la chaîne.
jean
Ah, parlez au plus tôt, nommez-moi l’heureux gars...
pernelle
Le croirez-vous, c’est ce rebelle
Qui longtemps pour Canut mania la truelle.
Il a fasciné mes regards.
jean
Achevez. Quoi, c’est Jean ?
pernelle
Lui-même.
Ma bouche dit souvent, c’est un franc animal,
Mais mon cœur, dit toujours je l’aime.
Hélas, mon révérend, guérissez-moi ce mal.
Supplions votre ardeur de n’en jamais démordre,
Sans avoir rétabli les droits de ma raison.
Dans mon petit tripot ramenez le bon ordre,
Et dénichez l’amour de toute ma maison.
jean
Parbleu, vous voilà bien malade !
Ne vous y frottez pas, j’aurais la clef des cœurs
Que je m’obstinerais, ma gentille naïade,
À vous faire rôtir par ce mal rétrograde,
Et soufflerais à vos ardeurs.
pernelle
Ciel !
jean
Nous sommes bien loin de compte !
Et votre petit cœur avec votre air sucré,
S’il perdait son amour serait désespéré.
En disant, j’aime un tel, faut-il avoir de honte ?
pernelle
Qu’entends-je ?
jean
Vous tenez sieur Jean dans vos filets,
Ce sont tisons d’amour que ses yeux freluquets.
Aimez, ne craignez pas d’adorer un perfide.
pernelle
Jamais je ne vous vis si doux, si relâché.
Si je voulais avec vous en découdre,
Vous prendriez, je crois, sur vous tout le péché,
Fuyons.
jean
Ne peut-on vous résoudre ?
Un mot Pernelle, un mot, me reconnaissez-vous ?
Voyez, voyez à vos genoux.
Il jette la baguette, et reprend sa figure.
pernelle
Que vois-je ? C’est vous, Jean ?
jean
Venez ma tendre mie,
Laissez-moi reposer un moment dans vos bras.
pernelle
Je suis au désespoir, mais je ne le puis pas.
jean
Allons Pernelle, allons, trêve de prud’homie !
pernelle
Vous me parlez en vain.
jean
Me cacher vos appas ?
Jean, si vous me quittez, va tomber en démence.
pernelle
Je ne sais si je vis, je ne sais si je pense.
Adieu, bon Jean, je porte ailleurs mes pas.
jean
Un moment !

Scène vi

Jean

jean
Elle fuit ! Mais, corbleu, je m’en moque,
Le tout bien rebattu.
Du savoir d’Agrippa, j’éprouve la vertu.
Je viens de découvrir une gentille époque,
Mais il faut déguerpir de peur qu’on ne me croque,
Le tout bien rebattu.

Acte iii


Scène i

Pernelle

pernelle
Je bronche à chaque pas, mon nez frappe aux corniches,
Et si le pauvre Jean était longtemps captif,
L’on peut me préparer un nez, des yeux postiches.
Ah, si Jean de Nivelle était écorché vif,
Car, de ce noir projet on grave les affiches,
Ah, je ne voudrais pas, quoique notre ennemi,
Que l’on le fit Barthélemy.
Ici toute mon âme est fort mal à son aise,
Mon courage est penaud, et mon visage blaise.
Ce sont pourtant pour moi des os qu’il faut ronger.
Ah, tout ce que j’en dis n’est point par parenthèse,
Et ma douleur n’est point fadaise.
Sans pleurer chaudement je ne puis y penser.

Scène ii

Barberousse, Pernelle

barberousse
Canut, dès aujourd’hui, veut célébrer la noce.
Pour moi, je le veux bien, je ne l’en dédis pas.
Il a trois cuisiniers pour faire le repas,
Et de messire Jean l’on prépare la fosse.
pernelle
Mais pourquoi donc se presser tant ?
Je ne sais pas comme on l’entend,
Peut-on, à des festins, unir des funérailles ?
De grâce, taisez-vous, votre conte m’endort.
Je vois le deuil dépeint sur ces murailles,
Peut-on rire en faisant les obsèques d’un mort ?
barberousse
Cela se peut fort bien. L’on se pâme de rire,
Ce jour est comme un mardi gras,
Et quoique monsieur Jean galope à son trépas,
Chacun berne le pauvre sire.
pernelle
Pour moi, cela me fend le cœur,
Et je soutiens qu’on est arabe
De goguenarder Jean, en proie à son malheur.
barberousse
Pour moi, s’il faut pleurer, je suis son serviteur.
Je n’ai point le cœur tendre, et vais le dire en souabe
Si l’on vous voit pleurer, mes yeux.
Qu’on pende Jean, ou qu’on l’écorche,
Que de sa dernière heure, on allume la torche,
Je ris toujours d’un air joyeux.
pernelle
Hélas, tandis que Jean sera dans la torture,
Puis-je accepter vos mains teintes du plus beau sang ?
J’aime mieux préparer l’onguent pour sa brûlure.
barberousse
Mais tous ces airs piteux sont-ils pour votre rang ?
Votre esprit me paraît nourri de soliloque,
Vous avez mis le nez dans Marie Alacoque,
Mais le cœur n’est-il pas un peu dévot à Jean ?
pernelle
Juste Ciel !
barberousse
Avouez, ma très chère maman,
Qu’en faveur du nigaud vous avez pris la mouche,
Que vous avez de lui quelque aune de ruban,
Et que vos yeux l’admettraient dans leur couche.
pernelle
Eh, de grâce, laissez ces propos médisants.
chœur
Que l’on danse, que l’on frétille,
Les dieux nous font de beaux présents.
barberousse
Voyez comme l’on s’égosille,
Et vous serrez les dents.
pernelle
Non, je ne veux point rire, et dans mes soins ardents,
Je n’ose prendre en ces moments,
Les airs bouffons de Mascarille.

Scène iii

Barberousse, Chœur, [un Colporteur, une Poissarde]

chœur
Allez, galope bien la fille,
Nous n’en serons pas moins contents.
Je vois la Paix, et sa famille,
Portant les Jeux sous sa mandille
Pour venir se loger céans.
un colporteur et une poissarde, ensemble
Dame Catherine,
Paix à la peau fine,
Viens orner ce cadeau.
Depuis longtemps l’on ne voit ton museau.
Dame etc.
chœur
Dame etc.
colporteur et une poissarde, ensemble
Dieu du carnage,
Anthropophage
Quitte ce réduit.
Ma foi, nous n’aimons pas le bruit !
Amour poupin,
Frétille ici sans fin,
Les Plaisirs sur tes pas
Ne se cassent ni jambes ni bras.
La gloire n’est que vent fol qui se prend au piège,
Ma valeur peut seulement,
Fortement,
D’un pâté faire le siège.
chœur
Dame etc.
le colporteur
Là, monsieur Mars
la poissarde
Passez la porte.
le colporteur
Il fuit le gars !
la poissarde
Gripet l’emporte.
tous deux, ensemble
Mais en ce jour,
Pourrons-nous vivre sans l’amour ?
Nos cœurs seraient gelés,
Ce serait bourgs démantelés.
Fanfan joyeux,
Amour, mettez-vous en campagne,
Faites de ces lieux,
Un pays de Cocagne.
chœur
Dame etc.
une poissarde
Nous mourrons tous d’ennui,
Reviens, Amour, à tire d’aile.
Que ta cour chez Pernelle
S’assemble aujourd’hui.
Sans toi l’on est perclus,
Les chagrins velus
D’un cœur reclus
Font le blocus,
Car
Tu peux seul, en Amilcar,
Chasser de nos lits
Les soucis.

Scène iv

Canut, Barberousse, Chœur

canut
Cessez, il faut calmer Jupin le bilieux.
Je comprends qu’il est furieux.
Je vous le dis sans hyperboles,
Chacun peut, à son gré, faire son testament.
Les poissons sont sortis de l’humide élément,
Ce peuple est fort gourmand.
Ah, nous serons mangés des soles !
barberousse
Ah, quel prodige !
canut
On a vu sa majesté Triton
Aux flots épouvantés dire en levant la crête :
Oh, Messieurs les faquins, vous verrez belle fête
Si Jean ne sort de la prison.
Mais je ne le crains pas, ses soins sont superflus.
Il peut me faire entrer au sein d’une baleine,
J’irai me promener dans sa large bedaine,
Mais du moins Jean ne vivra plus.
barberousse
J’aurais coupé les oreilles
À monsieur Jean que nous tenons ici.
Les harengs et bêtes pareilles,
Veulent prendre son parti.
Ces poissons vont trembler en voyant ma figure,
Car je ne suis pas bon quand je suis en courroux.
Et bientôt j’en ferai telle déconfiture,
Qu’ils rentreront dedans leurs trous.
chœur
Allez, noble César, domptez toutes ces soles,
Vous serez seul notre sauveur.
Renvoyez-les aux rives gaules,
Nous vous devrons la paix et le bonheur.

Acte iv


Scène i

Vénus, Jean endormi, Songes, [Sorciers]

vénus
Allez, Fanchon, m’a dit le maître du tonnerre,
Ma majesté, là-bas, ne peut se transporter
Sans un peu se crotter.
Délivrez Jean, qu’on le déferre,
Allez, commencez à trotter !
Enfin donc me voici, restons sous cette tente,
Et vous sorciers, lutins, prenez votre rabat.
Mes conseillers d’honneur, commençons le sabbat,
Je serai votre présidente.
trois songes
Par ce miroir magique,
Que tous vos sens soient disloqués !
chœur
Ronflez.
les songes
Par ce grimoire mystique,
Les chagrins sont suffoqués
Et les Plaisirs convoqués.
L’Amour vient sur votre bord.
chœur
Le coup est fort !
les sorciers
Rions au nez du sort.
chœur
Par ce [miroir magique,
Que tous vos sens soient disloqués.]
les sorciers
Faisons trois nœuds à ces paroles.
Que le myrte et le laurier,
Heureux guerrier,
Couvrent vos épaules,
Et qu’ils s’accordent bien.
chœur
L’honneur n’est rien, etc.
Si l’amour n’est son soutien.
un sorcier
Des harengs affamés ravagent ces contrées !
Allez, volez, prenez des herbes ensoufrées.
Faites rentrer leur âme en leur petit thorax,
Et pour avoir Pernelle, attaquez ces grenouilles,
Qui, pour nous étourdir, enflant comme citrouilles,
Chantent Brekeke Koax Koax.
un autre sorcier
Craignez-vous ? Un seul signe de croix
Va troubler ce peuple aquatique.
Ils seront bientôt aux abois.
Invoquez au combat Pernelle plusieurs fois,
Vous les vaincrez tous sans réplique.
definitacteur, le grand chœur legrandchœur
legrandchœur
Que votre bras renverse
definitacteur, le petit chœur lepetitchœur
lepetitchœur
Les harengs vos rivaux !
legrandchœur
Que votre valeur les disperse !
lepetitchœur
Et faites-la monter sur ses plus grands chevaux.
legrandchœur
Quand vous aurez vaincu ces animaux obliques,
Vous serez, grand héros, l’image de Jupin.
Vous régnerez en ces portiques.
Nous ferons une niche avec du bon sapin,
Et nous encenserons vos os et vos reliques.
lepetitchœur
L’amant est un monarque, il porte la couronne.
Ses tendres plaisirs sont parfaits,
Et son cœur ne baille jamais
Devant les yeux de sa mignonne.
les sorciers et les chœurs, ensemble
Des morts, évoquons les ombres,
Ou plutôt finissons ce sabbat.
Conduit par ces clartés sombres,
Jean, partez pour le combat.

Scène ii

Jean s’éveille

jean
Où suis-je, quel sorcier m’a métamorphosé ?
Je suis sans liens et voilà mon épée.
M’a-t-on dédarnalisé ?
Suis-je bien moi ? Je crois pourtant que c’est quelqu’autre.
N’importe. Je voyais des poissons en rêvant.
Avant de s’engager disons un patenôtre,
Puis sans tarder, flamberge au vent
De la victoire, on m’ouvre la carrière.
Çà, ma valeur, n’allez pas ici reculer.
Ce serait beau que Jean leur montrât son derrière,
Mais plutôt au trépas, fais-les dégringoler.
En vainquant, nous gagnons une immortelle gloire,
Et Pernelle est à nous par-dessus le marché.
Alors, un bel esprit écrira notre histoire,
Et je n’en serai point fâché.

Scène iii

Barberousse

barberousse
Si je n’étais coiffé de ma sotte Pernelle,
J’irais moi, d’un œil sec, m’offrir à ces poissons,
Et leur dirais d’un ardent zèle :
Voilà mes os, broutez, mangez, chers compagnons !
Cela fait frémir la nature,
Et ce n’est point égratignure
Que d’être rongé tout vivant.
Mais j’aime mieux votre morsure,
Qu’éprouver de l’amour la venimeuse dent.
Pour guérir de vos coups, l’on trouve des remèdes,
Emplâtres chauds ou tièdes.
Mais pour les blessures d’amour,
Nous avons beau courir à quelque apothicaire,
Ils n’y font tous que de l’eau claire,
Et loin d’être contre, on est pour.
Cela fait etc.
Quel bruit ! Quel vacarme effroyable !
Ah, grands Dieux, quel charivari.
Le tonnerre vengeur a fait un cri de diable.
Ah Seigneur, peccavi, je meurs, j’en suis marri...
Pourquoi chanter palinodie ?
Pourquoi craindre ? Ah, plutôt mettez ma tête au c[roc]
De tout cet univers dérangez l’harmonie
Brisez, coupez, mon cœur est ferme comme un r[oc].
Mais, d’un merlan je vois la face,
Ah, Monseigneur poisson, épargnez-moi, de grâce !

Scène iv

Jean, Barberousse

jean
Il est dans le bourbier, laissons-y ce cafard !
Mais non, il faut que je l’en tire.
barberousse, voyant le monstre tué
Le monstre est abattu, je recommence à rire !
Ô ciel, on n’y voit goutte en cet épais brouillard.
Quel héros ou quel Dieu m’a sauvé du lézard ?
Vous me quittez ?
jean
Bonsoir à votre seigneurie.
Vous savez si je suis de quelque confrérie ?
barberousse
Prenez du moins ce fer, je vous en fais présent.
Vous faites des façons ? Ma foi, je vous le donne,
Je n’en ai pas besoin, je n’attaque personne.
Que pour vous, de mon cœur, ce soit les monuments.
J’en atteste le diable et tous ceux de sa secte :
Parlez et demandez, sans un plus long enquis,
Il sera fait d’abord comme il sera requis.
Parlez. Ah, que ma foi ne vous soit point suspecte !
jean
Ne te moques-tu pas ?
barberousse
Non, soyez-en certain.
Me croyez-vous infidèle ?
Qu’exigez-vous ?
jean
Il faut accorder à Pernelle
La liberté de cracher dans ta main.
barberousse
Ah, plutôt que ton bras me casse la mâchoire.
jean
Tu l’as juré, c’était en bon latin,
Si j’ai bonne mémoire.
barberousse
Ah, corbleu, je suis pris, mais revenez demain !

Scène v

Barberousse

barberousse
Oui, je suis un sot en trois lettres,
Et je serai la fable du public.
Il faut m’aller cacher ! Allons, prenons nos guêtres.
Déjà cet inconnu m’a fait pic et repic.
Il fallait me couvrir d’une noble poussière,
Et je ne craindrais pas de n’être ici capot,
Et la Gloire et l’Amour seraient de mon tripot !
Ah, plutôt nous jeter dans la rivière !

Acte v


Scène i

Barberousse, Canut, Pernelle, Poissardes, Chœur

chœur
Barberousse est un héros,
Au registre d’honneur votre nom aura place.
canut
Triomphez, vainqueur des turbots !
Pour vous chanter, tout le monde croasse.
chœur
Barberousse etc.
barberousse
Que la musique me déplait !
canut
Pourtant, Monsieur, excepté qu’elle est rude,
Suivant les connaisseurs, elle est d’assez bon goût.
barberousse
Je ne puis la goûter car mon âme est à bout.
Par un malheureux cas j’ai sailli mon surtout,
Ne soyez pas surpris de me trouver si prude.
canut
Mais que craignez vous après tout ?
Jupiter est là-haut, il danse avec Gertrude.
Pour calmer le Dieu des harengs,
Tandis que votre bras délivrait ces royaumes,
Au pied de ses autels je chantais les sept psaumes,
Alors, il a donné la paix à mes étangs.
Bien plus, ce dieu, foi de monarque,
Veut bien être avec moi de pair à compagnon,
Si de Pernelle enfin vous êtes le mignon.
pernelle, à part
Ah, tant pis !
barberousse
Fort vilaine chanson.
canut
Je la donne, a-t-il dit d’un ton de fier exarque,
Au destructeur de ce poisson.
barberousse
Hélas, tranchez mes jours, accourez, noire Parque !
canut
Vous me fendez le cœur, Monsieur, ne pleurez pas,
Vous avez aujourd’hui fort bien conduit la barque.
barberousse
Ah, vous ignorez mon piteux cas,
Je suis un homme mort. J’en jure par Plutarque
Et j’en atteste encor l’épître aux Galatas.
canut
Oh, oh, n’est-ce pas Jean ? Ou bien est-ce son ombre ?
barberousse
Voyez, regardez bien.
pernelle
Jupin, conservez Jean.

Scène ii

Canut, Pernelle, Barberousse, Jean

jean
Oui, oui, c’est moi, reconnais cet œil sombre,
Viens, frappe, et me jette au fond de l’océan !
Ton bras, de mon amour a causé le décombre,
Et sans toi, ces beaux yeux seraient mon seul cadran.
barberousse
Quel soupçon !
jean
Qu’attends-tu ? sors donc de cette extase !
Eh bien, prends ce couteau.
pernelle
Halte-là !
barberousse
C’est bien lui, je connais sa topaze.
Il faut bien de mes jours éteindre le flambeau.
canut
Votre bon sens perd le niveau.
barberousse
Grands Dieux, votre courroux ne m’avait-il donc fait naître
Dans mes chaudes amours pour me voir passer maître ?
Ainsi donc, tout à coup, je suis échec et mat !
N’importe, il faut bien s’y résoudre,
J’ai juré. Vous pouvez passer votre contrat.
Pernelle, hélas, quel coup de foudre !
Oui, c’est monsieur Jean qui sauve cet État,
Il a pris le poisson qu’il en fasse un bon plat.
Mon bizarre destin ne veut pas que j’en goûte,
Prenez Pernelle avec, je vous la cède toute.
À Canut.
De cette affaire-ci ne vous chagrinez pas.
Non, je ne suis pas imbécile,
À grands verres de vin, je tousserai ma bile,
Et vous suivrez mes pas.
À Pernelle.
Je vous fuis, ce n’est point pour moi que le four chauffe,
Sans doute monsieur Jean est de meilleure étoffe.
canut
Je suis en ce moment, muet, pétrifié
De me voir tout à coup ainsi blaisifié.
Mais qu’est-ce que je vois ? C’est Vénus ma commère !
Des amours babillards j’entends l’aigre fausset.
Elle n’est pas bien loin, mettons-nous en prière,
Violons jurent sous l’archet.
Ouvrons bien la visière.

Scène iii

Vénus descend du ciel, Canut, Pernelle, Jean, Amours

vénus
Bonjour, monsieur Canut ! or çà,
Trêve de toute haine,
Je tiens ma mission de mon très cher papa.
Peuples, vous voyez votre reine,
Chantez Alléluia.
canut
Mais si souvent Vénus pourquoi descendre ?
Un mot de votre part m’eût mis à la raison,
Et tous ces compliments ne sont point de saison.
Parlons un peu de notre gendre,
Vous voulez que Jean ait ce titre en ma maison ?
chœur
Oui-da ! pour vous, Plaisirs, venez tous à la noce.
Amours blancs, Amours noirs, vous proprets, vous guenons,
Flasques Amours de Brie, et sots Amours de Beauce,
Politiques Amours d’Angleterre et d’Écosse,
Volez tous comme papillons !
jean
Ah, lon lan la.
pernelle
Que je suis aise !
tous deux, ensemble
Il me semble que je vous baise.
jean
Ces plaisirs pour moi sont neufs.
pernelle
Bientôt, je ne serai plus fille.
jean
Aura qui voudra la coquille,
Pour moi, je mangerai les œufs.
pernelle
C’est du bonbon !
Soleil, charmante aurore,
Un peu plus tard, daignez éclore.
jean
Je vous aime.
pernelle
J’en dis de même.
jean
In saecula saeculorum
pernelle
Conservez-nous Père Éternel !
Il me semble être au Ciel.
Ah, j’avale du miel.
tous deux ensemble, ensemble
Nous fêterons tous les lundis,
Nous dirons toujours bis,
C’est être en paradis.
jean
Charmants baisers !
pernelle
Ô nuit aimable !
tous deux, ensemble
Nous avons bien longtemps gardé le célibat !
Allons pourtant nous mettre à table,
En chantant le magnificat.
pernelle
J’ai parlé la première,
Ah, de parler encor je serai la dernière.
Non, Pernelle jamais n’a manqué par le bec,
Faut-il jaser une heure entière,
Je ne serai jamais à sec.
Fin

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