Harangue de Polichinelle au public

Auteurs : Fuzelier (Louis)
Date: 1726
Source : ms. BnF, fr. 9336
Remarques :
Prononcée aux Marionnettes avant la représentation de La Grand-mère amoureuse, parodie d'Atys de messieurs Fuzelier, Lesage et d'Orneval
Louis Fuzelier

Harangue de Polichinelle au public



Prononcée aux Marionnettes avant la représentation de La Grand-mère amoureuse, parodie d’Atys de messieurs Fuzelier, Lesage et d’Orneval
1726
BnF ms. fr. 9336, f.204-204v

Harangue de Polichinelle au public


Après avoir fait ses révérences, chapeau bas, il dit :

Monseigneur le public.




Puisque les comédiens de France et d’Italie, masculins, féminins et neutres, se sont mis sur le pied de vous haranguer, ne trouvez pas mauvais que Polichinelle, à l’exemple des grands chiens, vienne pisser contre les murs de vos attentions et les inonder du torrent de son éloquence.


Si je me présente devant vous en qualité d’orateur des marionnettes, ce n’est pas pour des prunes, c’est pour vous dire que vous devez nous pardonner de vous étaler dans notre petite boutique une seconde parodie d’Atys : en voici la raison. Les beaux esprits se rencontrent, Si je me présente devant vous en qualité d’orateur des marionnettes, ce n’est pas pour des prunes, c’est pour vous dire que vous devez nous pardonner de vous étaler dans notre petite boutique une seconde parodie d’Atys : en voici la raison. Les beaux esprits se rencontrent, \emph ergo, l’auteur de la Comédie-Italienne et celui des Marionnettes devaient se rencontrer. Au reste, Monseigneur le public, ne comptez pas de trouver ici l’exécution gracieuse de notre ami Arlequin ; vous compteriez sans votre hôte. Songez que nos acteurs n’ont pas les membres fort souples, et que souvent on croirait qu’ils sont de bois. Songez aussi que nous sommes les plus anciens polissons, les polissons privilégiés, les polissons les plus polissons de la foire ; songez enfin que nous sommes en droit, dans nos pièces, de n’avoir pas le sens commun, que nous sommes en droit de les farcir de billevesées, de rogatons, de fariboles. Vous allez voir dans un moment avec quelle exactitude nous soutenons nos droits., l’auteur de la Comédie-Italienne et celui des Marionnettes devaient se rencontrer. Au reste, Monseigneur le public, ne comptez pas de trouver ici l’exécution gracieuse de notre ami Arlequin ; vous compteriez sans votre hôte. Songez que nos acteurs n’ont pas les membres fort souples, et que souvent on croirait qu’ils sont de bois. Songez aussi que nous sommes les plus anciens polissons, les polissons privilégiés, les polissons les plus polissons de la foire ; songez enfin que nous sommes en droit, dans nos pièces, de n’avoir pas le sens commun, que nous sommes en droit de les farcir de billevesées, de rogatons, de fariboles. Vous allez voir dans un moment avec quelle exactitude nous soutenons nos droits.


Lanturlu
Ici la licence
Conduit nos sujets,
Et l’extravagance
En fournit les traits ;
Si quelqu’un nous tance,
J’aurai bientôt répondu
Lanturlu.

Bonsoir, Monseigneur le public : vous auriez eu une plus belle


harangue si j’étais mieux en fonds. Quand vous m’aurez rendu plus


riche, je ferai travailler pour moi le faiseur de harangues de ma très honorée voisine, la Comédie-Française, et je viendrai vous débiter ma


rhétorique empruntée avec le ton de Cinna et un justaucorps galonné


comme une trompette. Venez donc en foule, je vous ouvrirai mes portes


si vous m’ouvrez vos poches.


Ah, Philis, je vous vois, je vous aime
Ah ! Messieurs, je vous vois, je vous aime ;
Ah ! Messieurs, je vous aimerai tant,
Si vous m’apportez votre argent.
Je vous vois, je vous veux, je vous aimerai [tant].
\emph Dixi..

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