La Bohémienne

Auteurs : Valois d'Orville (de) (Adrien-Joseph)
Parodie de : Armide de Quinault et Lully
Date: 23 mars 1747
Représentation : 23 mars 1747 Foire Saint-Germain - Nouveau Spectacle Pantomime
Source : ms. Bibliothèque de l'Institut
Anonyme

La Bohémienne


Parodie pantomime d’Armide

1747
Ms Bibliothèque de l’Institut

Scène i

Phénice, Armide, Sidonie

didascalie, Phénice demande à Armide ce qui peut lui inspirer une sombre humeur, elle qui possède la gloire, la beauté, la jeunesse et l’art de la chiromancie.

Sidonie fait entendre à Armide qu’elle a les Enfers en sa puissance et que tous ses ennemis sont tombés en son pouvoir.


Armide marque qu’elle aime Arlequin, qu’elle le trouve beau et d’une jolie taille, et qu’avec un mari si badin, on ne peut pas s’ennuyer.


Phénice fait signe à Armide qu’elle songe à se défendre, et que tout amant est un inconstant.


Armide témoigne à ses deux confidentes qu’elle a vu Arlequin en songe qui la méprisait et qu’elle avait beau l’engager à l’aimer par ses caresses, l’ingrat n’y répondait pas.


Scène ii

Hidraot, Armide, Phénice, Sidonie

Hidraot marque à Armide l’empressement qu’il a de la voir mariée. Armide lui répond par signes qu’elle est encore trop jeune, qu’elle en mourrait.

Scène iii

Les même acteurs, troupe de paysans

Hidraot exprime par un air d’opéra les vers suivants :
Armide est encor plus aimable
Qu’elle n’est redoutable
Que son triomphe est glorieux
Ses charmes les plus forts sont ceux de ses beaux yeux.
Ballet turc
didascalie, Les paysans témoignent par des danses la joie qu’ils ont de l’avantage que la beauté de la nièce de leur seigneur a remporté sur un parti qui venait piller le village.

Hidraot en réjouissance fait tirer le larigot par des paysans, et donne la fille de son meunier en mariage à celui qui l’abat.


La danse est interrompue par l’arrivée d’un forçat turc qui avait été chargé de la conduite des soldats de marine captifs, et qui revient blessé, tenant à la main un bâton cassé. Il marque par des signes à Armide qu’il a fait tout ce qu’il a pu pour amener ces captifs, mais qu’Arlequin les a tous délivrés par sa valeur. Armide et Hidraot font signe aux paysans de poursuivre l’ennemi jusqu’au trépas.


Scène 4

Hidraot, Armide
didascalie, Ils commandent aux démons de leur livrer Arlequin et de se cacher sous une agréable image.

Armide aperçoit Arlequin qui s’approche des bords de la rivière.


Hidraot et Armide tendent des filets pour le prendre. Armide fait signe à Hidraot qu’Arlequin donne dans le piège, ensuite, il va se cacher dans le bois. Arlequin s’arrête pour considérer les bords de la rivière, il se repose sur le gazon sur lequel sont tendus les filets.


Scène v

Arlequin, les démons sous les figures de bouquetiers et de bergers

D’abord qu’Arlequin est pris dans les filets, les bouquetières enchantent et endorment Arlequin, et pendant son sommeil, ils l’enchainent avec des guirlandes de fleurs.

Scène vi

Armide, Arlequin endormi

Armide, tenant un poignard à la main, va en tremblant pour frapper Arlequin, mais elle ne peut exécuter le dessein qu’elle a de lui ôter la vie. Plus elle le considère et plus elle le trouve aimable. Elle s’approche de lui, lui prend la main et fait des signes de chiromancie. Elle appelle les démons transformés en garçons pâtissiers qui viennent en dansant servir des tartelettes à Arlequin, du fromage de Milan, et des macaronis. Pendant qu’Arlequin dort, Armide lui fait manger des tartelettes.
\scene[Le théâtre change et représente un désert.] Armideseule
didascalie, Armide fait entendre par un monologue que si la liberté devait lui être ravie, était-ce à Arlequin, son ennemi, d’être son vainqueur. Elle appelle à son secours la haine qui sort des Enfers sous la figure d’un procureur fiscal suivi de plusieurs Alguacilor.

Armide fait signe au procureur fiscal de la délivrer de l’esclavage de l’Amour, et de rallumer en elle la rage, la fureur, la cruauté. Le procureur se met en colère et toute la séquelle, et par des gestes cabalistiques pour brûler et briser les armes dont l’Amour se sert.


Armide donne au procureur fiscal un billet doux et le portrait d’Arlequin. Il déchire le billet avec ses dents, et foule aux pieds le portrait d’Arlequin. Ils font tous des gestes gigantesques qui annoncent le plaisir qu’ils vont avoir de triompher de l’Amour. Armide, d’un air incertain, arrête le procureur fiscal par le bras, lui dit de la laisser sous les lois d’Arlequin qu’elle ne peut s’empêcher d’aimer. Le procureur fiscal frappe de colère sa poitrine et arrache sa perruque, menace Armide de la faire renfermer si elle ne change d’avis. Elle le tire à part et lui donne de l’argent. Il la remercie en faisant avec la cabale de grandes révérences, ensuite il s’abîme dans les Enfers.


Scène vii

Don Quichotte, Sancho

didascalie, Don Quichotte porte un plat à barbe et tient une lance qui lui ont été donnés par un fameux magicien pour dissiper les enchantements d’Armide et pour délivrer Arlequin.

Sancho porte un Jérôme qu’il doit présenter à Arlequin.


Le tonnerre se fait entendre, il fait des éclairs, des antres et des abîmes s’ouvrent, et il en sort des singes, des ours, et autres bêtes farouches.


Pas de deux de l’ours et du singe qui font des lazzi.
Sancho se sauve sur un arbre, les ours et les singes y veulent monter. Don Quichotte les fait tous abîmer dans des antres en leur montrant le plat à barbe et leur donnant des coups de lance. Ensuite, Sancho vient pour les combattre mais Don Quichotte le retient en lui faisant un signe qui les font tous s’en aller.
Le théâtre change et représente un jardin. Don Quichotte se fait suivre par Sancho pour chercher Arlequin.

Scène viii

Pantalon sous la figure de Dulcinée du Tobosco, maîtresse de Don Quichotte, Troupe de démons transformés en bergers

Don Quichotte, croyant voir sa chère Dulcinée, lui fait connaître qu’il est charmé de revoir ce qu’il a tant souhaité depuis longtemps, et va pour l’embrasser, mais apercevant la figure de Pantalon, lui donne un coup de pied au cul et le fait sortir.
Ballet

Scène ix

Don Quichotte, Sancho, Scaramouche sous la figure de Mélisse, fille italienne aimée de Sancho

Scaramouche, tenant un éventail devant ses yeux, arrête Sancho et veut l’engager à prendre du repos à l’ombre. Sancho lui demande si c’est bien Mélisse et Scaramouche fait connaître que c’est cette Madelon Friquet qu’il aimait tant. Sancho, après quelques caresses, va pour l’embrasser, Don Quichotte retire dans le même temps à la fausse Mélisse l’éventail qu’elle a devant les yeux, et Sancho, reconnaissant Scaramouche, le chasse à coups de bâton. Don Quichotte marque à Sancho qu’il faut fuir l’Amour parce que ce Dieu a des charmes trop trompeurs.

Scène 10

Arlequin, Armide, Troupe de masques
didascalie, Arlequin, sans batte et sans chapeau, paré de guirlandes de fleurs et mangeant des ratons, témoigne à Armide le chagrin qu’il a de la quitter. Armide lui fait entendre qu’elle a besoin de consulter les Enfers pour prévenir les malheurs dont elle est menacée. Arlequin lui dit adieu.

Armide fait signe à une troupe de masques comiques de s’avancer pour divertir Arlequin. Un Polichinelle, Arlequin, Scaramouche, et leurs femmes dansent le Concerto des pantins.


Scène xi

Don Quichotte, Sancho, Arlequin

didascalie, Don Quichotte présente à Arlequin le plat à barbe. D’abord qu’il le regarde, il fait connaître que l’Amour l’a trompé. Il arrache les guirlandes de fleurs et jette par terre des tartelettes qu’il trouve encore dans sa poche. Il reçoit la lance que lui présente Don Quichotte.

Sancho fait entendre qu’il faut se retirer au plus tôt, que le danger est grand dans ce château enchanté où il revient des esprits. Ils se sauvent tous trois.


Scène xii

Armide, Arlequin, Don Quichotte, Sancho, Troupe de démons

didascalie, Armide court après Arlequin qui d’abord qu’il la voit se sauve dans une maison voisine. Elle le poursuit et aussitôt Arlequin saute par la fenêtre et ensuite dans l’orchestre. Là, il se moque à son aise d’Armide, qui pleure amèrement.

Ensuite, elle lui fait des figures menaçantes invoquant l’Enfer, et tous les diables se déchaînent. Une troupe de pantins vole en l’air, détruit le château en y mettant le feu. Armide se trouve mal, un diable lui donne de l’eau de mélisse et la tourmente tant qu’à la fin elle revient à elle. Le procureur fiscal accourt avec des pompiers pour éteindre le feu. Les diables s’opposent au secours que ces premiers veulent donner. Grand tapage à ce sujet pendant lequel temps Armide s’envole en l’air montée sur un chien barbet.


Fin

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