La Veuve indécise

Auteurs : Anseaume (Louis)
Vadé (Jean-Joseph)
Parodie de : Les Fêtes de Thalie de La Font et Mouret
Date: 24 septembre 1759
Représentation : 24 septembre 1759 Foire Saint-Laurent - Opéra-Comique
Remarques :
Parodie de l'entrée La veuve coquette.
Jean-Joseph Vadé, Louis Anseaume et Egidio Romoaldo Duni

La Veuve indécise


Opéra-Comique, parodie de La Veuve coquette
Représentée par la première fois sur le théâtre de l’Opéra-Comique, à la Foire Saint-Laurent
le lundi 24 Septembre 1759
Lyon, Amable Le Roy, 1787

Acteurs


Alison, veuve
Suson, sa cousine
Mathurin, amoureux d’Alison
Colin, amoureux d’Alison

La Veuve indécise


Scène i

Alison

alison

D’un triste veuvage
Je voudrais sortir
On peut, à mon âge,
Recevoir l’hommage
Qu’offre le plaisir.
Colin, en partage,
Prétend m’obtenir ;
Mathurin fait rage,
Et veut mettre ombrage
À son désir.
D’un dur esclavage
L’amour dédommage.
Qui des deux choisir ?
Mais je présage
Que le repentir
Pourrait venir.

Allons à ce sujet consulter ma cousine, et profitons de ses conseils.


Elle sort.

Scène ii

Mathurin, Colin

mathurin

Oui, te dis-je, son penchant pour moi la détermine.


colin

Oh ! Je suis sûr que c’est moi qu’elle va couronner.


Duo
\mathurin \colin
\quatre N’y prétends pas \quatre N’y prétends pas
\quatre De ma richesse \quatre Car ma tendresse
\quatre Elle fait cas. \quatre Vaut tes ducats.
\quatre N’y prétends pas \quatre N’y prétends pas
\quatre De ma richesse \quatre Car ma tendresse
\quatre Elle fait cas. \quatre Vaut tes ducats.
\quatre Tiens, crois-moi, cesse \quatre Je veux sans cesse
\quatre Ces vains débats, \quatre Suivres ses pas,
\quatre N’y prétends pas. \quatre N’y prétends pas.
mathurin

Mais quel droit as-tu pour y prétendre ?


colin

Eh ! Quel droit as-tu, toi, de me la contester ?


mathurin

Moi, j’étais l’ami du défunt, elle m’aimait aussi dès ce temps-là, ainsi j’ai pour moi l’ancienneté.


colin

Oh ! Moi, c’est depuis son veuvage qu’elle m’aime, ainsi j’ai pour moi la nouveauté.


mathurin

Arrange-toi comme tu voudras, mais je n’en démordrai pas.


colin

Ni moi non plus.


mathurin

Eh ! Mais ! Tu veux donc te faire frotter ?


colin

Par qui ?


mathurin

Par moi.


Duo
\mathurin \colin
\quatre Ah ! Voyons donc ! \quatre Tu le veux donc !
\quatre C’est tout de bon \quatre Oui tout de bon,
\quatre Pauvre garçon ! \quatre Pauvre garçon !
\quatre Tais-toi, poltron. \quatre Tais-toi, poltron.
\quatre Commence donc : \quatre Commence donc :
\quatre C’est tout de bon \quatre Oui tout de bon,
\quatre Pauvre garçon ! \quatre Tais-toi, poltron,
\quatre Tais-toi, poltron, \quatre Tais-toi, poltron,
\quatre Poltron, poltron. \quatre Poltron, poltron.

Scène iii

Alison, Suson, Mathurin, Colin

suson, accourant

Pourquoi donc tout ce bruit ?


alison

Pourquoi donc tout ce vacarme ?


mathurin

C’est lui qui veut me disputer ton cœur.


colin

C’est lui qui prétend l’emporter sur moi.


alison

Mais vraiment cela me fait honneur.


mathurin

C’est votre faute aussi.


alison

Pourquoi donc ?


colin

Sans doute, depuis six mois que vous nous bercez d’espérance.


suson

Ils ont raison, pourquoi ne pas se déterminer ?


alison

Cela t’est bien aisé à dire, mais je considère bien des choses.


suson

Quoi ?


alison

Ce n’est pas un marché d’un jour. J’ai le bonheur d’être veuve, si j’étais sûre de l’être une seconde fois, je n’y regarderais pas de si près.


suson

Tu plaisantes, mais il faut une fin.


mathurin

Sans doute faut une fin.


colin

Eh ! Faut-il tant barguigner ! Dites-nous vos sentiments une bonne fois !


alison
en dialogue
Je vais faire un heureux.
suson
Lequel des deux...
mathurin et colin, ensemble
Aimes-tu mieux ?
colin
Que mon ardeur
Touche ton cœur.
mathurin
À mon amour
Cède en ce jour.
alison
Je vais choisir.
mathurin
Ah ! Je le crois,
Ce sera moi ?
colin
Ce sera moi,
J’aurai sa foi.
Décide-toi,
Décide-toi.
alison
Mais !
colin
Quoi ?
alison
Mais !
mathurin
Quoi ?
suson
Décide-toi.
alison
Oh ! Non, ma foi.
colin
Ce sera moi,
J’aurai sa foi.
mathurin
Oh ! Je le crois,
Ce sera moi !
mathurin et colin, ensemble
Décide toi !
alison
Oh ! Non, ma foi.
mathurin

Il n’y a qu’un mot qui serve. Voyons !


colin

Que de façons ! Parlez !


alison

Oh ! Plus vous me pressez, moins je pourrai me décider. Donnez-moi du moins le temps de réfléchir.


À Mathurin.

Votre caractère
Est vif et sincère,
Votre amour constant
Mérite assurément
Que l’on vous préfère
À tout autre amant.
mathurin
Quel aveu charmant !
colin
Ah ! dieux ! quel tourment !
alison, à Colin
Ta flamme m’est chère,
Chut ! C’est un mystère.
Ton amour constant
Mérite assurément
Que l’on te préfère
À tout autre amant.
colin
Quel retour charmant !
colin
Ô dieux ! Quel tourment !
alison
Que pour me plaire
Chacun persévère.
Peut-être un bon moment
Finira le mystère.
Un cœur qui diffère
Agit prudemment.
mathurin

Ingrate ! Sur un tel caprice, je vais réfléchir à mon tour.


Il sort.

Scène iv

Suson, Alison, Colin

suson

Quoi ! Toujours balancer !


colin

Jarni, pourquoi faut-il que je sois amoureux ?


alison

Suson, conseille-moi.


colin

Que voulez-vous qu’elle vous dise ? C’est votre cœur qui doit vous conseiller.


suson

C’est bien dit, que ne prends-tu Colin ?


alison

J’aurais bien aimé Mathurin, mais non, il me semble que tu as raison. Colin est mieux mon fait. Va, je te prends.


colin

Que je suis satisfait ! Oh ! Tatigoi, vous ne vous repentirez pas de la préférence que vous me donnez.



Oui, c’est un parti sage,
Alison sait choisir,
Car je puis en ménage
Remplir tout son désir.
Je suis homme à l’épreuve,
Un vrai mari de veuve.
Demandez au canton
Si je suis un bon luron,
Si je suis franc garçon,
On ne vous dira pas non.
Car je puis en ménage
Remplir tout son désir.
Déjà mon cœur nage
Dans le plaisir.
Je suis homme à l’épreuve,
Un vrai mari de veuve.
Demandez au canton
Si je suis un bon luron,
Si je suis franc garçon,
On ne vous dira pas non.
Et tous à l’unisson
Vous diront : Colin est bon,
Bon, bon, bon, bon.
alison

Suson, ai-je bien fait ?


suson

Oui, j’approuve ton choix.


alison

Mathurin va faire le diable. Il est riche et puissant dans le village. Il peut nous nuire, et je crains...


colin

Ne craignez rien. Je vais l’observer.


Il sort.

Scène v

Suson, Alison

alison, rêvant

Oui, oui, je ferais mieux...


suson

À quoi rêves-tu ?


alison

C’est que...


suson

Eh bien ?


alison

C’est que... Tiens, il faut te le dire, Colin ne m’aura pas.


suson

Bon ! Autre caprice ! Et tu viens de le lui promettre.


alison

C’est vrai, mais j’ai eu tort.


suson

Que peux-tu lui reprocher ? Il est jeune, il t’aime...


alison

Mais il n’a rien.


suson

Dans le mariage
À quoi sert le bien ?
L’époux qui n’a rien
Est beaucoup plus sage,
Est bien moins volage.
L’époux qui n’a rien
Jamais ne partage
Ce charmant hommage,
Qui, d’un bon ménage,
Fait le doux lien.
Toujours empressé
Jamais courroucé,
Le mari demande,
La femme commande,
Et voit les plaisirs
Prévenir ses désirs.
alison

Tu as beau dire, je crois pourtant que Mathurin serait mieux mon affaire.


suson

Quel esprit indécis !


alison

Dis-lui que je veux parler.


suson

J’y cours de ce pas


Elle sort.

Scène vi

Alison seule

alison

Il est convenable
Qu’une femme raisonnable,
Quand il s’agit d’un choix,
Regarde à deux fois.
Colin est aimable,
Je m’en aperçois.
Mais Mathurien est agréable.
Hélas ! Pour chacun
Mon cœur est sensible.
Des deux, que n’est-il possible
De n’en faire qu’un ?
Colin gémira,
Mais enfin n’importe :
Mathurin l’emporte,
Il m’épousera.

Scène vii

Mathurin, Alison

mathurin

Suson vient de me dire que vous vouliez me parler.


alison

Oui, cela est vrai.


mathurin

Et est-il vrai encore ce qu’elle m’a dit ?


alison

Quoi ?


mathurin

Que vous aviez enfin rendu justice à mon amour.


alison

Oui, cela est vrai.


mathurin

Ah ! Si tu savais à quel point ma flamme...


alison

Elle est entre nous mutuelle.


mathurin

Chère Alison, mon cœur gémissait,
Palpitait
Dans le doute :
Mais le plaisir devient bien plus flatteur
Par les peines qu’il coûte.
Ah ! Combien ce soir,
Je vais en avoir
À te posséder toute !
Je t’embrasserai,
Te dorloterai,
Je te conterai,
Je t’endormirai,
Je te bercerai,
Te réveillerai,
Puis je te dirai
Tout ce qui te flatte.
Ton œil guilleret,
Dont le feu plaît,
Autant m’en dira :
Tout pour moi sera.
Récitatif obligé
Je vais tout disposer pour notre mariage.
alison
Ne tarde pas.
mathurin
Je reviendrai bientôt.
Souffre que sur ta main mon amour prenne un gage.
alison
Volontiers.
mathurin
Mon rival sera ma foi bien sot.
Il sort.

Scène viii

Suson, Alison

suson

Eh bien, cousine, es-tu contente ?


alison

Oui.


suson

Ton choix est donc fait ?


alison

Oui.


suson

Quel effort ! Et sans retour ?


alison

Oui, oui, ne crains rien.


suson

Au bout du compte, tu as fort bien fait.



Eh ! Pourquoi tant attendre,
S’il faut passer par là ?
Le soin de se défendre
Ne sert pas de cela.
C’est un meuble nécessaire
C’est un meuble nécessaire
Que d’avoir un époux.
Au hasard pourvoyons-nous,
Le choix n’avance guère.
Volages et jaloux,
Ils se ressemblent tous.
Il nous faut au village
Un mari jeune et dodu.
À cela près, femme sage
Prend le premier venu.

Cousine, allons, de la gaité ! Pense à ton hymen.


alison

Je n’y pense que trop.


suson

Comment !


alison

Je ne sais... mais...


suson

Tu ne voudrais pas te dédire, peut-être ?


alison

Pourquoi non ?


suson

Mais tu deviens donc folle ?


alison

Il y va de ma liberté.


suson

Tout comme il vous plaira. Je ne vous conçoit plus.


alison

Qu’est-ce que cela te fait ? Tu peux t’engager si tu veux.


suson

Mais enfin, pour qui penches-tu ?


alison

Je suis encore indécise. Mathurin m’aime,


il est vrai. Il est riche, j’en conviens. Mais il est si délicat... un mari comme celui-là ne durerait pas six mois.


suson

C’est donc pourquoi il faut s’en tenir à Colin.


alison

Mais je te l’ai dit, il n’a pas de bien.


suson

Si c’est deux là ne te conviennent pas, cherches-en un troisième.


alison

Ne pense pas rire, chacun d’eux n’a que la moitié des qualités que je voudrais trouver dans un mari et c’est ce qui cause mon embarras.


suson

Il faut te décider. J’attends que tu aies fait ton choix pour faire le mien, et je m’en ennuie à la fin.


alison

En ce cas, choisis toi-même qui tu voudras, car je ne veux plus ni de l’un ni de l’autre.


Elle sort.

Scène ix

Suson seule

suson

Un aveu mérité
Pénètre, enchante,
Quand il est dicté
Par la sincérité.
La grâce touchante
De l’ingénuité,
Toujours augmente
La beauté.
Mais la plus charmante
Qui suit la pente
De l’inégalité
N’est jamais contente.
Une flamme inconstante
Sans cesse épouvante
La volupté.

Scène x

Suson, Mathurin, Colin

mathurin, à Colin

Je te fais compliment.


colin, à Mathurin

Oh ! Je te félicite.


suson, à part

C’est bon, chacun de son côté s’imagine avoir réussi.


mathurin

On se rend à tes vœux.


colin

Point du tout. C’est à ton mérite.


mathurin, à part

Il pense l’épouser.


colin

Il croit l’emporter sur moi. Parbleu, je veux m’en divertir.


mathurin

Je ne puis m’empêcher de rire.


suson

Oh ! Oui, la chose est fort plaisante.


Duo
\mathurin \colin
\quatre On la lui garde, \quatre C’est lui qui l’aura.
\quatre Ah, ah, ah, ah \quatre Ah, ah, ah, ah
\quatre Ce minois-là \quatre Ce bijou-là
\quatre L’épousera. \quatre L’emportera.
\quatre Tiens, tiens, regarde : \quatre Tiens, tiens, regarde :
\quatre Vois-tu cela ? \quatre Vois-tu cela ?
\six On t’en ratissera. \six On t’en ratissera.
mathurin

Tiens, vois-tu, si Alison ne prononce pas en ma faveur, je perds cent écus.


colin

J’y consens.


suson

Eh bien, ils sont perdus.


mathurin

Pourquoi donc ?


suson

C’est qu’à vous deux ma cousine renonce.


Duo
\mathurin \colin
\quatre Ah ! La diablesse ! \quatre Ah ! La tigresse !
\quatre Pauvre Colin, \quatre Cher Mathurin,
\quatre Notre tendresse \quatre Notre tendresse
\quatre A même sort, \quatre A même sort,
\quatre Et la tigresse \quatre Et la tigresse
\quatre Nous met d’accord. \quatre Nous met d’accord.
\trois Elle a tort. \deux Très tort.
\quatre Ah ! La diablesse ! \quatre Ah ! La tigresse !
\quatre Pauvre Colin, \quatre Cher Mathurin,
\quatre Notre tendresse \quatre Notre tendresse
\quatre À même sort, \quatre À même sort,
\quatre Et la tigresse \quatre Et la tigresse
\quatre Nous met d’accord. \quatre Nous met d’accord.
\trois Elle a tort. \deux Très tort.
mathurin

Morgué, v’là qu’est fini, je n’y pense plus.


suson

Eh bien, tiens, si tu veux...


mathurin

Si je veux... oh ! Si tu veux toi-même : je ne demande pas mieux. Accepte ma main.


suson

Ma cousine fait une sottise, je me garderai bien de l’imiter.


colin

Vous avez raison.À part. Bon ! Mon rival me laisse le champ libre, quand je serai tout seul, il faudra bien qu’Alison me choisisse.\did Haut. Mais la voici !


Scène xi

Suson, Alison, Colin, Mathurin

suson

Alison, viens donc vite.


alison

Pourquoi faut-il doubler le pas ?


suson

Mathurin...


alison

Mathurin.


colin

Epouse ta cousine.


alison

Bon ! Quel conte !


mathurin

Eh ! Non, non, ce n’est point un conte.


alison

Plait-il ?


suson

C’est en honneur.


alison

Ô dieux !



Quelle insolence !
Quelle impudence !
Ah ! peut-on voir
Un trait plus noir.
Tous trois d’intelligence,
Tramer mon désespoir !
Au moins d’avance
Il fallait savoir
Que votre inconstance
Romprait l’alliance
Qu’on me faisait prévoir.
suson

Dame, arrange-toi donc. Tu le veux, puis tu ne le veux plus. Après cela tu le regrettes, on n’a jamais vu d’esprit comme le tien.


alison

Taisez-vous.


suson

La chose n’est pas faite, si tu veux, je te céderai mes droits.


mathurin, à Suson

Mais qu’est-ce que vous faites donc, vous, à votre tour ?


colin

Pourquoi donc cela ? Vous êtes si bien ensemble, et pargué, tenez-y !


suson, bas, à Mathurin

Ne crains rien, c’est pour l’amener où nous voulons Haut, à Alison. Eh bien ! Le cœur t’en dit-il ?


colin

Fi donc, encore une fois.


suson

Moi, je prendrai Colin.


alison

Oui-da.



Non pas ma mie,
Gardez vos nœuds,
Celui qui vous lie.
Flatte trop vos vœux.
Je suis ravie
Qu’un tel amoureux
Enfin justifie
L’excès de vos feux.
Mais moi, je veux
N’aimer de ma mie
J’en jouirai mieux
Je suis ravie
Qu’un tel amoureux
Enfin justifie
L’excès de vos feux.
colin

Vous avez raison, aussi bien quand vous le voudriez, je ne le voudrais plus.


alison

Toi ?


colin

Non, et je vais de ce pas trouver Claudine.


alison

Tu l’aimes donc ?


colin

À la bonne heure, mais j’ai pris mon parti.


alison

Écoute-moi donc.


colin

Non.


alison

Colin ?


colin

Adieu.


alison

Viens donc, j’ai quelque chose à te dire.


colin

Qu’est-ce que c’est ?


alison, lui tendant la main

Touche là, je te donne la préférence.


colin

Je crois bien, parce que je suis tout seul.


alison

Non, c’est parce que je t’aime.


colin

Est-il bien vrai ?


alison

Oui.


colin

Puis-je compter sur toi ?


alison

J’en fais serment.


mathurin, à Colin

Si tu lui donnes encore le temps de la réflexion, elle pourrait bien se dédire. Jarni, prends-la au mot !


colin

Tu as raison.À Alison. Eh bien ! C’est fait, allons vite chez le notaire.


mathurin

Ne faisons qu’une seule noce pour nous quatre, et vive la joie.


Quatuor
Tu m’obtiens,
Je t’obtiens.
Mes plaisirs sont les tiens.
Plus d’alarmes :
Tous les biens,
Tous les charmes,
Sont dans nos liens.
vaudeville

Air : La Raison propose


Une fille, à dix-huit ans,
A de la prudence,
Sur le choix de ses amants
Quand elle balance.
Lorsqu’elle est sur le retour
Et qu’on lui parle d’amour
C’est une sottise
Que d’être indécise.


Pour l’hymen faut-il quitter
Un amant sincère ?
Ce n’est pas sans hésiter
Sur ce qu’on va faire.
Mais si chez notre vainqueur
Nous voyons quelque froideur,
C’est une sottise
Que d’être indécise.


Si quelque riche barbon
Près de nous soupire,
Ne répondons oui ni non,
À ce qu’il désire.
Mais si, par un bon contrat,
Il nous assure un état,
C’est une sottise
Que d’être indécise.


Lorsqu’une belle en aimant,
Cherche le mystère,
Qu’elle veut secrètement
Voguer à Cythère,
Entre nos petits collets,
Et tous ces fringants plumets,
C’est une sottise
Que d’être indécise.
colin, à Alison
Balancez à m’épouser,
J’y consens, ma chère,
Si moudre, bluter, sasser,
Vous pouvez tout faire,
Mais puisque votre moulin
Ne peut aller sans Colin,
C’est une sottise
Que d’être indécise.


Au parterre.
Voici le moment, messieurs,
D’une épreuve rude.
Pour l’auteur et les acteurs
Quelle incertitude !
Par un geste de la main
Décidez notre destin.
Frappez la reprise
De La Veuve indécise.\versfaux[On attend un vers de cinq syllabes.] \SR
Fin

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