Thésée

Auteurs : Favart (Charles-Simon)
Parvi
Parodie de : Thésée de Quinault et Lully
Date: 17 février 1745
Représentation : 17 février 1745 Foire Saint-Germain - Opéra-Comique
Remarques :
Édité dans le volume Isabelle Degauque (dir.), Médée, un monstre sur scène : réécritures parodiques du mythe (1727-1749), Saint-Gély-du-Fesc, Éditions Espaces 34, 2008.
Charles-Simon Favart, Pierre Laujon, M. Parvi

Thésée


Parodie
Foire Saint-Germain
1745
Théâtre de Favart

Acteurs


Chœur de combattants
Égée, roi d’Athènes
Églé, princesse élevée sous la tutelle d’Égée
Cléone, confidente d’Églé
La Grande Prêtresse de Minerve
Médée, princesse magicienne
Dorine, confidente de Médée
Thésée, fils inconnu d’Égée
Arcas, confident d’Égée
Une harengère
Harengères
Démons
Les Furies
Peuples

Thésée


\scene[Le théâtre représente le temple de Minerve.] Chœur de combattants qu’on entend et qu’on ne voit point, Églé, Cléone
chœur

Air : Frappons, [frappons, frappons fort]


Frappons, frappons, frappons fort,
Saboulons-les en diable,
Frappons, frappons, frappons fort,
Et frappons d’accord.
Églé

Air : Guérissez-moi mon mal, ma chère mère


Que l’on fait ici de rumeur !
Ah, j’ai grand’ peur !
Ah, j’ai grand’ peur !
C’est fait de moi,
Je meurs d’effroi,
Je meurs d’effroi !
Dieux, que d’alarmes !
Que de vacarmes !
On se bat sans savoir pourquoi.
Cléone

Air : Que j’estime mon cher voisin

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Informations sur cet air

Allez, Thésée est notre appui,
Minerve le seconde.
L’histoire lui fait aujourd’hui
Bien assommer du monde.
Églé
[Il est gen, gen, gen] [Quand la mer rouge apparut]
As-tu vu de ce vainqueur
La taille divine ?
Ce héros à la valeur
Joint la bonne mine.
Thésée est un inconnu,
Mais on voit à sa vertu
Qu’il est gen, gen, gen,
Qu’il est ti, ti, ti,
Qu’il est gen, qu’il est ti,
Qu’il est gentilhomme.
Cléone
Ah, voilà votre homme !

Air : Allons donc, Mademoiselle


Allons donc, Mademoiselle,
Il faut l’aimer sans façon.
Un guerrier pour une belle
Est un fruit de la saison.
chœur

Air : [Frappons, frappons, frappons fort]


Frappons, frappons, frappons fort,
Et frappons d’accord.

Scène i

La grande Prêtresse, Églé, Cléone

La Grande Prêtresse

Air : Margot filait tranquillement


En entendant crier ainsi,
Tout mon corps est transi.
Que de trouble ici !
Que de train, train,
Que de train, train,
Que de train,
Que de train, que de trouble ici !

Air : Tirtentaine


Ayez pitié de notre embarras,
Déesse
De la sagesse,
Tirez-nous, [tirez-nous – de ce pas,
Et surtout ne tardez pas.
toutes trois, ensemble
Tirez-nous, [tirez-nous – de ce pas,
Et surtout ne tardez pas.
chœur
Victoire, victoire, victoire !

Scène ii

Le Roi, la grande Prêtresse, Églé, Cléone, [suite du roi]

Le Roi

Air : Quand je suis dans mon corps de garde

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Mes troupes ne sont pas manchotes,
Les mutins sont anéantis.
Une partie a les menottes,
Les autres ont gagné pays.
La Grande Prêtresse

Air : Que j’estime mon cher voisin

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Informations sur cet air

Puisque tout est calme à présent,
Faisons un sacrifice.
Le Roi
Je veux que ce soit en dansant.
Entrez en exercice.
La Grande Prêtresse

Air : Toujours va qui danse


Quoi, l’on verrait cabrioler
Les élèves de la sagesse !
Ah ! pouvez-vous ainsi parler
Sans choquer la déesse ?
Le Roi
Du moins dans ces lieux mes soldats
Vont se battre en cadence.
La Grande Prêtresse
Mais pour danser ils sont trop las,
Quelle extravagance !
La grande prêtresse et la suite du roi rentrent.

Scène iii

Le Roi, Églé

Le Roi

Air : Mon petit cœur gauche


Après les alarmes
Que la joie ait son tour,
Égayez vos charmes
Avec un peu d’amour.
Moi, je me débauche,
Vos appas m’ont séduit,
Mon petit cœur gauche,
Pour vous je perds l’esprit.

Air : Traquenard


Voyez ce front couronné
Qui de rides est orné...
Mais quel air étonné !
C’est un peu tard peut-être
Vous parler de mes feux ?
Églé
Oui, trop tard pour tous les deux.
Le Roi

Air : Vantez-vous-en


Mais en faveur de ma tendresse,
Vous ferez grâce à ma vieillesse.
Je suis cassé, quinteux, goutteux,
Mais tout cela me sied au mieux.
Je dois être aimable à vos yeux,
Car je suis roi, belle Princesse,
Roi victorieux et puissant,
Vantez-vous-en.
Églé

Air : C’est ma devise

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Le trône a pour moi moins d’appas
Que la tendresse.
Non, il ne dédommage pas
De la jeunesse.
Croyez-vous que le rang suffit ?
Quelle sottise !
Moins de gloire et plus de profit,
C’est ma devise.

Air : Connaissez-vous Marotte

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Connaissez-vous Médée
Pour oser lui manquer de foi ?
C’est une possédée
Qui se moque d’un roi.
Elle égorge terti, empoisonne tertous,
C’est la bête à tertous.
Le Roi

Air : Le beau Dion


Mais on m’élève quelque part
Un fils qui me vient du hasard.
Je veux qu’il dégage ma foi,
En l’épousant au lieu de moi.

Air : À la santé de la Folie

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Informations sur cet air

Vous, vous aurez, je vous assure,
Dans peu de ma progéniture.
Par ma barbe, je vous le jure...
Églé
Votre serment me fait peur !
Vous pourriez devenir parjure,
Taisez-vous pour votre honneur.

Air : Rossignolet du vert bocage

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Informations sur cet air

Devez-vous parler dans ce temple
De votre ardeur ?
Cela n’est pas de bon exemple.
Sortons, Seigneur.
Ils rentrent.

Scène 4

Médée, Dorine
Médée
airopera
Doux repos, innocente paix,
Heureux un cœur qui ne vous perd jamais !

Air : Je ne suis né ni roi, ni prince

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Ah, Vénus, pour t’avoir servie,
Que j’ai de chagrins en ma vie !
Mon cœur en brûlant pour Jason
N’agit que trop bien à ta guise.
Tu troubles encor ma raison !
C’était assez d’une sottise !
dorine

Air : De mon pot, je vous en réponds

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Informations sur cet air

Thésée est un jeune gars
Qui partout fait fracas.
Médée
Ah, que j’aime sa noble audace !
Qu’à tuer, il a bonne grâce !
dorine
Ce jeune homme est dans sa primeur,
Et c’est là le meilleur.
Médée

Air : Est-ce ainsi qu’on prend les belles

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Informations sur cet air

D’accord, par sa bonne mine,
Mon cœur est trop combattu.
De tout temps je fus coquine,
Ainsi le sort l’a voulu.
Mais mon cœur était, Dorine,
Fait pour aimer la vertu.
dorine

Air : Si ma Philis vient en vendange


On n’est pas volage, Madame,
Pour n’avoir changé qu’une fois.
Médée
Jason avec Égée, et puis Thésée... Oh, dame !
Tout bien compté, cela, je crois, fait trois.

Air : Prenez un amant, larirette


Je sens, ma chère,
Tout le prix de l’honneur.
On doit tout faire
Pour défendre son cœur.
Je serais encor
Une fille fort sage,
Si Jason, ce petit volage,
N’eût pris ce trésor.
dorine

Air : Filles qui passez par ici


On souffre les vœux d’un amant
D’abord sans conséquence...
Médée
Hélas ! Un tendre engagement
Va plus loin qu’on ne pense
Vraiment,
Va plus loin qu’on ne pense.

Air : Eh ! Avance

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Informations sur cet air

On ne voit pas au premier jour
Ce que nous doit coûter l’amour.
Bientôt ce traître en diligence
Avance, avance, avance...
Sans lui, j’aurais mon innocence !
dorine, à part, sur le même air
La perte n’est pas d’importance.
Médée

Air : Je suis la simple Violette

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Informations sur cet air

J’ai mis mon jeune frère en pièces,
Mes deux fils ont passé le pas.
Par de semblables gentillesses
J’ai partout signalé mon bras.
Mais au fond tout cela n’est rien,
Car malgré ces fredaines
Je passe pour femme de bien
Chez le peuple d’Athènes.

Scène v

Le Roi, Médée, Dorine

Le Roi

Air : Ziste, zeste, point de chagrin

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Informations sur cet air

Ziste, zeste, plus de soucis,
Grâce à vos rubriques
Magiques,
Ziste, zeste, plus de soucis,
J’ai vaincu mes ennemis.

Air : J’aime mieux le Moine, moi


De nous unir, je vous fis la promesse.
Il tousse.
Médée
Je vois à votre toux,
Que cet hymen, Seigneur, n’a rien qui presse
Ni pour moi, ni pour vous.
Le Roi
Et c’est en quoi vous vous trompez, Princesse,
Je sens que ça presse, moi,
Je sens que ça presse.
Médée

Air : Maris qui voulez fuir l’affront


Vous pouvez vous tranquilliser,
J’y veux penser
À mon aise.
Le Roi
Vous battez froid, mais dans ce cas
Je ne suis pas
Un nicaise.
Vous riez d’un galant
Lent,
À la tête blanche,
Vous en voudriez un
Brun,
Bien sur la hanche.

Air : Le tout par nature


Puisque c’est comme cela,
Bientôt mon fils paraîtra.
Sans doute qu’il vous plaira
Car je le légitime.
Médée
Je vous entends, laissons-là
Ce fils anonyme.

Air : C’est une autre affaire


Vous savez, petit volage,
Vous récrier sur votre âge
Pour éluder notre hymen.
Près d’Églé vous voit-on faire
Un tel examen ?
Le Roi
C’est une autre affaire.

Air : Pierre Bagnolet

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Informations sur cet air

Oui, trop de constance m’assomme.
Contractons un nouveau lien,
Le changement réjouit l’homme.
Médée
La femme aussi s’en trouve bien.
Le Roi
C’est là mon goût.
Médée
C’est là le mien.
tous deux, ensemble
Oui, trop de constance m’assomme.
Contractons un nouveau lien.

Scène vi

Arcas, Le Roi, Médée, Dorine

arcas

Air : Robin turelure, lure

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Informations sur cet air

Vous chantez, Seigneur ; sur nous
On va battre la mesure.
Adieu le trône pour vous...
Le Roi
Turelure !
arcas
Faute de progéniture.
Le Roi
Robin turelure, lure.

Air : J’ai rêvé toute la nuit

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Informations sur cet air

J’ai, chez les Enfants Trouvés,
Un fils des mieux élevés.
Qu’on lui dépêche un courrier ;
Et fais publier
Que je vais me marier.
Rendons mes peuples contents
Puisqu’ils veulent des enfants.
arcas

Air : Ah, ah, je voudrais bien voir ça !


La populace, à haute voix,
Sans nul égard vous traite d’imbécile.
On est las de suivre vos lois,
Et de Thésée on a fait choix.
On le promène par la ville
En grand triomphe, assis sur le bœuf gras,
Et la canaille danse sur ses pas.
Le Roi
Ah, ah,
Nous allons voir ça !
Ils rentrent.

Scène vii

Thésée sur le bœuf gras, Harengères

Marche
Une harengère

Air : Gué, gué, gué, opégué


Mettons-nous tous en danse
Autour de ce zéros ;
Il a de la vaillance,
Il est fier et dispos.
Ah, qu’il est biau, ma chère !
Ah, qu’il est bien monté !
Opégué, ma commère,
Gué, gué, gué, opégué.
chœur
Opégué, ma commère,
[Gué, gué, gué, opégué].
On danse une ronde.
Ronde poissarde, chantée par la harengère tandis qu’on danse autour du bœuf gras
Faut tretous danser en rond !
Y allons donc,
Remuer le cotillon !
Faut danser le rigaudon
Sur la fougère !
Sur la fougère,
Haut l’pied, bargère !
L’autre jour dans le vallon,
Y allons donc,
Remuons le cotillon !
J’rencontris un bon luron
Taillé pour plaire.
Taillé pour plaire,
I’m’dit : bargère,
C’est vous qu’èt’ mon chien d’trognon,
Y allons donc
Remuons le cotillon !
Faut danser le rigaudon
Sur la fougère.
Sur la fougère,
Haut l’pied, commère !
En dansant j’fis un faux bond.
Y allons donc
Remuons le cotillon !
Eun épin m’entrit dans l’talon,
Je chus par terre.
Je chus par terre,
Sa main légère
Me la tirit tout du long.
Y allons donc
Remuons le cotillon !
Me fit-i’ ben du mal ? Non,
J’n’en sentis guère.
J’n’en sentis guère.
Si j’vous suis chère ?
Quand vous r’passerais par la maison,
Y allons donc
Remuons le cotillon !
Vous y pans’rais mon talon.
Y adieu, compère !
chœur
Opégué, ma commère,
Gué, gué, gué, opégué.
Thésée

Air : Faites boire à triple mesure

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Informations sur cet air

Eh quoi, j’entendrai toujours braire !
Si j’ai sur vous quelque pouvoir,
Je vous ordonne de vous taire.
Allons, Messieurs, partez, bonsoir.
Thésée veut entrer dans l’appartement du roi, Médée l’arrête.

Scène viii

Médée, Thésée

Médée

Air : Tout est permis en carnaval


Où courez-vous ?
Thésée
Trouver Le Roi...
Médée
Ne craignez-vous pas sa vengeance ?
Thésée
On m’a couronné malgré moi,
Et c’est pour badiner, je pense.
Le Roi m’en voudrait-il du mal ?
Ce n’est qu’un tour de carnaval.

Air : Pour la baronne

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Informations sur cet air

La seule gloire
Enflammait mon cœur autrefois.
L’Amour, jaloux de la Victoire,
M’a fait voir un joli minois,
Adieu la gloire.
Médée

Air : N’y a pas de mal à ça

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Informations sur cet air

Un peu de tendresse
Sied bien aux vainqueurs,
C’est une faiblesse
Digne des grands cœurs,
N’y a pas d’mal à ça.
Thésée
Jargon d’opéra.
Médée

Air : C’est ma mie, j’la veux


Vous pouvez sans honte
M’ouvrir votre cœur.
Thésée
J’aime Églé...
Médée
Quel conte !
Thésée
Oui, c’est en honneur.
Et le trône brille
Moins qu’elle à mes yeux.
Elle est bien gentille,
C’est ma mie, j’la veux.
Médée

Air : Si la jeune Iris a pour moi du mépris


Le Roi pour Églé brûle des mêmes feux.
Thésée
Qu’importe !
Médée
Craignez qu’il ne l’emporte...
Thésée
Il n’est pas dangereux.
Médée
Il est bien amoureux...
Thésée
Qu’importe !

Air : Attendez-moi sous l’orme

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Informations sur cet air

Je ne puis le comprendre.
Il vous promit sa foi...
Médée
Allez, allez m’attendre,
Et fiez-vous à moi.
Bientôt en bonne forme
Vos feux seront contents.
Thésée entre dans l’appartement de Médée.
Médée
Attendez-moi sous l’orme,
Vous m’attendrez longtemps.
airopera
Dépit mortel, transport jaloux,
Je m’abandonne à vous.

Air : Ce fut un dimanche après vêpres

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Informations sur cet air

Sans succès j’ai fait les avances.
Par la plus noire des vengeances
Il faut punir cet ingrat-là.
Ah, ah, ah, ah, ah, ah, ah, ah, ah !
Et ma rivale en pâtira.
Ah, ah, ah, ah, ah, ah !
airopera
Dépit mortel, transport jaloux,
Je m’abandonne à vous.
Elle s’éloigne.

Scène ix

Églé, Cléone

Cléone

Air : Ton humeur est, Catherine

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Informations sur cet air

Thésée, après sa victoire,
Va vous faire ici sa cour.
Églé
Il donne tout à la gloire
Sans rien donner à l’amour.
Sa lenteur m’impatiente,
Il sait que j’attends ici.
Puisque la gloire est contente,
Que je sois contente aussi.

Air : Amis, sans regretter Paris

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Informations sur cet air

Il me devrait ses premiers soins.
Vois s’il s’en met en peine.
Cléone
Madame, laissez-lui du moins
Le temps de prendre haleine.
Cléone s’enfuit en voyant Médée.

Scène x

Églé, Médée, [Chœur]

Médée

Air : Et qu’est-c’que ça m’fait à moi ?


Sais-tu que je ne vaux rien
Quand on me met en colère ?
Églé
Oui, vraiment je le sais bien.
Médée
Je suis pire que Mégère.
Églé
Et qu’est-c’que ça m’fait à moi ?
Ce n’est pas là mon affaire.
Et qu’est-c’que ça m’fait à moi ?
Médée
Crains...
Églé
Dites-moi donc pourquoi ?
Médée

Air : Quand le péril est agréable

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Informations sur cet air

Vous êtes gentille...
Églé
Princesse,
Est-ce un crime à scandaliser ?
Médée
Nenni, mais c’en est un d’user
De cette gentillesse.
Églé

Air : Je n’en veux pas davantage

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Informations sur cet air

Épousez le Roi, Madame,
Je n’ai point d’ambition.
Un jeune homme plein de flamme
A mon inclination.
Un officier de mon âge
N’est encor pour moi que trop bon.
Eh ! Non, non, non,
Je n’en veux pas davantage.
Médée

Air : Vous m’avez tout l’air, hum, hum


Petite rusée, hum, hum,
À votre air je soupçonne...
Vous aimez Thésée, hum, hum,
Répondez, friponne.
Églé
Est-ce ma faute ? Hélas ! Ce n’est que de ce jour.
On n’en doit accuser que la gloire et l’amour.
Médée, sur le ton du dernier vers
Parbleu, pour t’excuser, tu prends un plaisant tour.

Air : Lanturlu, lanturlu

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Informations sur cet air

Que ton espoir finisse !
Le Roi connaisseur,
De ton cœur novice
Veut avoir la fleur.
Églé
De mon cœur !... Le jocrisse !
Madame, je ne l’ai plus,
Lanturlu, lanturlu, lanturlu.
Médée

Air : Quoi ! Boiter en cette saison


Je te dirai confidemment,
Tout simplement,
Tout bonnement,
Que si tu n’éteins pas ton feu,
De ces deux mains je t’étrangle,
Morbleu,
De ces deux mains je t’étrangle.

Air : Qu’un mari soit pulmonique

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Informations sur cet air

Crains ma puissance infernale,
Apprends que je suis ta rivale.
Églé
Jamais mon cœur ne changera.
Médée
Ah, ah, ah !
Que l’enfer
Soit ouvert.
Venez tôt, tôt, tôt,
Astaroth,
Griphaël,
Burgibel.
Quittez votre caverne,
Monstres, que mon art gouverne,
Secondez-tous
Mes transports jaloux.
Houx, houx, houx,
Hâtez-vous
De remplir mes projets.
definitacteur, Chœur de moutons chœurmoutons
chœurmoutons
Bê, bê,
Dis-nous-les,
Tes valets
Sont tout prêts,
Bê, bê.
Le théâtre représente un désert affreux.

Scène xi

Médée, Églé, Démons

Médée

Air : Un Cordelier d’une riche encolure

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Informations sur cet air

Pour l’effrayer, monstres, soyez ingambes,
Tortillez les jambes,
Çà, dépêchez-vous,
Tortillez les genoux.
Je veux encor que le diable sautille
Devant cette fille.
Çà, dépêchez-vous,
Tortillez les genoux.
On danse.
Un singe danse les Furies.
chœur

Air : Il était une fois un roi d’Acajou


Par nos clameurs
Troublons les cœurs.
Églé
Quand ferez-vous cesser ma peine ?
chœur
Son désespoir
Est doux à voir.
Églé
En vérité, j’ai la migraine.
Médée
Eh, quoi, tu ne t’étonnes pas
D’entendre tout l’enfer qui braille !
Églé
Épargnez-moi tout ce fracas.
Médée
Tu ne frémis point ?
Églé
Non, je bâille.

Scène xii

Thésée en robe de chambre et sur un lit garni de rideaux, Médée, Églé, Furies

Médée

Air : I, i, i, il est endormi


Tu vas voir un autre tableau,
Oh, oh, oh ! Tourelouribo.
Thésée, ici ! Quel cas nouveau !
Oh, oh, oh, oh, oh, oh !
Il fait dodo.

Air : Charivari de Ragonde


Mégère, Alecton, Tisiphone,
À ma voix, paraissez ici.
Les Furies
Charivari, charivari.
Médée
Vengez-moi de cette mignonne
En égorgeant son favori.
Les Furies
Charivari, charivari.
Médée
L’occasion est bonne,
Le drôle est endormi.
Les Furies
Charivari, charivari, charivari.
Églé

Air : Est-ce un pouce


Quel dommage !
Médée
Il faut sans tarder
Me le céder.
Églé
Votre rage
S’en prendrait à lui ?
Médée
Oui.
Églé
Ô dieux ! Je tremble !
Eh bien ! vivez ensemble.
Médée
Dis-lui que tu le hais.
Églé
Je ne le pourrai jamais,
Non, non, non, non, non.
Médée, menaçant Thésée
Nenni ?
Églé
Aïe, aïe, aïe, si, si.
Médée, aux Furies

la Découpure


Dénichez, dénichez, dénichez donc,
Ma rivale enfin se prête à la raison.
Médée donne un coup de baguette ; le théâtre représente une île enchantée.
Médée, à Thésée

Air : Ah ! Thomas, réveille-toi

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Informations sur cet air

Ah ! Beau Prince, réveille, réveille,
Ah ! Beau Prince, réveille-toi.
Thésée, s’éveillant

Air : N’avez-vous pas vu l’horloge


Quelle voix ici m’appelle ?
Médée
Il est temps d’ouvrir les yeux.
Thésée
Quelle aventure nouvelle
Me fait trouver en ces lieux ?
Médée
J’ai servi vos feux, jeune homme ;
Levez-vous donc, s’il vous plaît.
Thésée, se levant
J’ai fait un assez bon somme...
Savez-vous quelle heure, l’heure il est ?

Air : Vous avez bien de la bonté

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Informations sur cet air

Ô Ciel ! Suis-je bien éveillé ?
Ma surprise est extrême !
De rubans tout entortillé...
Mais je vois ce que j’aime !
Un lit et moi déshabillé...
Médée
Je veux vous aider à lui plaire.
Thésée
La bonne affaire !
Madame, en vérité,
Vous avez bien de la bonté.
À Églé.

Air : Vous ne m’aimez pas

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Informations sur cet air

Mais vous boudez, ma chère !
Vous détournez les yeux !
Quel crime ai-je pu faire ?
Médée
Il faut le traiter mieux.
Croyez-vous donc, ingrate,
Qu’un trône ait plus d’appas ?
[À Thésée.]
L’hymen du roi la flatte...
Thésée
Ah ! Vous ne m’aimez pas !

Air : Le joli petit corbillon


Elle a beau faire
La sévère,
Elle est toujours
L’objet de mes amours.
Médée
Le temps nous presse,
Je vous laisse.
Auprès du roi,
Je cours agir pour moi.
[À Thésée.]
Tâchez de mettre à la raison,
Ce joli petit, ce petit joli,
Ce joli petit cœur fripon.

Scène xiii

Églé, Thésée

Thésée

Air : Non, je ne veux pas rire

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Informations sur cet air

Est-il un sort plus malheureux ?
Églé méprise donc mes feux !
Hélas, qu’as-tu fait de nos nœuds ?
Tu n’as rien à me dire.
Églé
Non, non, non, je ne veux pas rire,
Non, non, je ne veux pas rire, non,
Non, non, non, je ne veux pas rire.
Thésée

Air : Menuets italiens de Lavaux


Premier Menuet
Non ! Toujours dire non !
Qui vous rend donc
Si farouche ?
Quoi ! Le plus tendre amour
Est sans retour ?
Vous rougissez !
Et vos yeux sont baissés !
Vous me repoussez !
Pouvez-vous me haïr ?
D’où vient ce soupir ?
Un feu tel que le mien,
Cruelle, n’a donc rien
Qui vous touche ?
Mais quel trouble charmant !
Le cœur dément
Votre bouche.
Ne me résistez plus.
Que d’heureux moments perdus !
Deuxième Menuet
Viens, viens,
Tu pleures, mais dans tes larmes
L’Amour trempe ses armes...
Je te vois hésiter... Ne crains rien,
Viens, viens,
Bannis de vaines alarmes.
Tu peux
Combler mes vœux,
Nous sommes loin des fâcheux.
L’éclat doit-il éblouir ?
L’Amour seul fait jouir
D’un destin plein de charmes.
Moi,
Je n’ai pour toi
Que l’ardeur
Qui dévore mon cœur,
C’est tout mon bien.
Viens,
Des roses que l’Amour donne
Formons notre couronne.
Son trône est dans ton cœur ; dans le mien
Viens.
Tu ne dis rien ; mais, friponne,
Tes yeux
En parlent mieux...
Ce regard m’ouvre les cieux.
Églé

Air : Je ne saurais, [je suis encor trop jeunette]


Toi seul règnes sur mon âme,
Mais sais-tu bien que pour toi
Médée a la même flamme ?
J’appréhende encor le roi...
Je n’saurais.
Si je devenais ta femme,
Tu mourrais.
Thésée

Air : De tous les capucins [du monde]

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Informations sur cet air

Du roi, je crains peu la colère.
Apprends enfin qu’il est mon père...
Églé
Quoi !...
Thésée
Oui, sans qu’il en sache rien.
Je suis ce fils qu’il idolâtre...
Églé
Pourquoi le taire ?
Thésée
Il le faut bien.
Je ménage un coup de théâtre.

Scène xiv

Médée, Thésée, Églé

Médée

Air : Ah ! Le vois-tu bien, le sens-tu bien, si je t’aime


Je vous entends,
Je vous y prends,
Vous vous aimez à mes dépens.
Je vous surprends,
Ah ! Je vous entends,
Je vous y prends
L’un et l’autre.
Églé

Air : Ma commère, quand je danse

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Ciel ! Ma frayeur est extrême !
Mais je ne crains que pour toi.
Thésée, à Médée
Épargnez l’objet que j’aime,
Il faut vous venger sur moi.
Églé
Non, c’est sur moi.
Thésée
Non, c’est sur moi.
Églé
Non, c’est sur moi.
Thésée
C’est sur moi.
Églé
C’est sur moi.
thésée et églé, ensemble
Épargnez l’objet que j’aime,
Il faut vous venger sur moi.
Médée

Air : La bonne aventure

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Informations sur cet air

Quoi ! Vous l’aimez donc, mon fils ?
Mon cœur en murmure,
Mais ne craignez rien, je suis
Bonne créature.
Je veux vous prouver mes feux
En vous unissant tous deux.
thésée et églé, ensemble
La bonne aventure, ô gué,
La bonne aventure !

Scène xv

Médée seule

Médée

Air : De tromper un amant volage


Ah ! Faut-il que, dans mon dépit extrême,
Je me venge en perdant l’objet que j’aime ?
S’il meurt, mon amour le perdra.
S’il vit, il en sera de même,
Églé seule en profitera...
Vengeons-nous en perdant l’objet que j’aime.

Air : Est-il de plus douces odeurs


De ma main j’égorgeai jadis
Mes enfants et mon frère.
Je vais faire expirer le fils
Par les mains de son père.
Si, pour ne changer qu’une fois,
Le cœur n’est pas volage,
Pour un crime de plus, je crois,
On n’en est pas moins sage.

Scène 16

Le Roi, Médée, Dorine
Médée

Air : Marions, marions, marions-nous


Seigneur, je trouve un moyen
Pour servir votre tendresse.
Joignons par un doux lien
Thésée à votre maîtresse.
Marions, marions, marions-les.
Le Roi
Vous n’y pensez pas, Princesse.
Médée
Marions, marions, marions-les,
Et laissez-moi faire après.

Air : Un peu de tricherie dans la vie


Pour tromper un amant novice,
[Je sais une bonne malice].
Le Roi
Eh ! Bon, bon, bon,
Dites-la donc.
Médée
Vous boirez avec ce compère,
Et moi, je mettrai dans son verre
Un peu de poison...
Le Roi
Ah, ah, voyez donc !
Médée
Un peu de tricherie,
Dans la vie,
Est toujours de saison.
Le Roi

Air : Vous me l’avez dit, souvenez-vous-en

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Informations sur cet air

Ciel !
Médée
Pourquoi vous récrier ?
Ce n’est qu’un aventurier.
Vous avez certain enfant,
Vous me l’avez dit, souvenez-vous-en.
Aux dépens de ce fils-là,
Thésée ici régnera !
Le Roi

Air : Vous m’entendez bien

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Écouter (midi) Voir la partition Informations sur cet air

Allons, c’en est fait, il mourra.
Médée
De plus, Églé vous restera.
Va me chercher, Dorine...
dorine
Hé bien ?
Médée
Ce vin que je destine...
dorine
Je vous entends bien.

Scène xvii

Thésée, Églé, Le Roi, Médée, Peuples

le Roi et médée, ensemble

Air : Allez-vous-en, gens de la noce

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Votre noce ici va se faire,
Ne craignez rien, heureux amants.
Le Roi
Je ne suis plus en colère,
Les plaisirs suivront vos tourments.
Soyez constants,
Vivez contents !
le Roi, médée et le chœur, ensemble
Votre noce ici va se faire,
Ne craignez rien, heureux amants.
Le Roi

Air : Buvez, frères, buvez


Soyez mon successeur,
Régnez tous deux ensemble,
J’y consens de bon cœur.
Thésée
Vous raillez, ce me semble !
Le Roi
Nenni,
Touchez ici.
Thésée
Très volontiers. Vous me comblez de gloire.
Le Roi
Pour que la paix
Dure à jamais,
Ensemble il nous faut boire.

Air : Qu’on apporte bouteille

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Informations sur cet air

Qu’on apporte bouteille !
Thésée, au roi
Quel excès de bonté !
Versez tout plein, ce jus réveille.
Le Roi
Buvez ce coup à ma santé.
Thésée

Air : Chantons à tour de bras


De si rares bienfaits
Passent mon espérance !
Sur ma reconnaissance,
Comptez, Sire, à jamais.
Voyez-vous bien ce sabre ?
Si le moindre mutin
Contre mon roi se cabre,
Pan, je vous le délabre...
Mais buvons notre vin.
Le roi lorgne l’épée de Thésée et lui arrache la coupe.
Le Roi

Air : Qu’allais-je faire dans cette galère


Qu’allais-je faire, laire, laire ?
Dieux ! je suis son père,
Je le vois à ce sabre-là.
Viens embrasser ton cher papa.
Médée

Air : Non, je ne ferai pas [ce qu’on veut que je fasse]

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Mais votre bonne foi n’est-elle pas trompée ?
Ne peut-il pas avoir dérobé cette épée ?
Et venir...
Le Roi
Taisez-vous, ne savez-vous pas bien,
Madame, que jamais je n’approfondis rien ?

Air : Cher amant, tu m’abandonnes


Heureuse épée ! Ah ! Sans elle,
Dieux ! Que j’aurais fait de maux !
Thésée
Voilà ce que l’on appelle
Dégainer fort à propos.
Le Roi

Air : Tu croyais, en aimant Colette

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Informations sur cet air

Qu’en prison elle soit menée !
Médée
Tout beau, tout beau, je vous crains peu.
Je m’enfuis par la cheminée,
Et je vais y mettre le feu.
Le Roi

Air : J’ai vu, j’ai vu, j’ai vu le cadran du berger


Arrêtez-la, morbleu.
Le feu prend dans la cheminée.
tous en chœur, ensemble
Au feu, au feu,
Au feu, au feu, au feu, au feu.
Églé

Air : Ramonez ci, ramonez là

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Informations sur cet air

Il faut appeler Minerve
Afin qu’elle nous conserve.
Thésée
Épargnez cet embarras,
Ramonez ci, ramonez là,
La, la, la,
La cheminée du haut en bas.
Le Roi

Air : Gai, gai, gai, gai, tôt, tôt, tôt


Bon, bon, déjà le feu cesse,
Et tout va selon nos vœux.
Je renonce à la tendresse,
Je vous unis tous les deux.
Le destin de ma famille
Est de vous aimer, ma fille.
le Roi, thésée et églé, ensemble
Bon, bon, bon,
Réjouissons-nous donc.
Tôt, tôt, tôt,
Il faut faire un saut
Haut,
Cabriolons comme il faut.
vaudeville
1
C’est un beau don qu’une couronne
Quand un jeune héros la donne,
D’accord.
Mais quand un vieux roi la propose,
Il faut autre chose encor,
Il faut autre chose.
2
J’obtiens votre main, ma Princesse,
Ce bonheur flatte ma tendresse,
D’accord.
Pour qu’il n’y manque autre chose,
Il faut autre chose encor,
Il faut autre chose.
3
Un amant nous peint son martyre,
Cela nous plaît, et nous fait rire,
D’accord.
Suffit-il qu’il jase et qu’il cause ?
Il faut [autre chose encor,]
[Il faut autre chose]
4
D’abord, d’une faveur légère
Damon paraît se satisfaire,
D’accord.
Mais plus je permets, plus il ose,
Il veut autre chose encor,
Il veut autre chose.
5
À dix ans, sans soins, sans martyre,
Un rien, un joujou peut suffire,
D’accord.
Quand l’adolescence est éclose,
Il faut autre chose encor,
Il faut autre chose.
6
Au printemps de l’âge, pour plaire,
La beauté seule est nécessaire,
D’accord.
Quand on n’a plus un teint de rose,
Il faut [autre chose encor,]
[Il faut autre chose]
7
Avec une simple fleurette,
On prend d’abord une fillette,
D’accord.
Mais une coquette compose,
Il faut [autre chose encor,]
[Il faut autre chose]
8
Auprès de ma mère occupée,
Je ne pense qu’à ma poupée,
D’accord.
Avec Colinet quand je cause,
Je pense autre chose encor,
Je pense autre chose.
9
Pour guérir fille languissante,
La médecine est bien puissante,
D’accord.
De son mal pour ôter la cause,
Il faut [autre chose encor,]
[Il faut autre chose]]
10
[Au public.]
Pour ne point vous trouver contraire,
Il suffit de ne pas déplaire,
D’accord.
Mais pour éviter toute glose,
Il faut autre chose encor,
Il faut autre chose.
Fin

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