Arlequin Dardanus

Auteurs : Favart (Charles-Simon)
Pannard (Charles-François)
Parmentier (René)
Parodie de : Dardanus de La Bruère et Rameau
Date: 14 janvier 1740
Représentation : 14 janvier 1740 Comédie-Italienne - Hôtel de Bourgogne
Source : ms. BnF, fr. 9325
Charles-Simon Favart, Charles-François Panard et René Parmentier

Arlequin Dardanus


Parodie
Théâtre Italien
Le 14 janvier 1740
BnF ms. fr. 9325
Double pour les Comédiens Italiens.

Acteurs


Dardanus : Costantini
Teucer : Romagnesi
Antenor : Antoni
Isménor : Riccoboni
Un archer
Iphise : Silvia
Vénus : Sticotti
Songes : Romagnesi, Bellemont, Riccoboni
Suite
Le théâtre représente des tombeaux.

Arlequin Dardanus


Scène i

Iphise seule

iphise

Air : À sa voisine


Qu’as-tu fait, petit séducteur,
Dieu cruel et volage ?
Au lieu d’inspirer à mon cœur
Un choix prudent et sage,
Tu rends Dardanus mon vainqueur,
Le bel ouvrage !

Air : La palisse

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Informations sur cet air

Guerriers, à qui ce héros
A fait passer l’onde noire,
Si je viens sur vos tombeaux,
C’est pour admirer sa gloire.

Scène ii

Teucer, Iphise

teucer

Air : Mon petit cœur de quinze ans


Ma fille, réjouissez-vous,
Anténor se battra pour nous,
Il remplira notre vengeance :
Il ne veut pour sa récompense
Que le titre de votre époux.
iphise

Air : La besogne

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Que le titre de mon époux !
Papa, je le trouve, entre nous,
Bien modeste sur ce chapitre,
Puisqu’il se contente du titre.

Scène iii

Anténor, Teucer, Iphise, suite

anténor

Air : C’est mademoiselle Manon

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Ma princesse, pour vous, je vais tout entreprendre,
Je viens pour vous défendre
Et pour vous mériter.
iphise
C’est trop vous flatter,
Anténor, j’ai lieu de douter
Que vous alliez au but où vous osez prétendre.
Jupin en courroux
Pourra s’opposer à vos coups,
Dardanus est son fils.
anténor
Oh ma foi, je m’en ris.
teucer

Air : La jeune abbesse de ce lieu

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Ècoutez notre affreux serment,
Maître des dieux, vengeur du crime.
Nous allons en commettre un grand
Que vous trouverez légitime.
Par nos mains, sous votre bon plaisir,
Monsieur votre fils va périr.
anténor et teucer, ensemble

Air : Si je te plais, ritournelle courte


Accompagnement de basse.
Jurons ici de le mettre au tombeau
Par la morbleu, s’il échappe à ma lame,
Si Dardanus se dérobe à ma lame
Je veux ne boire que de l’eau,
Je veux boire mon vin sans eau,
Et jamais ne perdre ma femme,
Et jamais ne prendre de femme.
Si je tiens ce brigand,
Je le rosserai tant
Et si rudement,
Que je l’étrille
Tout à mon gogo.
Contre lui, ventrebille,
Jurons en duo.
Je le battrai tant,
Je le frotterai tant
Je le rosserai tant
Je l’épousterai tant
Et si rudement.
Si je ne garde
Ce serment de fou,
Le diable me nazarde,
Me torde le cou.
Fin.
teucer

Air : Opégué, ma comère


Pour donner plus de force
À des serments si beaux,
Au risque de l’entorse
Sautons sur ces tombeaux.
Que par mille gambades
Ce jour soit distingué,
Opégué, camarades,
Gué, gué, gué, opégué.
iphise

Air : J’avais, Lisette, un billet doux

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Quoi, l’allégresse,
Peut vous gagner
Où la tristesse
Devrait régner.
teucer
De nos amis trépignons le cercueil.
anténor
Je crois qu’il gausse.
teucer
Non, il n’est point de plus beau deuil
Que sur la fosse.
anténor, à Teucer

Air : L’autre nuit, j’aperçus en songe

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Vous profanez ces lieux funèbres,
Est-il décent d’y donner bal ?
Seigneur, c’est en agir fort mal.
À la suite.
Sortez d’ici, guerriers célèbres,
Au lieu de passer l’entrechat,
Vous devez songer au combat.

Scène iv

Iphise seule

iphise

Air : Amant infidèle


Et l’amant chéri
Au parterre on vit.

Air : Quoi, cette fête charmante ne peut t’attendrir


Pour mon père cette ligue
Ne produira rien
On veut embrouiller l’intrigue
Je m’en doute bien ;
Il faut que je développe
Un complot si fin,
Pour savoir mon horoscope
Courons au devin.
\scene[Le théâtre représente l’antre d’Isménor.] Isménorseul
isménor

Air : Au fond de mon caveau ritournelle magique


Pour moi rien n’est obscur
À mes yeux se présente
Le temps passé, le futur,
J’ai la pièce volante,
Le billet pour rendre dur.
Je devine à coup sûr.
Fillettes, mon pouvoir
Peut encor faire avoir
Tout ce qu’on a perdu.
Par moi, tout endroit du grimoire
Est entendu.
Je suis égal aux dieux :
Mon art pernicieux,
L’aurait-on jamais osé croire,
Me vient des cieux.

Scène v

Dardanus, Isménor, démons

isménor

Air : Quand on parle de Lucifer


Dardanus, en ce pays-ci
Que ma surprise est extrême !
Comme un sot à son ennemi,
Veut-il se livrer soi-même ?
Pourquoi venez-vous petit étourdi ?
dardanus
Sait-on ce qu’on fait quand on aime ?

Air : Je me sens tout emberlificoté


L’aimable fille de Teucer
Trouble ma cervelle.
isménor
Quoi, vaillant fils de Jupiter,
Vous brûlez pour elle ?
dardanus
Oui, je suis tout emberlificoté
Pour cette belle,
Oui, je suis tout emberlificoté
De sa beauté.

Air : Lustucru

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J’étais possesseur d’Iphise,
D’elle j’étais enchanté ;
Mais je relâchai ma prise
Sans en paraître tenté
Quelle générosité !
isménor
Quelle sottise !
dardanus
C’est que j’ai de la vertu,
Lustucru !
isménor

Air : Nous autres, bons villageois

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Mais je n’entends pas comment
Elle fut en votre puissance ;
Expliquez-nous clairement
Un fait de si grande importance,
dardanus
Cette princesse par hasard
Vint prendre l’air hors du rempart,
Et fut prise par un housard,
En s’allant promener trop tard.

Air : Accorde ta musette


J’ai su que la friponne
Devait vous consulter.
isménor
Qui vous l’a dit ?
dardanus
Personne,
Mais j’ai cru m’en douter.

Air : Robin Turelure lure

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Informations sur cet air

Ce voyage libertin
M’est d’un fort mauvais augure,
Fille qui court au devin,
Turelure,
Cherche la bonne aventure,
Robin turelure, lure.

Air : Un abbé dans un coin

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Informations sur cet air

Du sujet de ce soin,
Dans un coin
Rendez-moi le témoin
Il est bon de s’instruire ;
Afin de m’aviser
Sur ce qu’elle va dire,
Si je dois l’épouser.
isménor

Air : Je ne veux point troubler

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Informations sur cet air

Comptez sur moi, fils du dieu du tonnerre,
Car Isménor doit vous savoir bon gré
De n’avoir point ravagé dans la guerre
Ce saint asile à Jupin consacré.
dardanus

Air : Quel malheur, belle princesse


Vous me décochez, compère,
Des douceurs hors de saison.
Parbleu, j’étais joli garçon,
Si ma colère
Eût mis le feu dans la maison
De mon cher père.

Air : Si le roi m’avait donné

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Informations sur cet air

Cherchez quelque meilleur tour.
isménor
Bon, que vous importe ?
Je vais servir votre amour
De la bonne sorte :
Qu’ici paraisse l’enfer.
dardanus
Quoi ! L’enfer chez Jupiter ?
Le diable t’emporte ô gué,
Le diable t’emporte.
isménor

Air : Un sot qui veut faire l’habile

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Informations sur cet air

Il faut d’abord avec tapage
Dans mon grand art vous faire initier.
dardanus
Je n’aurais donc fait le voyage
Que pour avoir l’honneur d’être sorcier !
Mais quel effet produira, je vous prie,
Toute cette magie !
isménor
Elle produira
Un fort bel acte.
dardanus
Qui sera
Le non plus ultra.
isménor

Air : Je viens exprès de Congo

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Informations sur cet air

Vous allez voir le Sabat,
Ah, ah, ah, ah.
Le Sabat.
À cheval sur un gros chat
Le démon va paraître,
Déjà l’on sent ici,
aussi
Le roussi.

Air : Holà le ragioux


Entrez dans ce triple cercle,
Et ne soyez point peureux ;
Je vais lever le couvercle
De l’abîme ténébreux,
Holà le ragioux,
Venez accourez tous,
Matoux
Hiboux,
Sorciers et loups-garoux.
On danse.
isménor avec le chœur, ensemble
On danse.

Air : À boire, à boire

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Informations sur cet air

Hâtons-nous, commençons nos terribles mystères,
Remplissons de nos cris ces antres solitaires,
Et que nos magiques concerts
Retentissent jusqu’aux enfers.
On danse.
isménor

Air : Un prélat


L’éclat nuit
Aux horreurs que mon art produit.
Point de bruit.
Éclipsons l’art qui nous luit.
Le jour fuit,
Le théâtre représente une nuit.
Qu’il succède une affreuse nuit.
Sortez des tombeaux
À l’éclat des flambeaux,
Esprits folets,
Sur vos manches à balais
Faites des entrechats
Aux cris aigus des chats.
Bruit de chats.
Dans les airs
La lune, attentive à mes airs,
En tremblant,
Se couvre d’un voile sanglant.
J’ai le cauchemar,
Mon regard
Est hagard.
Je touche au but.
Tout l’univers souffre.
Du funeste gouffre
S’exhale le soufre.
Chut.
Mes sorts
Glacent d’épouvante
Les morts.
À moi se présente
Le trou

Cerbère tient par son licou.
Du sein de l’enfer
Lucifer
M’obéit.
Il en frémit.
Pour apaiser son dépit,
Qui suivez mon joug,
Rendez hommage au bouc.
On danse.
isménor, à Dardanus, lui donnant sa baguette

Air : Il ne faut qu’un coup de baguette


Reçois ce don mystérieux
Bientôt par sa vertu secrète
Tu verras ton affaire faite.
Pour rendre ton amour heureux,
Il ne faut qu’un coup de baguette.
dardanus

Air : Par la vertu, tu, tu


Seigneur, je vous remercie.
Ah ! Que de bruit, ventrebleu !
Pour si peu,
J’en ai la tête étourdie.
isménor
Charge toi
De mon emploi.
Par la vertu, tu, tu, tu de la magie,
Tu vas sous mes traits agir pour moi.
dardanus

Air : Changement pique l’appétit

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Informations sur cet air

La ressemblance est imparfaite.
isménor
Il faut que le public s’y prête.
dardanus
Pour mieux en imposer aux yeux,
Ma foi, troquons d’habits nous deux.
isménor

Air : Si ma Philis vient en vendange


Prends cet habit fait pour ma taille.
dardanus
Non, non, je n’aurai pas votre air.
J’aurais plutôt besoin de votre basse taille
Car un sorcier n’a jamais chanté clair.
isménor

Air : Qu’un mari soit pulmonique, prélude


Ma perte est inévitable
Si tu n’obéis aux lois du diable.
Garde cette baguette-là.
chœur
Aracha, moustacha, colicha,
Ah, ah !
Balael, grifael, Burgibel.
isménor
Mon fils, le charme cesse,
Dès le moment qu’on la laisse,
Et le péril naît aussitôt.
chœur
Colao, galbao, gastrao,
Ho, ho,
Malachou, miaou, lichou, lichou.
dardanus, chassant les démons
Lichou, chou, chou.

Scène vi

Anténor, Dardanus

anténor

Air : Hélas ! S’il n’était pas mort

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Informations sur cet air

Seigneur, l’amour m’a blessé,
Mais je tremble pour ma flamme.
Ah ! Qu’on est embarrassé
Lorsqu’on veut prendre une femme.

Air : Pour un seul coup, lever le cul je n’ose


Sur Anténor
Le bon Teucer se fie ;
Avec sa fille, aujourd’hui, je me lie.
À Dardanus, je dois donner la mort ;
C’est notre accord.
dardanus, à part
L’affaire n’est pas faite.
Je suis tenté de casser la baguette
Sur Anténor.
anténor

Air : On n’aime point dans nos forêts

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Informations sur cet air

Mon amour implore votre art.
Je suis charmé de la princesse.
Dans son cœur ai-je quelque part ?
dardanus, à part
Il en veut donc à ma maîtresse ?
Heureusement que le pendart
Vient se confier au renard.

Air : Non, je ne m’en soucie guère


S’il faut que je devine
Le sort qu’on vous destine
Vous serez sûrement,
J’en juge à votre mine,
Vous serez sûrement...
anténor

Air : Bacchus disait, pour m’exciter à boire


C’en est assez, rengainez la menace.
dardanus
Tout l’avenir à mes yeux est présent...
anténor
De l’avenir fort peu je m’embarrasse,
Et j’apprendrai mon sort en épousant.

Air : Vantez-vous en


Mais obtiendrai-je cette belle ?
C’est ce qui trouble ma cervelle.
Je crains qu’en secret un vainqueur
N’ait pris son cœur
dardanus
Ah ! Quel malheur !
Qui peut causer votre frayeur ?
anténor
C’est qu’à mes feux elle est rebelle,
Cela suppose un autre amant.
dardanus
Vantez-vous en.
anténor

Air : Allons donc, jouez violons


Sachez un peu ce qu’elle pense.
dardanus
Je vais employer ma puissance
À découvrir votre rival.
anténor
Mais pourquoi chercher à m’instruire ?
Tout éclaircissement peut nuire,
Et dans le lien conjugal
Ne produit que du bacchanal.
Iphise vient, je me retire ;
Car je n’ai rien de bon à dire.
Maudit soit le rôle fatal
Qui commence et finit si mal !

Scène vii

Iphise, Dardanus

bas

Air : Perette, étant sur l’herbette


Ah ! Morbleu, qu’elle est jolie !
De ses yeux je me défie,
Et je crains en ce moment,
Qu’à travers de la magie
L’on ne découvre l’amant.

Air : Tu tueras ton père et ta mère


Haut.
Princesse, ici, qui vous attire ?
iphise
Ouf !
dardanus
Votre petit cœur soupire,
Ça, contez-moi votre chagrin.
iphise
Comment découvrir mon martyre ?
Ah ! Puisque vous êtes devin,
Devinez ce que je veux dire.
dardanus

Air : Si vous voulez que je vous baise

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Informations sur cet air

Quoiqu’aisément, à votre mine,
On en puisse venir à bout ;
Si vous voulez que je devine,
Commencez par me dire tout.
iphise

Air : À l’envers

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Informations sur cet air

Un hymen, par votre calcul
Devient nul,
Vous faites tonner, pleuvoir,
Tout mouvoir,
Et vous mettez l’univers
À l’envers.
dardanus

Air : Ah ! Ma tante


Je m’en flatte bis
La terre ronde autrefois
Par mon art se trouve plate,
Je m’en flatte.

Air : L’asthmatique, petite ritournelle


Mais, au fait.
iphise
Non, je n’ose.
dardanus
Quelle cause ?
iphise
Bouche close.
dardanus
Parlez net.
iphise
Non, je n’ose.
dardanus
Je tiendrai le cas secret.
iphise
Il faut donc
Vous l’apprendre ?
dardanus
Quel soupçon ?
iphise
Je suis tendre.
Mon cœur s’est mal défendu
Malgré moi je l’ai perdu,
Pourriez-vous sans esclandre
Me le rendre ?
dardanus
C’est l’entendre.
iphise
Hâtons-nous,
Je dois prendre
Un époux
Un peu jaloux.
dardanus

Air : Est-ce un pouce


Je frissonne !
Mon art sur ce point
Ne s’étend point.
À part.
La friponne !
Haut.
Vous aimez donc ?
iphise
Oui.
dardanus
Qui ?
iphise
Un prince aimable
Qu’une haine implacable
Avec des traits d’horreur
Doit peindre à mon cœur.
dardanus
Comment se nomme
Ce cher petit bonhomme ?
iphise
Ses exploits vous sont connus,
C’est...
dardanus
Achevez ! Dardanus ?
iphise
Non, non, non, non, non.
dardanus
Nani ?
iphise
Aïe, aïe, aïe, si, si.
dardanus, à part

Air : On ne doit point mettre à rançon


Un héros qui répand l’effroi,
Que malgré soi l’on trouve aimable,
J’ai deviné que c’était moi,
Ma modestie est admirable.
iphise

Air : Il me semble que l’on me fourre


Arrachez ce trait de mon sein.
dardanus
Parbleu, ce n’est pas mon dessein,
Puisque l’amour a su vous plaire,
Ma belle enfant, laissez-le faire.

Air : Je vous la gringole

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Informations sur cet air

Il brûle pour vos appas...
iphise
Ah retournons sur nos pas
Quoi, me prendre par le bras ?
Je suis toute émue.
dardanus
Belle, ne voyez-vous pas
Que je change à vue ?
iphise

Air : Ouiche, ouiche

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Informations sur cet air

Dardanus, je ne puis le croire,
Non, c’est encor le sorcier.
dardanus
Il m’avait prêté son grimoire,
C’est moi, l’on peut s’y fier.
iphise
Ah, ah, ah ! Ouiche, ouiche,
Je crains qu’avec ce minois là,
L’on ne me triche,
Ouiche, ouiche,
Et ouida.
dardanus

Air : J’en jure par vos yeux


Elle a ma foi, raison.
Madame, à l’opéra, l’on n’a pas ce soupçon.
iphise
Le bon sens en musique est traité sans façon.

Air : L’oiseau royal


Sans compagne,
Dans cette campagne
Je m’expose imprudemment.
Je vous quitte.
dardanus
Restez, ma petite,
Dardanus aime sagement.
iphise
Folle qui s’y fie.
dardanus
Restez, je vous prie.
Où voulez-vous fuir ?
Tout va languir.
Elle s’en va.
Elle se retire.
Pour la reconduire,
Ne devais-je pas,
Tout du moins, offrir mon bras ?
L’art magique
Me sera tragique,
Il pouvait aller plus loin,
Mais je jette
Ma chère baguette
Lorsque j’en ai le plus besoin.
chœur
En prison, en prison, en prison,
Vite en prison.
un archer

Air : Allons la voir à St Cloud


Dépëchez, suivez nos pas.
dardanus
Voilà donc l’effet du pacte ?
un archer
Aussi bien ne sait-on pas
Où l’on vous prend dans l’entr’acte.
dardanus
Je vais aux petites maisons,
Conduit par de bonnes raisons ;
Car après ma folie
Je mérite qu’on plie.

Scène 8

Iphise
iphise

Air : Menuet


Quel malheur affreux,
Dieux !
Puis-je sans m’émouvoir
Voir
Dardanus en ces lieu
Captif pour mes beaux yeux,
Prêt à subir un sort odieux ?
N’a-t-il pas très fort
Tort !
Il me perd pour jamais,
Mais
S’il eût suivi mes pas,
Il ne s’exposait pas
Au trépas.
Quoi ! Sans insister,
Le nigaud me laisse prendre la fuite !
Courais-je si vite
Qu’il ne pût, hélas ! m’arrêter ?
Quel malheur affreux
Dieux etc.

Scène ix

Anténor, Iphise

anténor

Air : Tambourin

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Informations sur cet air

Je vais être votre époux,
Embrassons-nous,
Ma chère Iphise,
Le jour est marqué ;
Votre esprit
S’en aigrit,
Quel air intrigué !
Gué, gué, gué,
Vous excitez ma surprise.
Mon petit cœur,
L’hymen te fait-il peur ?
Ne crains rien,
Tout ira bien,
Ce beau lien
Deviendra pour nous
Doux, doux, doux.
iphise

Air : L’amour est à craindre


Mon cœur se désole
[Non rien ne] console
Ou [...ole]
Dardanus
Vos coups sont prévenus
Hélas quel dommage
Qu’il meure à son âge !
Je partage
Son tourment
Par pitié seulement
Auteur de nos maux
Pour nous c’était un homme à craindre
Nous devons tous plaindre
Un si grand héros
Hélas etc.
anténor

Air : Le cotillon couleur de rose


Non, non, ce n’est point la pitié,
C’est l’amour qui pour lui s’explique ;
Du moins ma future moitié,
Cachez vos feux par politique !
iphise
Dieux ! Quel soupçon.
anténor
Cette leçon
Est d’usage
Pour le ménage.
iphise
Je vous croirai,
Je la suivrai
Dès que je vous épouserai.
chœur, dans la coulisse

Biron, ritournelle


Que sans cesse
Chacun s’empresse.
Quel triomphe ! Quel jour heureux !
anténor

Biron


Entendez ces chants joyeux,
Princesse, ils blâment vos feux.
iphise

Air : Non, non, il n’est point de si joli nom

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Informations sur cet air

Non, non
Pour voir ces jeux hors de saison,
Je me sens trop de tristesse,
Non, non,
Pour voir ces jeux hors de saison
J’ai le jugement trop bon.

Scène x

Anténor, Le chœur

chœur

Air : Biron


Que sans cesse
Chacun s’empresse
Que l’on gambille.
Que l’on sautille,
Que tout ici s’égosille,
Glapissons,
Étourdissons,
Mugissons,
Unissons
Nos pas avec nos chansons
Faisons carillon
En dansant en rond.
On danse.

Air : Biron


Air : Et frou, frou, frou

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Informations sur cet air

chœur
Dardanus est aux arrêts,
Nous venons chanter la paix,
Et paix, paix, paix
anténor
Et fi, fi, fi,
Belle besogne !
Qu’avons-nous besoin ici
Des niais de Sologne !

Air : Le canard étendant ses ailes


On tient Dardanus dans la geôle,
Mais on n’y tient pas
Ses soldats,
Que ce grand chœur me semble drôle !
deuxcol,
chœur
trois, Paix, paix, paix,
Que la paix a d’attraits !
teucer, en entrant
trois, Paix, paix, paix,
Finiront-ils jamais !

Scène xi

Teucer, Anténor

teucer, renvoyant le chœur

Air : Les pendus

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Informations sur cet air

Cessez vos jeux, tout est perdu.
Un grand orage est survenu,
Le tonnerre a cassé nos vitres,
Et j’ai su par un marchand d’huîtres,
Qu’il est sorti d’un gouffre affreux
Un monstre aussi gros que nous deux.
anténor

Air : Quand je tiens du jus d’octobre

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Informations sur cet air

Qu’est-ce que ce prodige annonce ?
Cet incident me rend tout sot.
teucer
Triton a fait cette réponse
À califourchon sur un flot.

Air : Le beau dion


Dardanus est ici captif,
Les dieux en sont piqués au vif ;
Un monstre vous croquera tous.
anténor
Hélas ! Où nous sauverons-nous ?
teucer

Air : Cotillon hongrois


Que le dieu qui lance le tonnerre,
Que celui qui règne sur les flots
S’unissent pour me livrer la guerre,
Ma fureur bravera leurs complots.
Que le ciel, la mer,
Avec l’enfer
Soient de concert ;
Je fais peu d’état
De leur éclat,
Rien ne m’abat,
Je les attends au combat.
anténor

Air : Que faites-vous, Marguerite

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Informations sur cet air

Taisez-vous, quelle indécence !
Un censeur dirait tout haut :
Avec quelle irrévérence
Parle des dieux ce maraut.
teucer

Air : Chers amis, voulez-vous m’en croire

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Informations sur cet air

S’il faut que le ciel m’en punisse,
Qu’avant moi Dardanus périsse :
Allons vite, à ce guignolet,
De ce pas couper le sifflet.
anténor
Partez, que rien ne vous arrête
Moi, je vais combattre la bête.

Scène 12

Vénus, Dardanus, Songes
vénus

Air : Prenez bien garde à votre cotillon, ritournelle


Jupin m’a dit de secourir
Dardanus tout prêt à périr ;
J’ai tiré ce pauvre garçon
Subtilement de sa prison,
Et jusqu’ici je l’apporte
Sous mon cotillon.
Changement à la scène de Vénus, représentée par Arlequin dans la parodie de Dardanus.
Jupin m’a dit de secourir etc.

Air : Hélas ! La pauvre fille

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Informations sur cet air

Quel sommeil léthargique
Engourdit Dardanus ?
L’amour dont il se pique
Le rendrait-il perclus ?
Il est paralytique
Aux genoux de Vénus.

Air : Mirliton

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Informations sur cet air

Mais ma critique est frivole,
Il dort par enchantement,
Sans cela c’est un bon drôle,
Qui veillerait sûrement
Auprès d’un tendron,
Si mignon,
Mirlitaine,
Auprès d’un tendron
Dondon.

Air : E che diavolo sai sonnare


Moi-même ici je pourrais bien l’instruire
De la façon dont il doit se conduire,
Mais je crois qu’il vaudra bien mieux
L’éclairer par des songes creux.
Songez, venez et quittez vos retraites,
Débitez lui de gentilles sornettes ;
L’opéra fait ainsi savoir
Aux grands chœur quel est leur devoir.
chœur
Eh de quoi diable veux-tu qu’on l’instruise
Ne sachant rien que veux-tu qu’on lui dise !
vénus
Vous lui direz tout ci, tout ça
Vous lui direz par ci, par là,
Vous lui direz tout ci, tout ça,
Vous lui direz tout ce qu’il vous plaira.

Air : Frère François


Songez, sortez de vos retraites
Montrez-lui, par des chansonnettes,
Son devoir,
Qu’il éprouve de vos sornettes
Le pouvoir.
Vénus sort et laisse Dardanus endormi.
chœur

Frère François, ritournelle


Do, do,
L’enfant do,
L’enfant dormira tantôt.
le trio, ensemble
airopera
Madame Bellemont
Pillons l’amant de Cybèle,
Son sommeil vient tout de go.
chœur
Do, do, do, do.
le trio, ensemble
Il faut, d’après ce modèle,
Former un bruyant trio.
chœur
Do, do, do, do.
le trio, ensemble
Le drôle de Vertigo.
chœur
Do, do,
L’enfant do,
L’enfant dormira tantôt.
un songe

Air : Tutaine, tuton


Un monstre ici répand l’horreur,
Mais ne crains rien de sa fureur,
Neptune veut t’en faire honneur ;
Que ton bras s’évertue
Tu, tu,
Ce monstre goulu ;
Ton, ton,
Ne sois pas poltron,
Car ce fier dragon
Vient exprès, dit-on,
Tutaine, tuton,
Afin que tu le tues.

Air : Ah ! Thomas, réveille-toi donc


premier songe
Ton sommeil est un peu trop long.
deuxième songe
Dardanus, réveille-toi donc.
troisième songe
Il faut combattre le dragon.
le trio, ensemble
[\chœur]
Hola, hé ? Dardanus ?
Dardanus, réveille, réveille,
Dardanus réveille toi donc !

Scène xiii

Dardanus seul

dardanus

Air : On n’aime point dans nos forêts

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Informations sur cet air

Ah ! Morbleu, que n’ai-je sur moi
L’interprétation des songes !
Je suis libre et je m’aperçois
Que les miens ne sont pas mensonges ;
Cédons aux oracles des dieux,
Ils auront fait tout pour le mieux.

Air : Un jour de dimanche, après vêpres, petite ritournelle et accompagnement


Cherchons le monstre épouvantable
Dont le courroux impitoyable
Rava a a age
Ces clima a a ats.

Scène xiv

Anténor seul

anténor

Air : Petits oiseaux, rassurez-vous, ritournelle


Monstre marin, rassurez-vous,
Ne craignez rien de mon courage,
Je suis poltron, ah ! quel dommage !
Je crois l’entendre, sauvons-nous.
Monstre, calmez votre colère,
Et respectez un seigneur de mon rang,
Cupidon m’a rendu plus chétif qu’un harang.
Hélas ! En me croquant
Vous ferez maigre chair.
La mer se soulève, le tonnerre gronde. Tempête pendant laquelle Anténor chante le couplet.

Air : Enfants de Paris


Quel bruit
Subit ?
La nuit
Le suit,
La tempête s’en mêle !
Le monstre paraît.
Il pleut ici,
Il tonne aussi
Il grêle, il grêle.

Air : Le vinaigre


La peste soit du point d’honneur,
Il s’agit ici de combattre,
Et de faire le diable à quatre,
Quand je suis glacé de terreur
C’en est fait, le monstre m’aborde
Ce gros gourmand
Me rend
Mourant,
Je sens
Ses dents
Miséricorde !
Le monstre terrasse Anténor.

Scène xv

Dardanus, Anténor

dardanus

Air : Je ne vous ai vu qu’un seul petit moment


Volons au secours de mon rival,
Car il faut rendre le bien pour le mal.
Dardanus combat le monstre.

Air : Allons à la guinguette

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Informations sur cet air

Maudit glouton,
Il faut que je vous frotte
Avancez donc,
Parez moi cette botte.
Vous en voulez par là,
Voilà, voilà,
Pour vous, monsieur le peccata.

Air : Ah, mon Dieu, que de jolies filles

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La pauvre bête est morte.
anténor
Tant mieux, par ma foi.
dardanus
L’espoir me réconforte.
anténor
Je bannis l’effroi.
Quel nigaud s’est donc de la sorte
Exposé pour moi ?

Air : Tu n’as pas le pouvoir

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Informations sur cet air

Faisons un compliment flatteur
À mon libérateur ;
La nuit m’empêche de le voir,
Gare le pot au noir.

Air : Ah ! Vraiment, je m’y connais bien

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Comment avez-vous donc pu faire
Pour m’être à point si nécessaire ?
On ne se voit point à deux pas.
dardanus
Je vois de nuit comme les chats.

Air : Voulez-vous savoir qui des deux

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Cette nuit vient fort prudemment
Pour filer plus adroitement
Une reconnaissance aisée.
anténor
Prenez ce fer malencontreux.
Puisse-t-il comme dans Thésée
Produire un dénouement heureux !
dardanus

Air : De tous les capucins

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Un guerrier, quitter son épée,
De cet trait mon âme est frappée !
Vous vous déshonorez, mon cher,
On vous chantera par la ville.
anténor
Bon, bon, prenez toujours ce fer,
Vous savez qu’il m’est inutile.

Air : Réveillez-vous, belle endormie

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Informations sur cet air

De ma juste reconnaissance
Que ce don vous soit le garant.
Exigez tout de ma puissance.
dardanus
Mais ne seras-tu pas normand ?
anténor

Air : Il ne faut jurer de rien


J’en jure par ma valeur,
Et par les beaux yeux d’Iphise.
dardanus
Eh bien, cède-moi son cœur.
anténor
Souffrez que je me dédise.
dardanus
Tu tiens par un trop fort lien.
Il sort.
anténor
Peste soit de ma bêtise !
Oh, vraiment, je m’aperçois bien
Qu’il ne faut jurer de rien.

Scène 16

Teucer, Iphise, Anténor, Le chœur
chœur, dans la coulisse

Air : Exaltons, ritournelle


Exaltons
Et chantons,
La gloire
De la victoire,
D’un vainqueur
Plein de cœur.
Chantons Anténor en chœur.
anténor
Quels cris se font entendre ?
teucer
Ah ! Quel exploit charmant
Nous venons tous mon gendre
Vous faire compliment.
anténor, à part
Quelle erreur !
teucer
Votre rare valeur
Seule a su nous défendre.
anténor
Comment donc
Avouerai-je au patron
Que j’ai fait le poltron ?
teucer
J’ai consulté Neptune.
Les dieux sont sans rancune ;
D’Iphise ils font un don
Au tueur de dragon.
chœur
Exaltons etc.

Scène xvii

Dardanus, Anténor, Teucer, Iphise

teucer

Air : Qu’importe

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Informations sur cet air

Ciel ! Dardanus !
dardanus
Oui, me voilà.
teucer
J’ai peine à comprendre cela.
Par quel prodige êtes-vous là !
dardanus
Qu’importe ! Qu’importe !
anténor
C’est le diable qui l’emporta,
Le diable le rapporte.
dardanus, à Anténor

Air : Non, je ne ferai pas

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Frape, perce mon cœur, faut-il t’offrir des armes !
Tiens, prends ce coutelas.
anténor
Oh ! Mortelles alarmes !
C’est mon libérateur ! Quel incident nouveau !
Oui, donne-moi ce fer... pour qu’il rentre au fourreau

Air : Adieu donc, mes amours


J’abandonne la place,
À mon heureux rival :
Contre un monstre à la glace
J’ai combattu fort mal.
Pour conquérir vos charmes,
J’ai d’aussi faibles armes.
Je crains pareil guignon.
Adieu donc, Janeton.

Scène xviii

Teucer, Iphise, Dardanus, Suite

teucer

Air : Où êtes-vous, Birène, mon ami

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Moi, je n’ai plus aucun ressentiment,
Et je consens que l’hymen vous unisse.
Je ne saurai, ma foi, faire autrement ;
S’il faut bien que l’opéra finisse.

Air : Robin Turelure lure

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Pour terminer chaudement,
Et prévenir la censure,
Supprimons un dénouement,
Turelure,
Où Vénus sert de Mercure,
Robin, Turelure lure.

Air : Routes du monde

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Informations sur cet air

Il nous faut, du moins, un palais.
iphise

Air : Monsieur le Prévôt des marchands

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Informations sur cet air

Non, non, n’en risquons pas les frais.
Ce brillant amas de colonnes
Qu’un peu trop tard on prépara,
Quoiqu’en apparence fort bonnes,
N’ont pu soutenir l’opéra.
On danse.
chœur

Air : Apestua bonna


Oh, oh, oh !
Ah, ah, ah !
Époux, soyez sans débats,
D’aimer ne vous lassez pas,
Que l’hymen jusqu’au trépas
Soit pour vous rempli d’appas ;
Après, bals, cadeaux, repas,
Et cetera bonna,
Et cetera bonna.
Fin

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