L'Enfant gâté ou Folette et Roger Bontemps

Auteurs : Vadé (Jean-Joseph)
Parodie de : Le Carnaval et la Folie de La Motte et Destouches
Date: 6 septembre 1755
Représentation : 6 septembre 1755 Foire Saint-Laurent - Opéra-Comique
Source : Paris, Duchesne, 1755
Jean-Joseph Vadé

Folette


L’Enfant gaté
Parodie du Carnaval et la Folie
Représentée pour la première fois sur le Théâtre de l’Opéra-Comique de la Foire Saint-Laurent
le 6 Septembre 1755
Paris, Duchesne, 1755, Oeuvres de monsieur Vadé, nouvelle édition, t.2, Paris, N.B. Duchesne, 1758

Acteurs


Monsieur Richard, homme de Fortune : Monsieur de la Ruette
Jeunette, sa femme : Mademoiselle Baptiste
Folette, leur fille : Mademoiselle Rozaline
Roger Bontemps, amant de Folette : Monsieur Deschamps
Plaisantin, ami de Roger Bontemps : Monsieur Delille
La scène est dans le salon de monsieur Richard.

Folette


Scène i

Roger Bontemps seul

Roger Bontemps

Air : La bonne aventure, ô gué

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Deux puissances tour à tour
Me livrent la guerre.
Tantôt c’est le tendre amour,
Tantôt c’est le verre.
L’un avec l’autre ligué
Souvent m’offrent un air gai,
Tendron et grand’ chaire, ô gué,
Tendron et grand’ chaire.

Air : Prévôt des marchands

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L’amant, l’habit et le projet
Sont presque aussi fous que l’objet
Qui rend mon goût au sien conforme.
Je fais comme bien des gens font
Que l’hymen unit pour la forme,
À dessein d’acquitter le fond.

Air : De nécessité nécessitante


Quoi, ç’en est donc fait, mon cœur, tu cède...
Mais que veut ce Directeur des Aides ?

Scène ii

Roger Bontemps, Plaisantin

plaisantin

Air : Ce que vous pensez


Cher Roger Bontemps,
De toi seul j’attends
Un vrai secours d’ami.
Roger Bontemps
Qui t’amène ici ?
plaisantin
J’étais employé,
Assez bien payé.
D’un bon mot mal compris
J’ai reçu le prix.
Roger Bontemps
La satire
Nous attire
Plus de revers que d’honneur.
plaisantin
Oui, sans doute.
Mais écoute :
Près d’un protecteur
Doit-on, en flatteur,
Aux dépends du cœur,
Être adulateur ?
Roger Bontemps
Sans l’applaudir, il faut
Taire le défaut.
plaisantin
Quoi donc ? Pour avoir dit
Qu’une actrice en crédit
Est un pont qui mène à la finance,
On offense
Sa puissance,
On blesse celui
Qui nous sert d’appui !
Roger Bontemps
Les riches font bien
D’user de leur bien.
plaisantin
Oui, mais sur leurs travers,
Les yeux sont ouverts.
Roger Bontemps
Jaloux de leur sort,
Tels leur donnent tort,
Qui seraient fort heureux
D’avoir tort comme eux.
plaisantin

Air : Sur le pont d’Avignon

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Pour me dédommager du sort qui m’humilie,
Je veux suivre le tien.
Roger Bontemps
Que l’amitié nous lie.

Air : Jean ce sont vos rats

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Qu’une confidence
Assure ces nœuds.
Tu vois l’abondance
Régner en ces lieux.
Richard et sa femme Jeunette
Y sont au comble de leurs vœux,
Et c’est de leurs feux
Que naquit l’aimable Folette ;
De Folette enfin,
J’attends le plus heureux destin.
plaisantin

Air : Un cordelier d’une riche encolure

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D’un pareil choix toi seul était capable.
Folette est aimable,
Mais, en vérité,
C’est un enfant gâté.
Un tel hymen est un champ de Cythère.
Le propriétaire
Pense moissonner,
Et n’y fait que glaner.
Roger Bontemps

Air : Ah ! le bel oiseau, maman

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Va, cher ami Plaisantin,
Je suis sûr de sa tendresse.
On évite un tel chagrin
Quand on plaît à sa maîtresse.
Les parents m’aiment aussi,
Je compte sur leur promesse.
C’est presque avoir réussi...
Mais justement, les voici.

Scène iii

Richard, Jeunette, Roger Bontemps, Plaisantin

richard

Air : Belle Lisette


Oui, ma petite,
Chaque jour mon feu s’irrite :
Le temps n’affaiblit pas
Ni mon amour, ni vos appâts.
jeunette
Oui-dà,
Comme il y va,
Et comme on le croira !
richard
Toujours jeune et toujours belle,
Vous m’êtes toujours nouvelle.
jeunette
Oui, mais je suis votre femme,
Ce titre vieillit la flamme.
richard
Chaque instant prouve...
jeunette
Bon !
Vous êtes mon mignon,
Un peu gascon.
richard

Air : Une faveur, Lisette

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Tous les jours sont des fêtes.
Roger Bontemps
Nous en jouissons tous.
jeunette
De ce côté vous êtes
Un fort galant époux.
richard
Mes soins, ma complaisance...
jeunette
Pour ceci, je le sais.
plaisantin
Il fait grande dépense.
jeunette
Et trop, et pas assez.
richard, aux danseurs

Air : Tout est permis en carnaval


Que mon amour, en ce moment,
Par vos pas se caractérise.
jeunette
Le joli dédommagement
Pour une femme bien éprise !
Un époux court bien des hasards
Quand son feu se borne aux égards.
On danse.

Scène iv

Richard, Jeunette, Roger Bontemps, Plaisantin, Folette

folette, interrompant le divertissement

Air : Tambourin de Polymnie


Que votre allégresse
Cesse.
Que tout disparaisse !
Quoi ! sauter
Sans m’inviter ?
richard
Ma fille...
folette
Eh non, non, mon père !
jeunette
Mon enfant,
Écoute un instant.
folette
Oh ! je suis sourde ma mère.
plaisantin
L’heureux caractère !
folette
Mais, mais quoi !
Danser sans moi ?
jeunette
Eh bien, que l’on les congédie.
folette
Est-il flatteur que l’on m’oublie ?
richard, aux danseurs
Oui, sortez.
folette
Non, non, restez !
richard et jeunette, ensemble

Air : Comme v’là qu’est fait

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Quel enfant !
folette
Si, grâce à l’usage,
Je dois la vie à votre amour,
Je suis de même qu’un ouvrage
Qu’un auteur vient de mettre au jour.
S’il déplaît, on blâme le père,
Partout on l’approuve s’il plaît.
De l’une ou de l’autre manière,
Soyez bien ou mal satisfaits,
Qu’est-c’que ça m’fait ?
Qu’est-c’que ça m’fait ?

Air : Alarmez-vous, je ne m’en soucie guère


Mais vous pouvez, si cela vous offense,
Vous retirer.
richard et jeunette, ensemble
Là, ne te fâche pas,
Tiens, nous sortons.
folette
Non, votre obéissance
Me fait plaisir, revenez sur vos pas.
jeunette

Air : Parsembleu, Monsieur le curé


Mais, mais, les droits qu’ici tu prends
Devraient le céder aux nôtres.
folette
Mais, mais, enfin, je suis chez mes parents,
Que n’allez-vous chez les vôtres ?
richard, à Roger Bontemps

Air : Menuet de Grandval


De son bizarre caractère,
Mon cher, connaissez tout le faux.
Roger Bontemps
Ignorez-vous que l’art de plaire
Jette un voile sur les défauts ?

folette

Air : Petit-maître sans cervelle


Quand une femme est jolie,
Tout en elle est séducteur,
Tout en elle est séducteur.
De servir sa fantaisie,
Tout homme se fait honneur.
J’aime une volage humeur,
J’aime une volage humeur,
À la folie,
À la folie,
J’aime une volage humeur,
J’aime une volage humeur.
Quand une femme est jolie,
Tout en elle est séducteur,
Tout en elle est séducteur.
Caprice, minauderie,
Air ennuyé, ton d’aigreur,
Forment son pouvoir vainqueur.
La vaine philosophie
Vaut-elle l’étourderie ?
Vive une volage humeur !
C’est ma folie,
C’est ma folie.
Oui, quand une femme est jolie,
Tout en elle est séducteur.
Oui quand une femme est jolie,
Tout en elle est séducteur.
Roger Bontemps

Air : Toujours va qui danse


J’aime Folette, et vous savez
Quelle est notre intelligence.
Au nom d’elle-même achevez
Ce que son goût commence.
richard et jeunette, ensemble
Oui, nous consentons à cela.
Roger Bontemps
Quelle douce alliance !
folette, emmenant les danseurs avec elle
Ta la, la, la, la, la, la, la,
Poursuivez votre danse.

Scène v

Richard, Jeunette, Roger Bontemps, Plaisantin

Roger Bontemps

Air : De tous les capucins du monde

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Informations sur cet air

Belle Folette... Elle m’échappe.
plaisantin
Un si charmant accord me frappe.
Roger Bontemps, aux parents
C’est que de votre aveu flatteur
Sa pudeur se trouve interdite.
plaisantin
Oui, l’on voit bien que sa pudeur
Sait à propos prendre la fuite.
richard

Air : Tu croyais, en aimant Colette

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Informations sur cet air

Soyez certain de sa tendresse,
Nous allons la déterminer.
plaisantin
J’y veux joindre aussi mon adresse.
jeunette
Nos soins vont vous la ramener.
Ils sortent.

Scène vi

Roger Bontemps, Plaisantin

plaisantin

Air : Je me levai sans chandelle


Tu nommes donc cela du retour ?
Roger Bontemps
Passons-lui cette malice.
Mais crois qu’avant la fin du jour...
plaisantin
Tu prendras en bénéfice
Les petits écarts dont l’amour
Paye l’intérêt au caprice.
Il sort.

Scène vii

Roger Bontemps seul

Roger Bontemps

Air : L’oiseau royal


Oui, ma chaîne
Exempte de peine,
Pour toujours
M’annonce d’heureux jours.
Tu peux croire,
Bacchus, que ta gloire,
Ne se ternit point par mes amours.
Loin que je t’oublie,
Mon ardeur publie
Que sans toi l’amant
Craint le tourment.
J’avouerai de même
Qu’un buveur, s’il n’aime,
Perd, dans son erreur,
La moitié du bonheur.
Oui, ma chaîne
Exempte de peine,
Pour toujours
M’annonce d’heureux jours.
Tu peux croire,
Bacchus, que ta gloire,
Ne se ternit point par mes amours.

Scène viii

Roger Bontemps, Folette

Roger Bontemps, sans voir Folette

Air : Je suis philosophe, moi


C’est aujourd’hui que l’objet qui m’engage
Doit me donner sa foi.
Un doux hymen est enfin mon partage.
folette, l’ayant écouté
Pas encore.
Roger Bontemps
Et pourquoi ?
Lorsqu’à ce nœud votre cœur même aspire,
Qui pourrait nous nuire ?
folette
Moi.
Roger Bontemps
Bon ! Vous voulez rire !

Air : Eh ! riez donc


D’un pouvoir absolu,
Quand vos parents, ma chère,
Veulent...
folette
S’ils l’ont voulu,
Moi, je veux le contraire.
Mais, voyez, voyez-donc,
Est-ce là leur affaire ?
Roger Bontemps
Mais daignez, daignez donc
Prononcer oui.
folette
Non.
Roger Bontemps

Air : Savez-vous bien, jeune tendron


Sans vous offenser, pourrait-on
Savoir d’où vient cette injustice ?
folette
Quand un amant plaît sans raison,
On peut le changer par caprice.
Roger Bontemps
Quoi ? me faire un pareil aveu ?
folette
Pour me prouver votre beau feu,
Criez un peu,
Pestez un peu.
Roger Bontemps
Dieux !
folette
Bon !
Roger Bontemps
Ciel !
folette
Bon, encore un peu.
Roger Bontemps

Air : Le seigneur turc a raison

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Informations sur cet air

Je saurai me délivrer
D’un tendre martyre.
Soupirant.
folette, avec malice
Je vous entend soupirer.
Roger Bontemps, riant
Oh ! Cela vous plaît à dire.
folette, tendrement
Tout m’engage à désirer...
Roger Bontemps, avec transport
Et quoi ?
folette, riant
De vous voir pleurer
Pour m’exciter à rire.
Roger Bontemps, piqué

Air : Vous boudez


Moi, pleurer !
Soupirer !
Non, ma chère,
Et malgré tous vos appâts,
Vous ne jouirez pas
De l’honneur d’être fière.
folette, le raillant
Un amant
Est charmant
Quand ses larmes,
Que l’amour sait préparer,
Coulent pour honorer
Nos charmes.
Déjà son feu nous transporte.
Roger Bontemps
Moi ? non, le diable m’emporte !
folette
Vous jurez ;
Vous irez
À l’insulte.
Roger Bontemps
Mon mépris...
folette
C’est fort bien dit.
De ce mot le dépit
Résulte.
Le chagrin
Dans le vin
Peut s’éteindre.
Roger Bontemps, d’un rire d’indignation
Oh ! Vous n’avez pas besoin
De m’indiquer ce soin.
folette, ironiquement
Il est pourtant à plaindre.
Roger Bontemps
Vous riez,
Vous croyez
Que j’enrage.
À part.
J’enrage aussi ! dieux ! quel sort !
Fait-on, si près du port
Naufrage ?
folette

Air : Par ma foi, l’eau me vient à la bouche


Convenez que je suis adorable.
Roger Bontemps
À tel point que je brise mes fers.
folette
Vous allez devenir raisonnable.
Roger Bontemps
Oui, grâces à vos petits travers.
folette
Eh ! Mais je suis donc bien coupable ?
Roger Bontemps, affectant de la gaieté
C’est Bacchus qu’à présent je sers.
folette, à part
De me quitter serait-il capable ?
Regagnons tous les droits que je perds.
Le caressant avec minauderie.

Air : Oui, vous êtes charmante


Pardonnez cette adresse
À l’amour qui me blesse,
Même à votre tendresse
Que j’éprouvais par là.
Roger Bontemps, ému
Ah ! calmez vos alarmes,
Ma raison rend les armes.
Va, j’adore tes charmes.
folette, se moquant de lui
Oui-dà, Monsieur, oui-dà !
Vous m’adorez ? Hé bien, on vous laisse là,
Là.
Roger Bontemps, furieux

Air : De quoi vous plaignez-vous

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Informations sur cet air

Oh ma foi, pour le coup,
Pour vous je ne veux plus vivre.
Oh ma foi, pour le coup...
folette, gaiement
Vous m’affligez beaucoup.
Roger Bontemps
À quels maux elle me livre !
Ne me résistez donc plus.
folette, le laissant
Je vous exhorte à suivre
L’étendard de Bacchus.

Scène ix

Roger Bontemps seul

Roger Bontemps

Air : Fanchon, as-tu peur que je te touche


Oh ! Parbleu, je ne suis pas si dupe
Que de m’offenser de sa rigueur.
Tandis qu’elle suit le caprice qui l’occupe,
Charmante liqueur,
Viens, et règne dans mon cœur.
Non, parbleu, je ne suis pas si dupe
Que de m’offenser de sa rigueur.
Amant qu’une belle a quitté,
Sachez qu’elle-même vous venge.
Elle vous rend la liberté,
N’est-ce donc pas gagner au change ?
Sans s’attacher,
On peut chercher
Un objet qui nous arrange,
D’autant qu’à présent
On les prend
Sur le pied d’un appartement.

Scène x

Roger Bontemps, Plaisantin

plaisantin

Air : Tout roule aujourd’hui dans le monde


Hé bien, épouses-tu Folette ?
Roger Bontemps
Je compte ne la plus revoir.
plaisantin
Pour te ramener la poulette,
Il faut jouer le désespoir.
Roger Bontemps
Moi, feindre une douleur pareille ?
plaisantin
En ton nom je ferai ce tour.
Roger Bontemps
Soit et, pendant ce temps,
Je vais, au profit de la treille
Économiser sur l’amour.
Il sort.

Scène xi

Plaisantin seul

plaisantin

Air : Que chacun de nous se livre


Avec une telle folle,
Le plus sûr est de ruser.
Mon ami me laisse un rôle
Dont je prétends m’amuser.
Ses intérêts sont les nôtres,
Et selon ce que je croi,
Parler en faveur des autres,
C’est dire du bien de soi.

Scène xii

Plaisantin, Folette

folette

Air : Mais comment ses yeux sont humides


Ah ! Bonjour !
plaisantin
Pouvez-vous, cruelle,
Désoler un amant fidèle ?
Folette rit.
Oui, riez encor de ses maux.
folette
Ah ! voyons, faites-m’en la liste.
plaisantin
Roger Bontemps est aussi triste
Qu’un seigneur qui perd le repos,
Parce qu’un autre a des chevaux
Plus estimés dans leur allure
Que ceux qui traînent sa voiture.
Un auteur chagrin à l’excès
De voir qu’un autre a du succès,
Une actrice qui n’est maussade
Que parce que sa camarade
L’efface par ses diamants,
Ne souffre pas plus de tourments.
Enfin, il est, le pauvre diable
Aussi défait qu’un agréable
Qui, quelque temps, s’est absenté,
Par intérêt pour sa santé.

Air :


Oui, la peine qu’il a soufferte
L’expose à perdre la raison.
folette
Ah ! Voyez donc la grande perte !
Son règne n’est plus de saison.
Qui cesse d’être raisonnable
Est bientôt un homme élégant,
Courant,
Jouant,
Papillonnant,
Se ruinant
Pour paraître galant.
Il suit les lois d’une folie aimable
Qui d’un travers fait toujours un talent.
plaisantin

Air : Tu croyais, en aimant Colette

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Ma foi, sa folie est extrême.
folette
Folie et bonheur ne font qu’un.
Hé ! Seriez-vous heureux vous-même
Si vous aviez le sens commun ?
plaisantin

Air : Quand on est sûr de plaire


Vous êtes fort sincère,
Et je vais aussi l’être à mon tour ;
N’est-ce point vous déplaire ?
folette
Non, parlez sans détour.
plaisantin
Vous vous croyez charmante...
folette
Mais à votre avis, que suis-je donc ?
plaisantin
Et que l’on se lamente
Pour vous.
folette
Mais oui.
plaisantin
Mais non.
folette
J’aime quand on plaisante...
L’ironie est assez de mon goût.
plaisantin
Pour la rendre amusante,
Écoutez jusqu’au bout.

Air : Par-là c’est m’affermir encore


Piqué de vous voir infidèle,
Sans cependant vous regretter,
Mon ami vous prend pour modèle,
Sur vous-même il veut l’emporter.
Une belle qui nous trahit
Est volage à notre profit.
Tant d’autres fers
Nous sont offerts,
Qu’il ne tient qu’à nous
De prévenir vos coups.
On manifeste l’inconstance,
Nous par les ris, vous par les pleurs.
Résitez-vous ? La médisance
Change vos refus en faveurs.
folette

Air : Sarabande

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Informations sur cet air

Oh ! Je gage
Qu’il enrage.
plaisantin
Vous perdriez.
folette
Mais enfin, je gage
Que sa fuite,
Sa conduite
Est un nouveau gage de sa foi.
D’ailleurs, s’il m’évite,
S’il me quitte,
Il en devient plus digne de moi.
plaisantin

Air : Pour toi seule, je respire


Il l’est donc plus que personne.
folette, tristement
Ah ! Quel noir chagrin m’environne ?
Quoi donc ? L’ingrat m’abandonne ?

Air : Et qu’est-ce que ça m’fait, à moi


Gaiement.
Hé, qu’est-c’que ça m’fait à moi ?
Par ma foi, je suis bien bonne !
Et qu’est-c’que ça m’fait à moi ?

Air : Boire à son tour

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Informations sur cet air

Sérieusement.
Cela me fait beaucoup,
Il y va de ma gloire.
Ô Ciel, quel cruel coup !
Non, je ne puis le croire.

Air : Ma commère, quand je danse

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Informations sur cet air

Follement.
Mais, au surplus, je m’en moque.
Mon cher, je m’en passerai.
Je danserai,
Je chanterai,
De votre avis, en honneur, je vous sais bon gré.
plaisantin
Puisqu’en rien il ne vous choque...
folette, furieuse

Air : J’ai deux amants, vous me les enlevez


Qui vous a dit qu’il ne me choquait pas ?
Cruel ami d’un ingrat qui m’outrage !
Qui vous a dit qu’il ne me choquait pas ?
plaisantin
Ah ! Quel esprit !
folette
Mépriser mes appâts !
Je le déteste.
Il ne me retse
Qu’à modérer ces vifs transports.
Tendrement.
Oui, mais je l’aime
Plus que moi-même.
plaisantin
Oh ! Pour le coup elle a le diable au corps !
folette

Air : Ceci fort peu m’embarrasse


Que faut-il donc que je fasse ?
M’affliger est une erreur.
D’ailleurs, la beauté s’efface
Par les traits de la douleur.
Gaiement.
Oui, bannissons les alarmes.
Il vaut mieux perdre un amant
Que d’aller perdre des charmes
Qui nous en retrouvent cent.
plaisantin

Air : Que craindre d’un petit-maître


C’est fort bien prendre sa bisque,
La coquette ne court aucun risque.
Le volage
Qui l’engage
Ne prétend
Que la tromper autant.
folette, ironiquement

Air : Que je regrette mon amant

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Informations sur cet air

Vous me plaisez infiniment.
J’aime que l’on me contrarie.
Souvent un tendre attachement
S’annonce par la raillerie.
Vous critiquez,
Me choquez,
Me piquez,
M’obsédez,
M’excédez,
Variez,
M’ennuyez
Trés joliment.
Lui faisant une grande révérence.
Je vous en fais mon compliment.
De même, lorsqu’elle est prête à rentrer.
Je vous en fais mon compliment.

Scène xiii

Plaisantin seul

plaisantin

Air : Enfin, v’là qu’est donc bâclé


Heureux qui possèdera
Une pareille cervelle.
S’il n’est point fou, il pourra
Le paraître bientôt plus qu’elle.

Scène xiv

Plaisantin, Roger Bontemps

plaisantin
As-tu ralenti tes feux ?
Roger Bontemps
Je suis encor plus amoureux.
plaisantin

Air : Ah ! c’est une merveille


N’y pense plus, pour ton repos.
Roger Bontemps
Mon cher, elle a les yeux si beaux !
Son esprit, son ton, ses propos...
plaisantin, le raillant
Ah ! C’est une merveille !
Fuis sa loi.
Roger Bontemps
Mais pourquoi ?
plaisantin
Ah ! Je te le conseille.
Roger Bontemps

Air : Je reviendrai demain au soir

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Informations sur cet air

De notre hymen, depuis longtemps
J’ai fait tous les présents.
plaisantin
Par reconnaissance, on verra
Ceux qu’elle te fera.
Roger Bontemps

Air : C’pendant, pourtant, ça m’fait souffrir


Finis.
plaisantin
J’ai su toucher son cœur.
Roger Bontemps
Qui, toi ?
plaisantin
N’en montre point d’humeur.
Que ce revers serve à t’instruire.
Fille qui cherche à voltiger
Est aussi facile à séduire
Qu’elle est prompte à se dégager.
Roger Bontemps

Air : Ton joli, belle meunière

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Informations sur cet air

Ciel !
plaisantin
Cette plainte frivole
Ne te sert à rien.
Qu’un autre nœud te console
De rompre le tien.
Roger Bontemps
De trop faciles conquêtes
Me vengeraient mal.
plaisantin
Il en est de fort honnêtes
Au Palais Royal.

Air : Pour la baronne

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Informations sur cet air

Je vais m’y rendre.
Hé ! Viens-y toi-même un moment.
Rien qu’au coup d’œil tu pourras prendre
Des arrhes sur le sentiment.
Je vais m’y rendre.

Scène xv

Roger Bontemps

Roger Bontemps

Air : De tous les capucins du monde

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Informations sur cet air

Le suivrai-je ? ... Non, c’est un traître.
Lui ? Point du tout ; ce n’est point l’être
D’accepter un cœur qui se rend.
C’est la faute de ma friponne.
Car jamais un homme ne prend
Que ce qu’une femme lui donne.

Scène xvi

Folette, Roger Bontemps

folette, à part

Air : Je suis Madelon Friquet

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Informations sur cet air

Mon amant m’aime toujours,
J’en ai des preuves
Toutes neuves :
Il a tenu des discours
Qui m’assurent de ses amours.
folette, à Roger Bontemps

Air : Et j’y pris bien du plaisir

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Écouter (midi) Voir la partition Informations sur cet air

Les plaintes de ma famille
Sont donc l’effet de vos feux ?
Mes chers parents pour leur fille
Me renoncent tous les deux.
Après cette bonne scène
Dont s’amusait mon loisir,
Détaillez-moi votre peine,
J’y prendrai bien du plaisir.
Roger Bontemps

Air : Du haut en bas

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Informations sur cet air

N’en doutez point,
Ils vengent l’amour qu’on outrage,
N’en doutez point.
folette
Je le sais, mais laissons ce point.
Quoi ! Malgré mon humeur volage,
Vous me rendez encore hommage ?
Roger Bontemps
N’en doutez point.

Air : Du talent de Lucas


Dans un souper divin,
Le plus excellent vin
Coule et brille en vain.
Ton amant, loin de toi
Est gai de sang-froid,
Et devient ennuyant
En riant.
folette
Pour orner le repas,
Les plus doux appâts
Ne vous manquent pas.
Roger Bontemps
On a quelquefois
De jolis minois,
Sous prétexte d’entendre leurs voix.
folette
De petits beaux esprits
Annoncés et produits
Pour briller aux fruits.
Roger Bontemps
En vain les mots couverts
Étayaient leurs vers.
Cela ne vaut, ma foi,
Rien sans toi.
folette

Air : Hélas ! maman


La préférence en vérité me flatte.
Vos plaisirs sont par elle précédés.
Roger Bontemps
Morbleu ! Faut-il les quitter pour une ingrate ?
folette
Pour varier, à la fin vous me cédez.
Roger Bontemps
En te grondant, mon tendre amour éclate.
folette
C’est suivre en tout l’ordre des procédés.
Roger Bontemps
Menuet

Air : Jéroboam d’Ispahan


Rappelle-toi
Que ta foi,
Par mille raisons doit être à moi.
folette
Je voudrais voir
Que vous osâssiez en avoir.
Roger Bontemps
J’ai tout un carnaval
Pour te suivre au bal,
Sous vingt Domino
Fait vingt quiproquo,
Au risque souvent
D’offenser un objet décent.
folette, piquée
Décent ?... vous êtes un sot,
Et vous me paierez bien cher ce mot !
Roger Bontemps
De grâce, point de courroux.
Par ce mot j’entends une femme moins vive que vous.
folette
Vos boucles, vos bracelets,
Vos billets
Sont en mon pouvoir, mais...
Roger Bontemps
Qui, moi ? je les reprendrai !
folette
Je vous quitte mon cher, et je les garderai.
Roger Bontemps
Ces glaces retraçant ton image,
Mille fois témoins de nos accords,
Répétaient nos transports.
folette
Quel dommage
Qu’un aussi rare hommage
En reste là !
Roger Bontemps
Ici, volage,
Ton cœur se troubla,
Ta fierté s’envola.
Ces glaces retraçant ton image,
Mille fois témoins de nos accords,
Répétaient nos transports.
folette

Air : Pan, pan, la poudre prend

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Votre air railleur m’avait ôté
Plus des trois quarts de ma gaieté.
Vos fades plaintes me la rendent,
Tâchez au moins qu’elles s’étendent.
Murmurez,
Quels yeux égarés !...
Roger Bontemps
Morbleu, vous me désespérez.

Air : Cette rougeur d’un aveu flatteur


Quoi ? Mon martyre...
folette, dansant
La, la, la, la, la,
La, la lire.
Roger Bontemps, la suivant
Et j’endurerai cela ?
folette
La, la, la, la, la, la, la, la.
Roger Bontemps
Daignez m’instruire.
folette
Ta, la, la, la, lire.
Roger Bontemps
Que veut donc dire...
folette
Ta, la, la, la, lire.
Roger Bontemps
M’excéder jusques-là !
folette
La, la, la, la, la, la, la, la, la.

Air : Ma commère, quand je danse

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Mais il semble, quand je danse,
Que vous avez de l’humeur.
Quoi ! d’un triste époux d’avance
Vous prenez le ton grondeur.
Roger Bontemps

Air : Buvons à nous quatre

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Ah, je romps sans peine.
folette
L’amant là-dessus
Ment bien, car notre refus
Ajoute à sa chaîne
Un chaînon de plus.bis
Roger Bontemps, gaiement

Air : Tonton, tontaine, tonton

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L’amour partageait la victoire,
Mais Bacchus seul en jouira.
folette, riant
A, a, a, a, a, a, a, a, a, a, a.
Roger Bontemps
Oh ! pour jamais de ma mémoire
Le vrai plaisir vous bannira.
folette, riant
A, a, a, a, a, a, a, a, a.
Roger Bontemps
Oh, l’on rira
Bien plus que cela !
folette
A, a, a, a, a, a, a, a, a, a, a.
Oui, l’on verra,
Comme il m’échappera.

Scène xvii

Roger Bontemps, Folette, Plaisantin

plaisantin

Air : Non, je ne ferai pas [ce qu’on veut que je fasse]

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Je t’attendais en vain.
Roger Bontemps, à Folette
Oh ! je vais vous confondre !
Voilà votre vainqueur, qu’avez-vous à répondre ?
folette
Qui, lui ?
plaisantin
Je plaisantais !
folette
Mais tout en plaisantant,
Monsieur Plaisantin est un fort mauvais plaisant.
Roger Bontemps

Air : De tous les capucins du monde

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Quoi donc ! tu cherchais à me nuire ?
folette
Mais, Monsieur, dans l’art de médire
N’est pas le seul original.
Bien des fats de ce caractère
D’une femme disent du mal,
Parce qu’elle n’en veut point faire.
plaisantin

Air : Des découpures


Pour mieux irriter son désir,
Et servir le vôtre,
Je vous trompais l’un et l’autre.

Scène xviii

Folette, Richard, Jeunette, Plaisantin, Roger Bontemps

jeunette

Suite de l’air : Des découpures


Renoncez à votre désir.
richard
Nous brisons des nœuds que fuirait le plaisir.
folette
Pourquoi donc ? Pourquoi donc ?
jeunette
Pour être heureux,
Loin de vous, ma mie,
Il faut qu’il passe sa vie.
richard
Avec lui, point d’hymen.
jeunette
Tels sont nos vœux.
folette
Vous ne voulez point ?
richard et jeunette, ensemble
Non.
folette
Et moi je le veux.

Air : Lon la

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Si vous refusiez cela,
J’entrerais à l’Opéra.
richard
Toi ?
folette
Soyez instruit
Du sort dont jouit
Une Nymphe lyrique,
Jugez-en par celui qu’on a
À l’Opéra-Comiqu’, lon la,
À l’Opéra-Comique.

Air : Ma chère Ursule


Une jeune danseuse,
Une aimable chanteuse
Parmi les spectateurs
Trouvent des amateurs
Qui, pour mieux les encourager,
Veulent les protéger.
Un petit minois qui plaît
Fait valoir le couplet.
En sortant, le suffrage la reconduit,
De loin le cœur la suit,
Elle séduit.
Voici le fruit
Que son talent, à la fin a produit.
Un sémillant petit-maître
Dit, en la persiflant :
Vous êtes fort bonne à connaître,
Votre voix a du brillant.
En honneur,
En honneur,
Je vous aime à la fureur,
À la fureur,
À la fureur.
Plus loin un financier,
Pour vous apprécier
Pousse un soupir et vous remontre
Qu’un compliment ne vaut pas une montre.
Quand un abbé badin,
La lorgnette à la main,
Sur le dessein mettant l’enchère,
Tout bas vient vous dire : Ma chère,
Écoutez,
Écoutez,
Savez-vous que vous m’enchantez ?
Un robin s’avance,
Nouvelle cour,
Nouvelle assurance
D’un fol amour.
De son éloquence
Voici le tour :
Soupons-nous ? Soupons-nous ?
Oh, dieux ! Quels aimables foux !
Que ferions-nous sans eux tous ?
richard

Air : Nous sommes précepteurs

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Ses défauts braveront vos soins,
Avec des défauts, on est sage.
Celles qui les montrent le moins
En ont souvent fort davantage.

Air : Vive incartade


J’aime Folette,
Elle est coquette.
plaisantin
Avec des appâts,
Qui diable ne l’est pas ?
Quoique méchante,
Elle m’enchante.
folette
Moi, méchante ?
Oh, non !
Rien n’est si bon.
Si je suis boudeuse,
Si je suis railleuse,
Je suis quelquefois vertueuse.
Roger Bontemps
Quelquefois me paraît fort bien dit.
Qui, par intervalle,
Est vestale,
L’est souvent à crédit.
Mais j’aime Folette,
Je le répète.
richard et jeunette, ensemble
Comme elle voudra.
folette
Ah ! Bon cela.

Air : Le tout par nature


C’est où je vous attendais.
Pour remplir tous ses souhaits,
Notre sexe triomphant,
Malgré qu’on en murmure,
Aime ce qu’on lui défend,
Le tout par nature.
Fin

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